Après avoir sorti un album de Noël, il y a 2 ans, le couple platonique formé par Zooey Deschanel et M. Ward, She & Him, revient avec Volume 3. Maintenant décomplexés, ils livrent un album rafraîchissant, qui rend un fervent hommage à la musique américaine des fifties et des sixties. Rencontre dans la Cité des Anges.

Zooey fait ses débuts dans le film Mumford, en 1999, mais c’est surtout grâce à son humour et son côté girl next door qu’elle se fait reconnaître, notamment dans (500) jours ensemble et sa série New Girl. Côté musique, elle a participé au groupe de Jason Schwartzman, Coconuts Records, et c’est avec M. Ward qu’elle sort le premier album de She & Him, en 2008. Il était donc grand temps de poser quelques questions au phénomène Zooey Deschanel, alors en plein tournage à Los Angeles pour la troisième saison de la série New Girl, prévue pour cet automne.

– Comment te sens-tu avant la sortie de ce troisième album ?

J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent ! J’ai pris de l’assurance, je suis beaucoup moins nerveuse que pour le premier. Je le suis tout de même un peu, mais je suis fière de ce Volume 3.

– Où as-tu composé cet album ?

Un peu partout. J’écris des chansons depuis pas mal d’années, maintenant. Celles-là ne viennent pas de ma chambre d’ado [Sourire], mais d’un peu partout, surtout de L.A.. Je voyage beaucoup, donc ça me laisse du temps pour penser à des chansons. Certaines datent de quelques années, d’autres non.

– Les textes sont personnels sur cet album ?

Pas vraiment, les gens essayent d’y voir des situations qui ont dû m’arriver dans ma vie personnelle, mais non, c’est fictif. Je suis bien trop maligne pour ne pas déballer ma vie dans mes chansons. [Rires]

– On dit souvent que le troisième album est le plus compliqué à composer, ça a été facile pour toi ?

Le premier album, c’est le plus facile car tu as toute ta vie d’avant, tu peux y mettre des chansons que tu as écrites étant ado, etc. Le deuxième album, c’est une réaction au premier et à la scène aussi, mais le troisième, bizarrement, c’est celui qui m’a pris le moins de temps, seulement quelques semaines en fait. Ça a été très naturel.

– Il y a trois reprises sur cet album. Comment les as-tu choisies ?

Un peu par hasard. Ce sont des chansons que j’aime beaucoup. Quand nous étions en studio, entre deux prises, je les jouais et Matt (Ward, N.D.L.R.) les adorait, donc on les a mises sur l’album. Sauf pour « Baby », c’est lui qui l’a choisie.

– Quelle est la principale qualité de M. Ward ?

Il sait me mettre en confiance, on se comprend vraiment parce qu’on partage les même goûts en musique. Et en studio, il a vraiment de très bonnes idées de production. Il sait dans quelles directions amener les chansons.

– Quels sont tes duos préférés en musique ?

J’adore les Everly Brothers !

– Tu as été influencée par d’autres artistes, pour cet album ?

Pas vraiment. On écoute surtout de vieux groupes. C’est drôle, je n’ai jamais de nouvelles influences, c’est plus ancré dans mon subconscient. J’ai l’impression que même si on essayait de faire quelque chose de plus contemporain, on en reviendrait toujours à la musique fifties et sixties, ce sont nos premiers amours.

– Tu préfères être en studio ou sur scène ?

J’aime beaucoup être en studio, j’aime construire les chansons, c’est très créatif et stimulant. J’aime la scène, mais je préfère enregistrer. J’étais très nerveuse avant sur scène mais, maintenant, j’adore cela, chanter, discuter avec le public…

– Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Toujours les même groupes : The Beach Boys, The Zombies, The Kinks… Ah ! Et Big Boi, aussi !

– Est-ce plus facile d’évoluer à Hollywood ou dans l’industrie musicale ?

