Comment vois-tu cet album ?

Pour moi, c’est l’accomplissement de tout ce que j’ai pu faire avant. L’album est nourri de toutes mes expériences, mon enfance, mon adolescence… C’est le premier chapitre de mon histoire. Pour moi, tout mon parcours est cohérent. Que ce soit l’aventure du Pulp, Black Strobe, Siskid…  Je me suis cherché, c’est une chose, mais j’ai toujours évolué dans des univers proches, finalement.


Pour cet album, tu t’es complètement isolé…

Oui, c’était complètement aliénant finalement. Il y avait la volonté de frôler la folie quelque part. Mais j’avais besoin de concentration, c’est le parfait moyen d’être face à toi même. Tu ne peux pas tricher. Je me suis vraiment donné une rigueur. Cela a duré deux mois, dans une grande maison en pleine forêt. Il y a aussi Bruno, le cousin de Tim Paris, qui est venu me donner un coup de main. C’est quelqu’un de très brillant. C’était très agréable.


D’où te vient cette fascination pour le rythme, la danse ?

C’est marrant, parce que beaucoup de gens pensent encore que je me cache derrière cette particule : The Beat. J’ai toujours été quelqu’un qui aime le groupe, jouer en groupe, etc. C’est peut-être pas le nom le plus original, mais je n’arrive pas à l’expliquer, je suis attiré par le rythme, la transe. Au sens primal du terme, la répétition et, bien sûr, les clubs, les dancefloors. 


Il y a un côté sombre dans cet album…

J’ai toujours préféré les choses cassées, imparfaites. La laideur à la beauté… Quand tout est beau et parfait, qu’est-ce que tu veux dire d’autre ? Il n’y a rien à raconter. Le disque n’est pas volontairement sombre, mais plus romantique et mélancolique et, aussi, utopiste par moment.


Tu penses que c’est un disque que tu aurais pu faire il y a 10 ans ?

Non. J’aurais aimé, cela m’aurait permis de faire autre chose aujourd’hui. [Sourire] Mais je n’ai aucun regret. 


Sur ce disque, il y a également une chanson en français…

Oui, c’est Clotilde Floret, la chanteuse de We Are Enfant Terrible. C’est une très bonne copine à moi. On se voit souvent. La collaboration s’est faite vraiment naturellement. J’adore son groupe. Au départ, ce n’est pas ma musique de prédilection, mais ils ont une telle énergie. J’adore vraiment leurs morceaux. Vu qu’elle venait de temps en temps en studio, on a décidé de faire un essai. C’est elle qui a, aussi, écrit le texte. Elle a un grand talent d’écriture, assez girly et détaché. J’aime son côté « in your face ». 


Que retiens-tu de ton expérience avec Black Strobe, Siskid et en tant que DJ résident au Pulp ?

Les trois m’ont apporté énormément. Le Pulp a été le fil conducteur. Ces expériences m’ont nourri : Black Strobe m’a apporté l’expérience des grandes scènes, et le fait de travailler avec Arnaud Rebotini et Ivan Smagghe m’a vraiment fait mûrir, ce sont des personnes que je respecte énormément. Ils m’ont toujours soutenu. D’ailleurs, c’est grâce à Arnaud que j’ai commencé au Pulp. Il avait flashé sur un maxi que j’avais sorti, il m’a proposé une résidence au Pulp avec lui. Puis, il a voulu que je joue avec lui dans Black Strobe. Ensuite, j’ai repris la résidence de Chloé, 1 an avant sa fermeture. C’est vrai que le Pulp me manque un peu, j’ai envie d’en garder les bons souvenirs, à savoir une histoire folle. Cela m’arrive encore d’aller en club, quand quelque chose me motive, mais maintenant, je ne vais plus voir de concerts. 


Cela faisait longtemps que tu voulais faire un album ?

J’ai toujours voulu faire cela, mais je n’ai jamais eu de plan de carrière. J’ai toujours souhaité, également, jouer en groupe, mais je n’aime pas être catalogué… C’est quelque chose de très français les étiquettes, d’ailleurs. Je savais vraiment le son que je voulais. Même si j’ai accouché du disque dans la douleur, c’était hyper naturel. 


Tu te sens proche d’autres artistes ?

Quelqu’un comme Krikor est un artiste qui me touche beaucoup. Je trouve qu’il mérite plus de reconnaissance. Je le connais bien et j’adore son travail sur la matière sonore. Comme moi, il peut passer des heures à enregistrer une caisse claire en studio. J’ai même les valeurs d’équalisation tatouées sur l’un de mes bras, je suis pour les tatouages à la con ! [Sourire] J’adore Matthew Dear aussi, sa démarche. Son dernier album m’a beaucoup touché, comme l’album de The Eyes & The Heat. L’album de Death In Vegas est, également, un sans-faute. 


Pourquoi avoir choisi de reprendre The The sur ton album ?

Car c’était la moins évidente à reprendre. Cela fait partie des groupes que j’ai toujours écoutés et, pour moi, c’est intemporel. « Infected » a une dimension intéressante pour une reprise. 


Comment appréhendes-tu la scène ?

Bien, j’ai un côté exhib, cela ne me dérange pas de me montrer, au contraire. Mais aussi, j’ai envie de partager mon travail avec les gens, de donner une dimension à cet album. J’ai vraiment hâte d’être sur scène. 

Par Guillaume Cohonner