Après le succès interplanétaire de leur premier album, on a voulu prendre le pouls des jeunes Vampire Weekend. Pas de grosse tête à l’horizon, seulement une hyperac- tivité qui les a poussés à enregistrer, au sortir d’un tournée gargantuesque, Contra, disque bien plus synthétique et électronique que leur précédent chef-d’œuvre sorti il y a à peine deux ans. Rencontre avec le batteur Chris Tomson et le bassiste Chris Baio.

On dit que le deuxième disque est le plus dur à enregistrer dans une carrière. Cela a été facile pour vous ?

Chris Baio : Beaucoup de choses se sont passées pendant les deux ans qui ont suivi la sortie du premier album. Cela a été assez rapide pour nous. Généralement,les groupes attendent trois ou quatre ans entre deux disques. D’ordinaire, le processus de composition met un moment à se mettre en route : tu essayes des choses, tu y réfléchis, tu passes par des hauts et des bas. Nous, on se sentait vraiment excités à l’idée de composer à nouveau.

Vous avez été en tournée pendant dix- huit mois et, seulement trois semaines après la fin de celle-ci, vous travailliez déjà sur ce nouvel album…

Chris Tomson : La tournée était géniale, mais la plupart des chansons du premier album avaient été composées il y a trois ans et l’on avait envie d’avoir de nouveaux titres.

CB : On ne voulait pas faire un gros break, la tournée ne nous avait pas rendus tarés, mais nous avait plutôt inspirés. Du coup, on s’y est mis rapidement.

En écoutant les textes, j’ai l’impression que l’album est plus romantique, plus triste que le précédent…

CB : Nous avons plus d’expérience. Pour le premier disque, on venait de sortir de l’école, alors que pour celui-là, nous avions voyagé partout dans le monde… En revenant chez nous, on voyait nos amis qui se demandaient ce qu’ils allaient faire de leurs vies, c’était assez déstabilisant. Les textes reflètent bien ce genre de situations, le doute notamment.

En opposition, les compositions sont très relevées…

CB : On l’a enregistré à New York, les chansons sont plus synthétiques, plus électroniques. On voulait poursuivre notre chemin et ne pas répéter le premier LP en jouant sur les textures, les dynamiques, les hauteurs et en expérimentant plus.

Vos compos sont définitivement influencées par les sons africains, caribéens, sud-américains. Ce sont des musiques qui vous fascinent?

CT : On adore autant la pop que les musiques du monde. Tu n’as pas à avoir étudié la musique pour aimer les percussions africaines. Pour nous, ce sont juste des éléments que l’on intègre à la pop.

Pour beaucoup de groupes, vous êtes rapidement devenus une référence…

CB : Je ne me sens pas dans cette position. Je ne me dis pas : « Eh, ils essayent de nous copier ! ». On n’est pas une propriété privée, si les gens écoutent notre musique et qu’ils décident de monter un groupe parce qu’on les a inspirés, c’est la chose la plus flatteuse qui soit.

Vous pouvez nous parler de New-York, votre ville d’origine ? Comment la voyez-vous après avoir voyagé à travers le monde?

CB : Il y a beaucoup de groupes à New York, simplement parce que c’est une ville gigantesque. Il y a énormément de médias, c’est très énergique. Les gens musicalement branchés s’y installent… Mais, il ne faut pas croire qu’à New York tu passes ton temps au bar avec tous les groupes cool, en train de boire des bières et de discuter création!

Vous vous souvenez du moment où vous vous êtes rendu compte que vous deveniez vraiment connu?

CB : Je ne me sens pas célèbre, ce n’est pas du genre « quand je marche dans la rue, on me saute dessus ». Mais quand on a joué à Glastonbury l’année dernière devant 40 000 personnes, c’était le genre de moment où tu te dis : «ça, je m’en souviendrai toute ma vie!».

Vous n’étiez jamais nerveux avant de monter sur ces énormes scènes pendant la tournée?

CB : Non, plutôt avant les shows télé. C’est un environnement tellement bizarre ! C’est plus dur qu’en festival : tu es dans ta loge en train de regarder ces gens sur le plateau qui n’ont rien à voir avec toi. Puis l’on vient te chercher en te disant : «Ok les gars, c’est maintenant!». C’est plutôt stressant, alors qu’un concert, c’est excitant.

Quelle est la rock star la plus élégante selon vous?

CB : Charlie Watts des Rolling Stones. Il est très straight, il a eu la même femme pendant toute sa carrière et il est telle- ment classe ! C’est celui des Stones qui vieillit le mieux, avec beaucoup de grâce.

Propos recueillis par Guillaume Cohonner
Photo : Daniel Tedeschi
Vampire Weekend,
Contra (XL/Beggars)
www.myspace.com/vampireweekend