C’est dans un Point Ephémère qui a affiche sold out que la nouvelle révélation du dubstep hybride donnait un concert, le deuxième en une semaine à Paris. Dans une salle impatiente (et parfois impassible), SBTRKT, habitué aux clubs, a démontré qu’il pouvait aussi allumer une salle de concert plus habituée aux formations rock.

C’est devant une salle au public hétéroclite que démarre le set du prodige Becoming Real. Seulement muni de son laptop, l’Anglais repousse les limites de son grime pour flirter vers la techno minimale. Il est à peine 20h30 et le jeune homme balance des beats puissants, sombres et drogués comme s’il était 5 heures du matin au Rex Club. Problème : nous ne sommes ni au Rex, ni au cœur de la nuit et son mix contraste péniblement avec une audience venue siroter sa bière pépère. C’est maintenant au tour de SBTRKT de reprendre les festivités. Flanqué de son comparse Sampha, relégué au chant et aux claviers, Aaron Jérôme aka SBTRKT commence son set par Heatwave et enchaîne directement par les morceaux les plus forts de son album : L’ énergique Hold On, Something Goes Right et Living Like I Do. On regrette malheureusement la présence de Yukimi Nagano, chanteuse de Little Dragon sur le single Wildfire. Peu à peu le public du Point Ephémère entre en transe, mais n’arrive pas à transformer la salle en dancefloor. Pas grave, le duo a assez d’énergie à lui tout seul. Aaron Jérôme se marre quand il remarque qu’il a cassé une partie de sa batterie. Producteur de talent, il donne l’impression de prendre l’expérience du live comme une cours de récréation. Une décontraction totale qui donne de bonnes vibes à un public déjà conquis. Sur sa batterie, Aaron continue de marteler comme Panda Bear sur son tom basse en doublant les sonorités synthétiques d’un dubstep habité de pop. Accessible pour beaucoup, les titres de SBTRKT ne sont pas dénués d’un psychédélisme par moment, le rapprochant d’un Flying Lotus, l’écho de l’Afrique en prime. Alors que son album avait comme seul défaut une production trop hermétique, SBTRKT prouve son énergie en live malgré un set un poil trop calculé.

Par Guillaume Cohonner

Photo : Delphine Lécuyer