On le sait, la suède est un fabuleux vivier de beautés blondes et de merveilles pop (JJ, The Tough Alliance). Le mieux est évidemment les chanteuses qui combinent ces deux trésors nationaux : c’est ce que font Robyn et Lykke Li, chacune à sa manière.

Depuis Nirvana, la carrière de nombreux artistes s’organise de cette manière : 1) signer chez un petit label 2) sortir un tube 3) se faire récupérer par une major. Mais Robin Miriam Carlsson, qui ne fait rien comme tout le monde, a connu un parcours sensiblement différent. Repérée très tôt, elle signe dès 16 ans chez une filiale de Sony Music, et sort à la fin des années 90 une poignée de tubes dance qui marchent plutôt bien. Mais après trois albums dans la même veine, Robyn décide en 2004 de plaquer Sony pour créer son propre label et produire elle-même sa musique. Bien lui en prend, puisque son single With Every Heartbeat est n°1 au Royaume-Uni, tandis que son évolution stylistique vers une électro-pop plus personnelle est saluée par la critique. En 2010, elle sort coup sur coup trois albums (la trilogie des Body Talk) d’une qualité phénoménale, qui mettent en évidence sa capacité à transcender le thème des relations amoureuses avec tendresse et/ou ironie (Dancing On My Own, Call Your Girlfriend, ou encore Hang With Me, sidérante en version acoustique). En janvier dernier, interviewée par Pitchfork, Robyn annonçait vouloir collaborer avec A$ap Rocky, sans en dire plus. Une belle façon de revenir si ce projet pouvait se concrétiser…

Aussi farouchement pop et indépendante que sa compatriote, Lykke Li chérit pour sa part des textures plus folk ou classiquement électriques. Plus jeune que Robyn de presqu’une décennie, son cheminement est assez représentatif des artistes de sa génération. Son premier album Youth Novels, sorti en 2008 sur son propre label, fait certes bonne impression avec son instrumentation éparse et artisanale ; toutefois, la consécration ne vient réellement que lorsqu’elle signe en 2009 un titre sur la B.O. du second Twilight, Possibility. La production se fait alors plus solide, tandis que la voix de Lykke Li gagne en maturité et en assurance, annonçant la suite des évènements. C’est en 2011 que sort finalement son second album, le majestueux Wounded Rhymes, qui compte parmi les meilleurs disques pop de l’année. Le second single extrait de l’album, I Follow Rivers, se classe premier dans plusieurs pays, et a pour b-side un remixe par le DJ belge The Magician qui fleure bon l’italo-disco, tandis que le morceau Get Some a l’honneur d’une appropriation par Beck. Aux dernières nouvelles, Lykke Li a fondé un nouveau label (Ingrid) avec des comparses suédois, dont Peter Björn and John.

Par Thibault Goehringer