Exit le groupe Revolver, ses deux disques d’or et ses centaines de concerts en France et à l’étranger. C’est désormais en solitaire qu’Ambroise Willaume officie. Et c’est sous le pseudonyme de Sage qu’il délivre une pop électro mélodique à forte charge émotionnelle où le piano tient une place de choix avec la voix cristalline d’Ambroise pour fil rouge.

Crédits session photo :
Photos : Dorothée Murail
Stylisme : Nicolas Dureau – Assistant stylisme : Solaine Depale
Mise en beauté : : Laura Casado – Coiffure : Amelie Gallon
Merci à : Acne Studios, Dior Homme, Falke et G-Star

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Pourquoi cette évasion en solo ?

Après la tournée consécutive au second album, nous étions un peu lassés de jouer dans les mêmes salles. Nous ressentions des sensations de déjà-vu, de nous répéter. Et puis je pense qu’on avait tous les trois des envies différentes et le besoin d’expérimenter des choses chacun de notre côté après dix ans d’une belle aventure musicale. Pour ma part, j’avais envie de me retrouver dans la situation de ne pas avoir à faire de compromis ni devoir me justifier sur mes choix artistiques.

Et qu’en est-il de cette histoire de vol de guitares : info ou intox ?

Nous étions en tournée en Australie et nous avions décidé une fois la tournée terminée de faire un break avec le groupe. Le matin même de la dernière date, je reçois un message de mon manager qui m’annonce qu’on avait cambriolé mon studio et qu’on avait pris tous les instruments. Je me retrouvais d’un seul coup sans groupe et sans guitares ! De retour à Paris, je me suis retrouvé un peu seul et par la force des choses, je me suis mis à composer au piano, en me faisant un peu violence car je ne suis pas un grand pianiste. Cela m’a fait composer des choses très différentes, m’a porté vers un autre univers musical. La position même m’a amené à chanter différemment. Cela m’a permis aussi de tourner la page après Revolver.

Il semblerait que tu aimes à quitter ta zone de confort, est-ce exact ?

C’est quelque chose que je constate plus que je ne le décide, c’est-à-dire que dès que je suis parvenu à faire quelque chose, j’ai tendance à aller voir ailleurs. Je n’aime pas trop me répéter : j’aime les défis !

Donc si ce projet Sage fonctionne – comme nous l’espérons tous –, tu pourrais arrêter et passer à autre chose ?

En tout cas, le second album n’aura peut-être rien à voir avec le premier. Je n’ai pas du tout envie d’être dans un système où je déroule un style. J’aime bien me donner des défis que je pense irréalisable et de me surprendre à y parvenir. Écrire au piano c’était au départ quelque chose d’impossible tout comme donner des concerts au piano me paraissait impensable.

Est-ce que cela veut dire que tu as puisé ton inspiration ailleurs que lorsque tu composais à la guitare ?

Disons que j’ai une base d’influences qui m’ont appris la musique et m’ont construit musicalement. Par exemple, cela va être Elliott Smith ou des choses plus pop. Et lorsque j’ai commencé à faire mes premières maquettes, j’ai utilisé les moyens du bord à savoir une boîte à rythme, un synthé et un piano. Et puis j’ai commencé à mélanger le piano, la voix et les textures électroniques et cela m’a donné une nouvelle couleur musicale. Et pour en revenir aux influences, j’aime bien les guitaristes qui se mettent à jouer au piano, comme John Lennon ou Neil Young par exemple. J’ai même redécouvert Phil Collins qui m’a beaucoup influencé sur cet album. Je pense à son album Face Value avec de très belles compositions et très ambitieux en termes de production. Il est pour moi l’un des artistes les plus sous-évalués des années quatre-vingt. Je suis pour la réhabilitation de Phil Collins ! [rires !]

Peux-tu nous raconter ta collaboration avec Benjamin Lebeau de The Shoes sur ton album ?

On s’est rencontrés en 2011 alors qu’on participait tous les deux au premier EP de Woodkid : lui travaillait à la partie production tandis que moi j’étais plus sur la partie chanson, c’est-à-dire l’écriture des accords, de certaines mélodies, etc. Woodkid m’avait contacté pour que je l’aide à terminer ses morceaux et, de fil en aiguille, je me suis mis à travailler sur les arrangements pour orchestre que j’ai ainsi découverts. Comme il s’agissait d’une démarche très expérimentale, tout était permis ! On a donc gardé contact et à mon retour d’Australie j’ai beaucoup travaillé. En l’espace de trois semaines, j’avais un album d’écrit ! Je lui ai fait écouter les morceaux, on a commencé à travailler dessus ensemble tandis que je continuais à composer pour moi, pour l’orchestre Code de Jérémie Arcache (de Revolver) mais aussi pour de la musique de film. À force, on a trouvé la bonne couleur et on a réalisé l’Ep puis l’album dans la foulée en restant enfermés deux mois en studio entourés de magnétos à bande, deux pianos, deux batteries, des instruments nobles et d’autres hypercheap comme cette petite boîte à rythme en bois que j’ai acheté la veille d’entrer en studio.

Avec Sage, Ambroise s’est totalement réinventé musicalement et même visuellement. Et cet artiste protéïforme qui aime à relever les défis vient de passer le cap haut la main en signant un des albums les plus forts en émotions de ce printemps.

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Sage : premier album (Labelgum)
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