Une virée mensuelle hors de la capitale ne fait jamais de tort. Encore moins quand il s’agit de faire un saut à Toulouse pour assister au festival des arts numériques, La Novela. Comme son nom le suggère, ce festival a pour but de mettre en avant les expressions artistiques nouvelles et émergentes. Parmi tous ceux proposés, nous nous sommes penchés sur un événement en particulier : le « battle numérique ». 

Par Paul Belgram

Quoi de mieux qu’un bon versus de Vijeurs pour commencer une soirée. Concentrés autour de son matériel, le tandem dévoile un mélange subtil de vidéo, bons sons et animations visuelles avec brio et emporte le spectateur posé dans une transe légère. Une recherche d’images poussée et un travail pointu sur la 3D créent une harmonie à la fois esthétique et intrigante, et… aussi surprenant que cela puisse paraître dans le Vijing, un bon esprit comique. 

Une fois la performance terminée, on part à la rencontre du duo Peter & Steven qui nous a littéralement séduits, afin d’en savoir un peu plus sur sa pratique audiovisuelle qui fleure bon le revival des années 50 à 80, avec une dose intéressante de psychédélisme nouvelle génération.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, présentez-vous en quelques mots… 

P & S : Nous travaillons autour des nouvelles formes vidéo, par le biais du Vjing et du Vidéo Mapping principalement. Ce qu’il y a d’intéressant dans le Vjing, c’est qu’il s’agit d’une performance : un montage d’images en direct. C’est cette dimension qui nous a plu. Notre première fois remonte à juin 2011, avec notre collectif Vagina Dentata.

Avec toutes ces nouvelles technologies, votre choix d’images vintage, voire kitsch des années 50 et 80 semblent paradoxal. Les influences de la mode d’aujourd’hui seraient un clin d’œil à ces décennies passées? 

P & S : Le kitsch qu’on retrouve dans la mode c’est surtout un doigt d’honneur à la hype berlinoise, qui consiste en un joli dégradé de couleurs froides entremêlées d’imagerie de loup minimal. Mais c’est vrai que le kitsch aujourd’hui est devenu une autre valeur refuge de la hype.

Le mixage des images et de la 3D laisse transparaitre des influences psychédéliques et fait penser aux premiers pas de l’électro en Europe…

P & S : En tant que montage d’images en direct, le Vjing joue énormément sur des effets de sens et de reconnaissance. Le jeu autour des références à la culture populaire est donc très présent. Les années 80-90 sont celles dont nous sommes directement issus. Par conséquent, cette période est très représentée dans nos sets. Pour ce qui est du psychédélisme, on n’y réfléchit pas trop. Tout ce qui relève du light show se raccroche plus directement aux premiers jeux de lumières des concerts des années 60.

A côté de l’esthétisme de votre travail et son sérieux, une pointe d’humour est perceptible tant dans les images que le mixage lui-même.. Marque de prod P&S ou influences ? 

P & S : A la fin d’un set, on a vraiment envie que les gens viennent nous voir pour nous dire qu’ils ont ri. Ok c’est cool de danser sur de la minimale, mais faire rire les gens dans des soirées parisiennes, ça c’est notre véritable défi. Le rire passe par l’absurde, la déformation et encore une fois par l’émotion de voir des références de ton enfance détournées et apparaitre hors contexte. Du coup, on hésite de moins en moins à placer des gifs de code quantum en plein milieu du scopitone.

Lors de la sélection de vos images, prêtez-vous une attention particulière au style vestimentaire des personnages présents en vue d’une certaine cohérence ? 

P & S : En général, on ne se concentre pas sur l’aspect vestimentaire des personnages pour nos samples. C’est plutôt une expression, un geste ou un cadrage qu’on aura eu envie de mettre en avant. En revanche, on utilise des samples issus de films d’époques très différentes et la manière dont sont habillés les acteurs est un vecteur ultra important d’information sur l’époque, l’esthétique, la classe sociale.

Enfin, comment donner envie aux lecteurs pour qui le Vjing est encore un mystère, de venir assister à des prestations ? 

P & S : Qu’ils viennent pour se la péter devant leur « pineco » ?

Convaincus de ce petit voyage dans cette discipline en plein essor, nous vous invitons à poursuivre des recherches sur les événements VJ à venir et à jeter un œil sur le site de Peter&Steven.