Depuis la fin des années 90, le Net art désigne les créations interactives conçues par, pour et avec l’Internet. Par opposition aux formes d’art plus tradi’ transférées sur le réseau, des galeries virtuelles et des revues électroniques se consacrent à cet art naissant. L’originalité d’Internet tient à ce qu’il propose simultanément un support, un outil et un environnement créatif. Une démarche avant gardiste et expérimentale qui énonce la possibilité de créer de l’art, du beau avec un ordinateur -une machine. De plus, c’est une tendance qui flirte clairement avec la dimension éphémère d’Internet. Art flottant, il descend des idéologies contre-culturelles, celles qui cherchaient, par le biais de communautés marginales, à créer des espaces libres, hors du monde et du pouvoir institutionnel. 

Givenchy A-H13 / Peter Pilotto PE13 / Emma Mulholland PE13
Givenchy A-H13 / Peter Pilotto PE13 / Emma Mulholland PE13

 Alors que la mode souffre d’une fâcheuse disposition à la standardisation, ses précurseurs se dirigent peu à peu vers des tendances issues de contre-cultures. Vaste courant qui englobe l’héritage d’une beat generation contestataire qui a conduit aux révoltes de la jeunesse, le Net Art s’impose alors tel qu’un mouvement alternatif. Si on interprète aisément ses motifs comme une référence nostalgique des années 90, on n’a pas tord. En effet, le mouvement s’inspire des débuts d’Internet. Mais ne pas s’y méprendre, il développe une esthétique à part entière qui ne cesse d’évoluer et de surprendre par sa modernité radicale. « Cette esthétique internet dont nous nous réclamons, elle n’est pas nostalgique, et c’est ce qui fait peur aux gens. La plupart des marques de luxe se leurrent lorsqu’elle assimilent luxe et nostalgie », expliquent Jack McCollough et Lazaro Hernandez. Le duo new-yorkais derrière Proenza Schouler interpretent le Net Art depuis plusieurs saisons. Des imprimés , et coupes graphiques mis en scene par Harmony Korine ou David Sims dans des videos YouTube gorgées de gifs de Jeannette Hayes. 

Des créations marquées de psychédélisme, évoquant la notion de voyage cosmique, que l’on retrouve chez une vague de jeunes créateurs. Roberto Piqueras par exemple, navigue entre paillettes et sportwear. A travers des leggings, t-shirts XXL, le créateur travaille la décontraction décalée; jouant avec le kitsch et le cheap. Coloris flashy, motifs tuning, chaines empruntées au vestiaire Hip-Hop : des collections désinvoltes, avec  un mauvais gout provoquant. En attendant de la voir s’incruster dans les grands magasins, ces créateurs continuent de tracer les contours de cette mode dont on exploite les possibilités d’un art naissant. 

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