Uffie c’est un peu la Gossip Girl de l’électro parisienne : on l’aime, on l’envie, et, forcément, elle énerve aussi ! En décembre 2007, en bonne party girl, elle fêtait son anniversaire chez Maxim’s avec son complice de la première heure DJ Feadz, chantant pieds nus devant un parterre du Who’s Who de la mode et du Paris branché, en scandant son fameux refrain : « Pop the glock / The glock you pop / If you outta line its you ill bang pop », et l’histoire était déjà en marche… 

C’est ton vrai nom, Uffie ?
C’est comme cela que mon papa m’appelait, sur- tout quand j’avais fait une bêtise !

Tu es de Miami : comment as-tu atterri à Paris ?
Je suis venue rendre visite à mon père ici, il y a maintenant sept ans : j’ai adoré la ville, l’énergie, les gens, et je ne suis jamais repartie !

Avant même qu’on te connaisse pour ta musique tu étais déjà dans les milieux «mode»…
J’aime bien les gens créatifs, un peu fous. Je n’ai pas vraiment cherché à intégrer ce monde, mais je pense que j’avais une certaine attitude qui, à un moment, a plu.

On te connaît dans un style particulier, entre pop et électro, mais quelles sont tes influences musicales ?
Ça va du rap de Missy Elliott à Siouxie and the Banshees, de la musique commerciale à des choses plus indie ou underground… J’ai écouté une foule de choses différentes quand j’étais adolescente. Une vraie boulimique de sons ! Je crois que ça a forgé mon goût pour le mélange des genres.

Tu savais que tu allais faire de la musique ?
Pas du tout ! Au début, j’étais surtout intéressée par les soirées, le bon son, les DJ…

Et ta rencontre avec DJ Feadz?
Comme je sortais pas mal, je l’ai rencontré par hasard et il m’a fait écouter ses instrumentaux. On a fait un essai pour le fun et ça a donné « Pop the Glock » ! Après, les choses se sont un peu emballées malgré moi ! Mais c’était fun et j’étais vraiment partante pour faire quelque chose de créatif.

Ton album Sex Dreams And Denim Jeans arrive pourtant seulement quatre ans plus tard…
Comme j’avais fait mon premier titre si facilement, je ne comprenais pas comment et pourquoi la réalisation d’un album pouvait prendre autant de temps. Je ne me rendais pas compte de la masse de travail que cela représentait. Mais, déjà, j’avais en tête l’idée de collaborer avec divers producteurs, afin d’avoir une grande variété de sons, tout en conservant une certaine unité. Et finalement, faire ce disque m’aura pris quasiment deux ans et demi de travail !

Comment as-tu rencontré les autres intervenants sur le disque?
J’avais rencontré Quentin Dupieux, aka Mr Oizo, pour faire un autre maxi avec quatre titres, dont «Ready 2 Uff» en 2006. il m’a demandé de faire un featuring sur son album Lambs Anger en 2008 sur le titre «Steroïds». J’aime bien le son qu’il a créé et je le trouve très différent (quoique complémentaire) de celui de Feadz. Son style fait ressortir d’autres facettes de moi. Quant à SebastiAn, on se connaît bien et il fait partie du même label que moi : je voulais faire plus de titres avec lui, mais il travaillait aussi sur son album qui sort à la fin de l’année… Pour Mirwais, on s’est rencontrés dans une soirée et on a voulu travailler ensemble. 

Quand tu travailles avec un producteur  comment fonctionnes-tu?
C’est différent à chaque fois. Ça peut venir d’un simple beat, d’un riff de synthé avec un bout de mélodie, de quelques mots ou même d’une instru complète… il n’y a pas de règle.

Ta signature musicale, c’est aussi cet effet quasi constant qui est appliqué à ta voix.
Cette idée de vocoder est venue par hasard en faisant des essais en studio, ça permet de mettre encore plus de puissance sur certains mots. J’aime bien ce côté robotique.

Tu as un invité de marque sur le disque, en la personne de Pharrell Wiliams…
il y a environ trois ans à tokyo, on était là pour la soirée d’anniversaire de Ice Cream et de BBC (ses marques de fringues, ndlr) et nous avons sympathisé. J’avais un instru de Mirwais que j’ai fait écouté à Pharrel qui m’a dit qu’il ferait quelque chose dessus. Bien sûr, je ne l’ai pas cru sur le moment, mais il m’a renvoyé un couplet ensuite et j’ai trouvé ça vraiment génial. là, je reviens à peine de New York où on a terminé de tourner la vidéo sur fond vert, lui et moi, avant incrustation des effets spéciaux.

Il y a quelques mois, une autre artiste a débarqué avec grand bruit, c’est Keisha. Sur «Tik Tok », elle reprenait un peu ton style vocodé avec un flow similaire. Que penses-tu d’elle ?
Ça, c’est la question à un million de dollars (rires !). On n’arrête pas de me demander ça ! En réalité et très honnêtement, je m’en moque. Je ne suis pas un produit marqueté par une major pour être numéro 1 des charts. On ne fait pas partie du même monde et de la même tribu. Je fais juste ma musique avec des gens que j’apprécie en espérant que cela plaira.

Uffie, Sex Dreams And Denim Jeans (Ed Banger/Because Music) www.uffie.tv
www.myspace.com/uffie 

Propos recueillis par Joss Danjean
Photo Benni Valsson