Après avoir sorti Rituals, un premier album aux sonorités 90’s, entre spleen adolescent et guitares hurlantes, Team Ghost enchaînera quelques dates en Europe cet été. Modzik les a rencontrés.

Quelle différence faites-vous entre la musique de Team Ghost et celle de M83 ?

Team Ghost est définitivement plus sombre et noisy. Anthony (ndlr : tête pensante de l’actuel M83) amène sa musique sur des choses plus pop et ensoleillées alors que l’on cherche des sonorités plus rudes. C’est deux notions différentes de l’adolescence. M83 est plus dans une forme de jeunesse pop des années 80 alors que nous sommes d’avantage focalisés sur le débuts des années 90, l’adolescence que l’on a vécu, des choses généralement plus sombres.

Le NME vous a donné l’appellation de groupe « coldgaze ». Vous en pensez quoi ?

Ca correspond plutôt bien à notre style puisque ça sous-entend un mélange de coldwave et de shoegaze. Mais évidemment, on ne se satisfera jamais d’une case car c’est toujours réducteur. Mais c’est plutôt une bonne réduction puisque nos influences se situent clairement entre ces deux pôles.

Pourquoi pensez-vous que les Francais marchent aussi bien à l’étranger ces derniers temps ?

Pour notre part, si le NME s’est intéréssé à nous, c’est parce qu’on a d’abord travaillé avec le label londonien Sonic Cathedral qui nous a booké en Angleterre et nous a fait tourner avec Crystal Castles. Après, si Phoenix ou M83 fonctionnent à l’étranger, c’est tout simplement parce que ce sont des bons groupes. Mais tout est relatif, il y a effectivement quelques groupes francais qui marchent à l’étranger, ce qui semblait inenvisageable il y a 10 ans, mais ça reste quand même assez minoritaire. Il y a eu quand même un effet Daft Punk qui a popularisé la France dans le monde de la musique électronique et qui s’est ensuite élargi vers le monde du rock. Par contre, de là à parler de French Touch, il ne faut pas exagérer. Ce terme ne désigne pas grand chose d’autre que de la house filtrée.

Comment avez-vous travaillé pour l’enregistrement de Rituals ?

Sur ce disque, on a travaillé d’avantage comme un groupe. On l’a enregistré avec une énergie live que nous n’avions pas forcément à nos débuts lorsque nous composions tout en home-studio sur des claviers analogiques. Dans le son, il y a un parti pris de faire sonner notre musique en résonnance avec notre univers assez froid, avec par exemple un jeu de batterie assez rigide et pas mal de nappes sonores.

Le clip de « Dead Film Star » fait penser à un film d’horreur. Ca vous inspire le cinéma ?

On a passé beaucoup de nuits à regarder du cinéma bis. Et au delà des images, il y a beaucoup de BO de film qui nous ont inspiré comme celles de John Carpenter, Goblin ou encore Fabio Frizzi. On aime beaucoup les soundtracks car c’est un type de musique qui laisse beaucoup de place à l’imagination en évitant de tomber dans les surenchères de gimmick ou dans le remplissage sonore inutile.

Vous pensez quoi du retour du shoegaze depuis quelques années ?

Ce retour est surement dû aux trentenaires dont on fait partie. On a connu Ride, My Bloody Valentine et autres quand on été jeunes et maintenant que l’on a les moyens de sortir un disque, on cite logiquement ces groupes dans nos références. Ce retour du shoegaze date d’il y a déjà 5 ans. Depuis, ça a influencé les musiques électroniques et même le hip-hop avec par exemple des producteurs comme Clams Casino. Aujourd’hui, ce genre musical est présent un peu partout, mais c’est souvent sous différentes déclinaisons. On continue d’appeler ça shoegaze alors que plus personne ne joue ça en regardant ses chaussures.

Vous avez écouter MBV, le nouvel album de My Bloody Valentine ?

On l’a écouté un peu rapidement et sur des mauvaises enceintes donc on aurait du mal à se prononcer. C’est juste qu’au premier abord, on a eu un peu de mal à y trouver un morceau vraiment puissant et accrocheur, à la mesure de ce que pouvait être « Soon » par exemple. A choisir, on préfère Slowdive.

Team Ghost
Rituals
(Cinq7/Wagram)
www.teamghostmusic.com

Par Simon Clair