Le clip de « Love Jihad » annonçait la sortie de leur premier album, en octobre, Riots In The Jungle. Rencontre avec Cata.Pirata et Crypto.Jori, l’essence d’un groupe ouvert, spirituel et passionnant. 

Catarina, tu es plasticienne de formation. Comment es-tu arrivée à la musique ?

Catarina :
J’ai toujours fait beaucoup de choses. Quand j’étais enfant, j’écrivais des poèmes dans un petit carnet. Et puis j’ai grandi en écoutant du rap, et adolescente, mes textes ont commencé à prendre ce sens de la rime. Cela a introduit la musicalité dans mes textes. Ensuite, mon père, qui est compositeur, m’a appris à jouer de la guitare. Cela doit être à partir de là que j’ai commencé à faire de la musique sérieusement. Mais mes inspirations visuelles sont toujours présentes, même dans mes textes. C’est amusant d’ailleurs, j’ai retrouvé un carnet dans lequel j’ai découvert que je voulais être chanteuse quand j’étais enfant, alors que pendant des années, j’avais complètement mis de côté la musique. Je voulais faire de l’art, dessiner, filmer… 

Et pourquoi vous être entourée d’un groupe ?

Catarina :
Youri et moi, nous nous sommes trouvés. Nous sommes absolument complémentaires. C’est cette synergie qui a créé Skip&Die. Cela n’aurait pas existé sans lui. Dans le groupe, nous sommes cinq, mais ce que nous produisons, ce n’est pas que de la musique : c’est un battement de cœur. Je souhaite que chaque musicien ait son instrument, pour que l’on entende les cinq artères de sons qui font la force de ce battement.

Au vu de vos collaborations, pourrait-on dire que le groupe est un collectif, un projet ?

Catarina :
Nous faisons des collaborations comme tout le monde. Youri et moi, nous sommes l’essence du groupe et nous avons ramené d’autres personnes autour de ce projet. Mais nous sommes un groupe.

Jori : Ce qu’il y a d’inhabituel, c’est y ait tant de collaborations dès le premier album. On rencontre des artistes aux styles différents et on les met ensemble. Ensuite, il y a l’influence artistique de Catarina qui fait les vidéos et l’univers du groupe. Cet ensemble est comme un patchwork, un collage…

Ce mélange, on le ressent aussi au niveau des langues sur votre album, on vous découvre polyglotte…

Jori :
Moi, je ne parle que l’allemand et l’anglais, mais Catarina apprend les langues de chaque endroit où elle va.

Catarina : J’adore cela ! On est alors plus apte à comprendre une culture, et la connaissance des langues permet, également, d’avoir une vision plus globale de qu’il se passe dans le monde. Je me sens plus facilement proche des gens du coup, plus compréhensive et tolérante dans cette immensité de cultures. Cette connaissance te fait grandir, mieux comprendre qui tu es.

Vous comprenez, parlez le français ?

Catarina :
On le comprend un peu. On l’a appris à l’école, mais comme on ne le pratique pas, cela se perd.

Le monde, les différentes langues… quelles sont vos autres influences ?

Catarina : Si plus jeune, j’écoutais du rap, du grunge avec Tupac, Nirvana ou De La Soul, je me suis aussi tourné vers la world music avec Manu Chao ou la bossa nova. Je ne me restreins pas dans l’écoute de la musique. Je n’ai jamais été fan d’un groupe en particulier, c’est dans cette globalité que je trouve mes influences. Après dans le cinéma, par exemple, j’adore les films de David Lynch, et nous rêvons de travailler avec Harmony Korine !

Vous sentez-vous proches d’autres groupes ?

Jori :
A Amsterdam, nous sommes très proches de groupes qui font le même genre de sons, avec qui nous faisons des soirées. Sinon, nous nous sentons proches des artistes qui ont pris le chemin du voyage pour la création. Un tas d’artistes ont fait les choses ainsi : comme Paul Simon qui est parti au Brésil et a travaillé là-bas, David Byrne de Talking Heads qui incorpore des rythmes très différents dans sa musique, ou encore Damon Albarn, Dr. John…

Catarina : Je me sens proche de ces femmes fortes, comme les Salt-N-Pepa, ou la puissante Nene Cherry qui m’inspire beaucoup.

Oui, cela se ressent. Vous avez également votre propre style, est-ce un parti pris ?

Catarina :
Tout se passe vraiment à l’intérieur. Et mon style est un reflet de ce qui se passe à l’intérieur : un collage de mes humeurs. C’est une déclaration, dans le sens où je me montre telle que je suis. J’exprime ma personnalité à l’extérieur par le fait de ne pas m’habiller comme tout le monde, de faire de vrais choix stylistiques. Je pense que ton style en dit sur toi : ta culture, ton engagement politique, tes voyages… Mon style est une façon de m’exprimer. J’aime l’idée de montrer quelque chose de différent de ce que les gens sont habitués à voir :  je souhaite promouvoir la différence. 

Pourriez-vous décrire votre style ?

Catarina :
Pour mes cheveux, j’ai un peu toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ! Mon style est plutôt tropical, un mix entre le grunge dark ou gothique, mais avec les deux côtés du spectre car j’aime aussi des choses très claires, qui brillent. C’est une balance, un peu entre la vie et la mort. [Rires] J’aime mixer les créations de designers et des pièces vintage. Beaucoup de mes amis sont stylistes à Amsterdam, je porte leurs vêtements, notamment dans nos clips. Mais j’insiste pour avoir cette mosaïque de genre, toujours cette envie de collages. Et j’aime aussi faire mes propres fringues.

Jori : Comme certains du groupe s’expriment via leur instrument, Catarina transmet quelque chose au public par son look…

Justement, quel est votre rapport à la scène ?

Jori : Quand nous faisons un concert, le point de départ est l’envie de faire la fête. Toute cette énergie nous fait bouger et sourire. Et cela nous plaît que les gens soient intrigués par nos sons. Qu’ils aillent plus loin, que nous leur ouvrions l’esprit… 

Catarina : Qu’ils soient intrigués, mais qu’ils finissent par danser ! Peu importe le style de musique, même s’ils me trouvent bizarre, à la fin, ils ont tous ce grand sourire. C’est le plus important, cette énergie positive, plus que le fait de comprendre notre musique.

Quels sont les plans pour Skip&Die ?

Jori :  La première étape, c’est la sortie de l’album. Bien que l’on ait fait plusieurs concerts en Hollande, les gens seront vraiment là pour nous dans quelques mois, quand l’album sera sorti. Nous sommes impatients de voir comment les gens vont réagir.

Catarina : Nous sommes très excités, mais nous avons déjà un tas de plans, comme jouer aux Transmusicales de Rennes, des concerts en Allemagne et, plus tard, une tournée à l’international. La sortie de l’album engrangera encore d’autres choses. Ce sera une nouvelle aventure.

Tu vas continuer à faire les vidéos ?

Catarina 
: Oui, d’ailleurs je suis impatiente de commencer à tourner le prochain clip de « Jungle Riot » !

Propos recueillis par Chloé Payen

Crédits photo : Thomas Paquet

Skip&Die,
Riots In The Jungle (Crammed Discs)

www.skipndie.withtank.com

Retrouvez Skip&Die dans la série beauté du nouveau numéro de Modzik (Numéro 30 novembre-décembre).