Le Canada, patrie du sirop d’érable, des caribous, et malheureusement de Céline Dion, abrite également le prolifique beatmaker Kevin Celestin a.k.a. Kaytranada, 21 ans, originaire d’Haïti et francophone. L’homme qui se revendique actuellement du genre « black soul mothafucka ! », avec trois Boiler Room au compteur l’an passé et une panoplie de remix (Janet Jackson, Banks, Common, Busta Rhymes, Robin Thicke, Azealia Banks, Jill Scott, Missy Elliott, Nelly Furtado, Danny Brown… pour ne citer qu’eux) compte bien revenir de plus belle en 2014 avec un album Kaytrathomas et une tournée qui le mènera de l’Holy Ship au Social Club en passant par Melbourne, Australie.

100 000. C’est le nombre (un peu exagéré) de beats que Kaytranada (ex-Kaytradamus, trop ressemblant à Flosstradamus) dit avoir produit depuis ses 15 ans. Comme tout beatmaker de l’époque « post-vinyle pré-soundcloud » qui se respecte, Kaytra fouille et triture le web à la recherche du sample parfait, pour en extraire l’essence et y ajouter sa formule magique, créant un son reconnaissable entre mille. Approché par son compatriote Drake pour la conception de son dernier album Nothing Was The Same, le projet n’aboutira finalement pas (au grand dam de Drizzy). Officiellement chez HW&W (Huh, What & Where, basé à Los Angeles) le producteur a sorti en Juin dernier un mini-EP sur le label du rémois Brodinski, Bromance Records, dans le pur style électro tendance néo hip-hop.

Si le mot « trap » vient à l’esprit du néophyte écoutant Kaytranada pour la première fois, la réalité musicale est bien plus complexe. Samples funk, soul, hip-hop, house et R&B s’entremêle à une ligne de basse singulièrement rebondissante, véritable ADN des morceaux du jeune québécois, facilement repérable sur le désormais planétaire remix If de Janet Jackson ou Be Your Girl de Teedra Moses. La légende dit même que la soeur Jackson aurait entendu et apprécié le morceau…Si vous voulez donc parier sur un futur champion, misez vos dollars canadiens sur Kaytranada, les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes, tabarnak !

Par Roméo Husquin