Franchement sage à Milan, plus extravertie à Paris et Londres, la Fashion Week Masculine prend (enfin) l’essor qui lui est dûe, ajoutant à son agenda toujours plus de shows sur les catwalks. Et à première vue, si l‘homme de l’hiver prochain aspire tantôt à un excentrisme tapageur, tantôt à un minimalisme épuré, il le fait le plus souvent avec une élégance avisée. S’affirmant dans une brutalité masculine sans demi-mesure par instant, il parvient également à conjuguer des pièces et matières qu’on pensait jusque-là réservées à la gente féminine – comme le prouve notamment le retour du crop top. De multiples inspirations qui, d’un streetwear revisité à la confirmation d’une sapologie sixties, ont rythmé sans fausse note cette quatrième édition.

Mickey de mon coeur

Visiblement retombés en enfance, nombre de créateurs de la FWM nous ont glorifié de looks extravagants avec, pour certains, ce bien aimé Mickey Mouse en digne figure de proue. Récurrente chez le bristish Bobby Abley, la légendaire souris n’a pas échappé à son interprétation espiègle du menswear, se déclinant ce coup-ci sous la forme d’une coiffe rose supplantée des singulières oreilles. Cette chère Katie Eary a préféré, quant à elle, nous gratifier d’un masque intégral, orné néanmoins d’une crête de cheveux vert fluo ; tandis que Tom Browne choisit de substituer Mickey à Pan-Pan (ou Bugs Bunny, c’est selon), à travers une casquette à sa gloire. 

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Tous en chapeaux 

Accessoire phare de l’hiver prochain, le chapeau se révèle sous toutes ses formes à travers l’esprit de nos déjantés créateurs. Dans une version XXL du fedora chez John Galliano, le fameux couvre-chef se veut le parfait supplément d’âme d’une tenue à la fois chic et décontractée. Chez Walter Van Beirendonck, en revanche, la coiffe façon scout devient un véritable indispensable, sans lequel tout look perd son essence première, sa principale raison d’être. Mais la palme revient sans conteste au japonais Yohji-Yamamoto qui, dans une version moderne du Chapelier Fou d’Alice au Pays des Merveilles, entretient la coquette désinvolture qui fait la force de ses lignes.

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De pieds en capes

Les mousquetaires super-héros n’ont qu’à bien se tenir, l’hiver prochain la cape signe son grand retour. Si l’on aime la porter façon décontractée chez Missoni, on lui préfère largement la version de Yohji Yamamoto pour Y-3. Le drapé et les trois lignes blanches, subtil rappel de cette collaboration avec Adidas. Chez les trois créateurs, on retrouve la cape dans un univers urbain, baskets et pantalons looses.

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Les Biendums du catwalk

L’oversized semble arriver à son ultime moyen de vetier. Présentés tous trois lors de la Fashion Week parisienne, ces défilés présentent chez l’homme un amour pour les jeux de volume. Ici, la couleur se fait discrète, en particulier chez Damir Doma où le noir se décline en chrome irisé. Pour faire bref, on pense maxi épaules sur legging ou pantalon cintré ou alors pantalon oversized sur petites épaules. Car n’est pas Thom Browne qui le veut.

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Cuir vampirisant

Sur l’homme, le cuir ombrage. Cette saison, c’est sur des épaules encore juvéniles qu’il vient se poser. Un brin gothique et pas mal poétique, il nous plonge dans une masculinité qui paraît écorchée. Situés entre révolte et agressivité  , les hommes s ‘imposent par une fragilité complexe. Chez Cédric Jacquemyn et Topman, les teints blafards et cheveux humides ne font qu’ajouter à ce dark look Twilight. 

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Nouveaux jogg’s

Si la mode descend dans la rue, elle en vient aussi. Mais cette saison, c’est bien sur les podiums que l’on innove en matière de mode urbaine.  Chez ces trois créateurs, on révèle une notion décalée du street wear. Si il s’assagi en chemise vichy chez Richard Nicolls, il se montre freaks chez Astrid Andersen. Sans troquer ses bermudas, c’est en superposition qu’il se décline le mieux. Les couleurs vivent , les matières glissent. Et quand Galliano intensifie la doudoune, c’est avec modernité que le créateur propose une version moulante du jogging.  

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