Comment le duo se débrouille-t-il pour manier tant de sons et d’instruments à la fois sur scène, tout en y prenant du plaisir ? Il faut croire que la concentration requise n’empêche pas de s’éclater, malgré les imperfections du live avouées sans complexe. Au contraire, Katie aime être constamment à deux doigts de se tromper : cela lui provoque une montée d’adrénaline qui alimente ses prestations. D’ailleurs, hors de question pour eux d’élargir le groupe, une expérience qu’ils ont déjà tentée et détestée : « mon corps ne voulait pas donner autant que lorsqu’on est juste à deux, obligés de livrer le meilleur de nous-mêmes pour maintenir l’attention du public », confie Katie, qui préfère crier que chanter, moyen efficace d’éliminer l’énergie nerveuse dont elle déborde avant chaque concert. 

Complices et doués, les trublions à l’image soignée ne manquent pas de sens de l’humour : pour s’en convaincre il suffit de jeter un œil à leur vidéo de quarante secondes « Boom », un trip imaginé pour « dire dignement au revoir à [leur] Ghetto Blaster condamné lors d’un show », précise Jules. 

Depuis la sortie du phénomène We Started Nothing, le tandem se trimbale sur les routes. Pas d’attaches en somme : Jules se dit même satisfait que le monde soit leur maison. Un style de vie que traduit parfaitement le nouvel album Sounds From Nowheresville, imaginé, écrit et enregistré un peu partout entre Berlin, le sud de l’Espagne, New York, Paris, Londres, en studio ou dans des chambres d’hôtel. Un disque à découvrir, car s’il détient moins de hits potentiels que son prédécesseur, il se déploie avec fluidité en une suite de titres intelligemment pensés.

The Ting Tings

Sounds From Nowheresville

(Sony)

www.thetingtings.com


Par Valentine Croughs