Du haut de ses 23 printemps, Chaz Bundick, alias Toro Y Moi, fait la pluie et le beau temps de la chillwave, un genre de pop rêveuse et électronique, bidouillée avec peu de moyens, émergée de nulle part en 2009. Aujourd’hui, le trublion revient avec un surprenant deuxième LP baptisé Underneath The Pine, offrant un voyage cinématographique et s’extirpant, par la même occasion, du chemin emprunté il y a deux ans. Bref entretien avec le jeune homme. 

Durant l’été 2009, le mot « chillwave » a déboulé sur toutes les lèvres. Derrière ce mot, la « vague apaisante », se cache un courant de l’indie, ou plutôt une tendance manifestée par une poignée de groupes qui concoctent des effluves rêveurs, où le synthé est roi et le rythme apaisé. Ces rengaines coolantes, odes à la langueur estivale, sont boutiquées dans un même esprit do it yourself. En gros, c’est comme si la traînée Ariel Pink s’envoyait en l’air avec les drogués d’Animal Collective. Rejeton farfelu du rock, du funk, de l’électronique et du web 2.0, Chaz Bundick fut l’un des éclaireurs à sillonner cette nouvelle voie. Le jeune Américain originaire de Columbia (Caroline du Sud) a en effet marqué le coup, en 2009, avec son album inaugural Causers of This, en même temps que ses compagnons de route Washed Out, Small Black, Neon Indian et quelques autres. Une œuvre en forme d’accès direct vers l’éden de la langueur électronique, à base de samples et de rythmiques dansantes. Si le jeune homme n’a jamais renié le terme de chillwave, il s’avère qu’avec son deuxième opus, il prouve que son univers musical s’étend au-delà de ce mot devenu aujourd’hui polysémique.

Quand as-tu commencé la musique ?

J’ai commencé à composer des trucs tout seul dans mon coin à l’âge de 15 ans. Je me souviens même de ma première chanson : c’était une de ces rengaines pop punk nullardes à propos d’une fille. À la même époque, je jouais également dans un groupe adolescent. Depuis plusieurs années, je joue également au sein de deux autres formations, The Heist et The Accomplice. Espérons que le succès de Toro Y Moi joue en leur faveur…

Comment en es-tu venu à fonder Toro Y Moi ?

Le projet Toro Y Moi a commencé à partir du moment où je me suis procuré un enregistreur 4 pistes. À la base, c’est un condensé des idées que j’ai pu développer dans mes groupes parallèles. Et tout cela a progressivement évolué. 

Aujourd’hui, tu es considéré comme le « pape de la chillwave ». Tu n’en as pas marre de ce surnom ?

Ah, ah ! Non, pas du tout. Je m’en fiche complètement en fait.

Te sens-tu proche des autres artistes chillwave comme Washed Out, Neon Indian, Small Black ou Memory Tapes

Oui, bien sûr, on peut dire ça. On est tous plus ou moins amis maintenant, donc c’est vraiment chouette.

Comment comparerais-tu Underneath the Pine à ton album précédent Causers of This ?

Avec Causers of This je voulais vraiment explorer toutes les possibilités du sampling, tandis qu’avec Underneath the Pine je souhaitais faire le genre de musique que j’avais l’habitude de sampler.

Pourquoi avoir choisi de ne plus utiliser de sampler ?

En fait, j’ai toujours fait de la musique sans sampler… C’est juste que, maintenant, j’ai obtenu un contrat avec un label !

Underneath the Pine évoque à plusieurs reprises la musique électronique française. Quels sont ceux qui t’ont le plus influencé ?

Outre Daft Punk et Air, il y a surtout des compositeurs de musique de films. Je pense notamment à des artistes comme François de Roubaix et Piero Umiliani, qui ont eu une énorme influence sur ma musique.

Tes paroles sont parfois mélodramatiques (comme dans How I Know, par exemple). À quel point sont-elles autobiographiques ?

Elles le sont toutes, sans exception. Je suis totalement autographique, c’est certain. Ce qui est une bonne et une mauvaise chose…

Tu as fait des études de graphisme, et c’est toi qui réalise toutes tes pochettes. Que peux-tu dire concernant celle de Underneath the Pine ?

J’ai pris cette photo en tournée, et je me suis dit que le résultat était suffisamment captivant pour en faire la pochette de l’album. Voilà tout.

Est-ce important pour toi de garder ce côté do it yourself ?

Oui, c’est très important. Je n’aime pas ne pas avoir toutes les informations concernant ma musique et ce qui l’entoure. Je pense que c’est ce qui me déplairait le plus dans le fait de devenir important.

De quels groupes actuels te sens-tu proche ?

Sans hésiter : Weezer et At the Drive-In !

Aurons-nous la chance de te croiser à des festivals cet été ?

Absolument ! Mais je ne peux pas dire lesquels, c’est un secret…

Quels sont tes projets pour cette année ?

Continuer à travailler, à composer et à collaborer avec d’autres artistes.

Toro Y Moi, Underneath the Pine (Carpark Records/La Baleine)
www.myspace.com/toroymoi

Propos recueillis par Sébastien Jenvrin