C’est très différent. Hollywood est une grosse machine. Il y a beaucoup de personnes derrière, tout est calculé, il y a beaucoup d’argent en jeu. C’est plus compliqué, il y a un aspect très social, très mondain. C’est fun, mais faire de la musique, c’est seulement une vingtaine de personnes qui gravitent autour de moi et de Matt, c’est à taille humaine. Tout ce que tu entreprends est plus immédiat, tu n’as pas besoin d’avoir l’accord de plein de gens pour prendre tes décisions. Faire de la musique, ce n’est pas forcément facile, mais c’est plus immédiat. Etre comédienne t’oblige à t’oublier aussi, à être au service d’un show télé ou d’un réalisateur. Mais j’aime bien la façon dont se complètent les deux jobs. Je suis à l’aise avec ça.

– She & Him est assez connu en France. Comment l’expliques- tu ?

Je ne sais pas… J’ai pas mal d’amis français, j’ai un nom français, c’est peut-être ça qui attire votre attention ! Mon grand père était Français, nous ne sommes, donc, peut-être pas si éloignés.

– Tu as chanté avec Jason Schwartzman, dans son groupe Coconuts Records. Tu sais si le groupe existe encore ?

[Excitée] Oh ! Je crois qu’il fait encore de la musique. Il fait toujours plein de choses en même temps, mais il compte sortir un nouvel album de Coconuts Records, aux dernières nouvelles.

– Quels sont tes créateurs de mode préférés ?

J’adore Eric Anderson, Louis Vuitton, Balenciaga… Il y en a tellement !

– Quelle est la meilleure chose à Los Angeles ?

Il fait tout le temps beau, ce qui n’est pas négligeable. Comparativement à New York, ici, tu peux avoir une super maison, alors que là-bas, tu aurais un appartement. Le pire à L.A., ce sont les embouteillages, surtout pour moi qui déteste conduire !

Originaire de Portland, M. Ward fait ses débuts discographiques, en 1999, avec Duet For Guitars #2. Rapidement remarqué grâce à son songwriting rêveur, il est l’auteur de pas moins de huit albums frondeurs, lorgnant du côté du folk, de la pop, mais aussi de la country. Plutôt réservé, Matt nous a quand même parlé de son expérience avec Zooey pour ce Volume 3.

– Où es-tu en ce moment ?

Je suis encore à Los Angeles.

– Comment s’est passé l’enregistrement de ce nouvel album ?

C’était incroyable. Zooey a écrit vraiment de très bonnes chansons pour cet album. Elle était plus confiante avec son écriture, donc elle s’est autorisée plus d’expérimentations. C’était très excitant et fun à faire.

– Et c’était plus facile de faire cet album, comparé aux précédents ?

Oui, complètement. Tout simplement parce que les chansons de Zooey étaient supers. Nous avons commencé à Los Angeles, car Zooey était en plein tournage de sa série New Girl. Après, nous sommes partis à New York pour mixer l’album. On a trouvé du temps entre le tournage de New Girl pour faire cet album, ce qui n’était pas toujours évident.

– Comment était Zooey en studio ?

A l’époque du premier album, elle était très nerveuse. Elle est beaucoup plus en confiance maintenant, elle arrive à jouer ses chansons devant des gens qu’elle ne connaît pas, ce qui était impossible auparavant. Elle parvient à transformer sa nervosité en énergie positive, c’est très motivant. Vous avez beaucoup expérimenté…

– Comment avez-vous trouvé ces nouvelles directions ?

C’est plus expérimental, mais toujours très classique dans une certaine mesure, mais je trouve que Zooey est arrivée avec des chansons qui sonnaient plus pop.

– Pour moi, il y a vraiment de nouveaux styles abordés avec Volume 3

Oui, je voulais faire avancer le son du groupe. Expérimenter de nouvelles idées. En fait, Zooey arrive avec des démos, je les écoute. Certaines que j’ai reçues datent d’il y a 1 an, d’autres plus. Je commence à poser des idées de production, bien plus tard, on rentre en studio et là, on commence à expérimenter ces idées qui peuvent beaucoup évoluer.

– Mike Watt (ex-bassiste des Minutemen et des Stooges) joue sur cet album. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

C’est un vieil ami à moi et l’un de mes bassistes préférés de tous les temps. On a composé une chanson ensemble pour cet album dans un style très Motown. Il y a d’autres contributions aussi. Nos vieux amis de Tilly and the Walls chantent sur l’album. On s’est rencontrés quand je mixais Volume 2. J’avais besoin de l’apport de chanteurs, l’opportunité était trop belle pour qu’ils viennent chanter sur l’album. On a donc reconduit l’expérience sur Volume 3. Il y a également Joey Spampinato, un autre ami, bassiste de l’un de mes groupes préférés, NRBQ, qui joue de la basse sur quelques titres.

