Toujours orienté vers les arts numériques et la musique électronique, le Festival Scopitone de Nantes fêtait cette année ses 12 ans, avec une programmation encore plus pointue qu’à l’accoutumée. Modzik y était et vous parle de ses coups de cœurs, des révélations mais aussi de ses déceptions. Décryptage.

Les Coups de coeur

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Les concerts démarraient fort en ce mercredi dans la salle Maxi du Stereolux avec un Thomas Azier très attendu au tournant.  Muni d’un synthé, accompagné par une batterie et un autre clavier, le Berlinois a fait vibrer la salle avec sa voix puissante. Pourtant périlleuses vocalement, ses chansons ne laissaient transparaître aucune fausse note. Thomas Azier n’hésitait pas non plus à avancer juste devant la foule sur les titres Red Eyes ou Angelene. Son set a fait  la part belle à de nombreux inédits que l’on pourra découvrir sur disque à la sortie de l’album prévue pour fin janvier / début février.

En ce samedi soir, les nefs nantaises se voyaient offrir un beau plateau sur lequel figuraient les intrépides membres de La Femme. Les accoutrements, certes moins folkloriques que d’habitude (on se souvient des tenues de commandant d’armée ainsi que des chemises hawaïennes à Rock en Seine), ne ternissaient en rien toutes les folies de leur long set maîtrisé. Vers la fin de leur prestation, le chanteur Marlon s’offre même un surf (sans la fameuse planche cette fois) sur la foule, parcourant quasiment l’ensemble de l’immense nef avant de pouvoir revenir après qu’un des membres du groupe lance : « Rendez-nous notre chanteur ! ». Fidèle à son slogan, La Femme nous a vraiment donné du plaisir.

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On a beaucoup apprécié le duo local Sexy Sushi, qui a littéralement retourné les nefs grâce à un show démentiel. Avant le début du concert, on observe sur scène une gigantesque croix en bois sur laquelle est effrontément écrit « SS – Vendée ». Le public n’a pas manqué de gentiment siffler. Ensuite pour vous la faire courte, on voit défiler un bourreau avec un canon produisant des étincelles, des anges gays s’embrassant langoureusement et plus car affinités, des personnages peints en bleu, ainsi qu’un amphibien nous récitant un poème sans queue ni tête. On a aussi droit à des références à Christine Boutin et des lancers de mobilier vintage sur la foule. La chanteuse se met plutôt à l’aise sur le titre Sex Appeal... Le public est conquis.

Concert du groupe Juveniles. A la fin de leur set, le groupe lance : « Ne manquez surtout pas Gramme ! ». On suit leur conseil et on n’est vraiment pas déçu par la fraîcheur de leur musique. Les influenceurs du groupe de Hot Chip, partage avec ces derniers un sens du rythme imparable. La chanteuse, cheveux longs surmontés par un serre-tête et entièrement vêtue de blanc, nous annonce qu’il est désormais temps de danser. Et tout le monde s’y met.

En salle Micro, Jon Hopkins nous a mis en transe. Son electronica vaporeuse sur fond d’écran pastel convenait parfaitement à l’heure tardive à laquelle il était programmé. Il a joué la majeure partie de son album Immunity dans cette petite salle, devant un public apparemment rêveur. Le Londonien prend son pied derrière ses machines et cela se sent. L’artiste confirmé par ses nombreuses années d’exercice fait ici l’étalage de toute sa maîtrise.

 

Les Révélations

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Les frères et soeurs de Carbon Airways ont prouvé une nouvelle fois que la valeur n’attend pas le nombre des années. Le duo a néanmoins prouvé une grande maturité sur scène : pendant plus d’une heure, ça a bondi dans tous les sens. Sur un rythme frénétique, chacun des deux artistes chante à son tour, pendant que l’autre l’accompagne. On n’attendait pas un tel concentré d’énergie dès l’ouverture de la soirée aux Nefs. Même le public de Sexy Sushi a été surpris par un tel défoulement d’entrée de jeu.

Chassol, ancien pianiste et arrangeur de Sébastien Tellier et Phoenix, est la grosse révélation de ce festival. Passé par la réalisation de plusieurs bandes-originales de films, l’artiste s’est lancé depuis quelques années dans son projet solo. Il offrait ainsi la présentation de son dernier bébé, titré Indiamore. C’est jeudi au Cinématographe que les quelques privilégiés ayant obtenu leur sésame ont pu admirer ce ciné-concert de grande classe. L’artiste a filmé pendant deux semaines des séquences de vie en Inde à Calcutta et Bénarès. Sur fond de vjing de ce film, Chassol et son batteur font preuve d’une alchimie évidente. Le plaisir qu’ils prennent à jouer les morceaux ne peut que vous mettre le sourire aux lèvres.

 

La Déception

Le concert de Vitalic est loin de nous avoir séduit. Certes, l’architecture lumineuse derrière l’artiste impressionne vraiment. On en prend plein la vue durant ce show visuel savamment orchestré. Mais musicalement, le set ravy de Vitalic est très difficile à apprécier et manque clairement d’âme. Ça bourlingue de façon excessive et nos tympans ne sont vraiment pas gâtés. On avait vu mieux de l’artiste à ses débuts.

 

Ainsi, malgré des artistes moins populaires que pour l’édition précédente, le festival a su attirer les foules en affichant complet pour la plupart de ses événements. Cette édition éclectique et érudite nous montre une nouvelle fois, l’amour du festival pour les cultures électroniques, qui ont encore un bel avenir devant elles.

 

Par Benjamin-William Mauriès

Crédit photo Festival Scopitone