– En France, vous avez l’image d’un groupe très américain. Vous voyez She & Him comme un groupe ancré dans les racines américaines ?

Oui, on peut le concevoir car on tire la plupart de notre inspiration dans les vieux disques américains. Zooey et moi avons la même passion pour les disques des fifties et des sixties. On essaye de la retranscrire dans nos chansons, donc oui, j’imagine qu’outre-Atlantique, cela ne doit pas sonner très européen !

– Tu vois She & Him comme un groupe un peu rétro, musicalement ?

Non, je n’y pense pas vraiment.

– Quels sont tes duos préférés ?

Il y en a tellement ! Si je ne devais en choisir qu’un seul, ce serait sûrement les Everly Brothers. Et aussi, le duo country Georges Jones et Tammy Wynette, leurs voix fonctionnent à merveille ensemble, j’adore l’énergie, et les chansons sont sublimes.

– Tu penses que l’aventure She & Him a nourri ton songwriting ?

Un peu oui, Zooey est une chanteuse très talentueuse. Si elle ne l’était pas, je ne l’aurais pas invitée sur mes deux derniers albums solos ! [Rires] Avec Zooey, c’est vraiment une belle alchimie, ça fonctionne à merveille. Je ne suis pas sûr que cela fonctionnerait avec une autre chanteuse. On a déjà des idées pour un quatrième album.

– Tu as de nouveaux projets pour ta carrière solo ?

J’écris constamment de la musique, presque quotidiennement. Mais je n’ai pas prévu de sortir un album solo bientôt. Pour l’instant, je suis juste heureux de promouvoir ce nouvel album de She & Him. Et j’ai hâte de partir en tournée avec Zooey !

– Tu habites toujours à Portland ?

Entre Portland et Los Angeles. J’adore Portland pour les cafés ! Il y a pas mal de groupes là-bas aussi. Il n’y a pas vraiment de scène particulière, mais c’est une ville qui a beaucoup d’identité. J’aime Los Angeles pour le soleil et les gens que je côtoie là-bas, son musée aussi.

– Qu’écoutes-tu en ce moment ?

Toujours les mêmes vieux disques de folk et de gospel. [Rires] Mais j’ai vraiment hâte d’écouter le dernier album des Yeah Yeah Yeahs, j’adore ce groupe. Sinon, dans les autres groupes contemporains, j’adore Tilly & The Whale.

– Ta musique est parfois très cinématographique. Tu aimerais travailler avec des réalisateurs ?

J’adorerais. J’adore David Lynch, c’est probablement mon réalisateur encore en vie préféré. Il arrive à créer des rêves, les retranscrire, et je pense que j’essaye de faire cela avec ma musique également.

– Tu penses que tu feras un autre album avec Monsters of Folk, le super groupe que tu avais avec Conor Oberst, Jim James et Bright Eyes ?

Oui, probablement, mais nous sommes tous très occupés, malheureusement. Ce sont des gens avec qui je me sens le plus proche, musicalement.

– Quelle est la pop star la plus élégante, selon toi ?

Probablement David Bowie. Je ne m’intéresse pas énormément à la mode, mais à Los Angeles, il y a une compagnie qui s’appelle Band of Outsiders, j’adore ce qu’ils font.

Chronique
Quelques choeurs rappelant les Beach Boys, une rythmique doowop, voilà comment débute ce Volume 3. Lorgnant inexorablement dans le rétroviseur, le duo, certes, ne révolutionne pas le genre, mais rend un hommage touchant et sincère à la musique fifties et sixties américaine.Plus hétérogène, ce troisième volet s’autorise quelques incursions Motown et surf. Résultat ? Volume 3 est un disque rafraîchissant qui a également gagné en profondeur avec des titres comme « Shadow Of Love ». Indéniablement l’épisode le plus passionnant de l’aventure She & Him. 

Par Guillaume Cohonner
Photos : Naj Jamai
Réalisation : Zoe Costello

She & Him, Volume 3 (Domino)
www.sheandhim.com