Née de l’amour pour la littérature, Proêmes de Paris met les lettres à l’honneur à travers la mode, qu’elles soient en prose ou en alexandrin. Un croisement aussi inédit que réussi qui explore pour l’automne-hiver 2017 le genre inquiétant et inoubliable de la dystopie.

Comme par magie, la mode parvient toujours à s’accommoder avec les autres médiums. Peinture, danse, cinéma, aucun des beaux-arts ne lui échappe et la poésie ne fait pas exception. Ulysse Meridjen et Marion Gauban Cammas ont choisi de fonder leur marque sur la littérature et le langage. Proêmes de Paris est donc né de la contraction entre “prose” et “poème”, mais aussi d’un amour immodéré pour la littérature, sous toutes ses formes. Nous avons choisi la littérature en tant que langage, et donc moyen d’expression, comme source infinie de modification qui permet de continuer à s’exprimer en passant par toute forme de phases. Elle peut être très sophistiquée, comme la poésie, ou simple comme un SMS. Pour nous tout est littérature, au même titre que tout est mode. C’est comme ça que nous avons fait le lien entre la littérature et la mode.” explique Ulysse. De l’expression par le langage au vêtement, il n’y a qu’un pas, que Marion franchit aisément : “Je lis, je souligne et je note des phrases et des mots qui partent dans plusieurs directions et vont me créer un imaginaire. Je pense d’abord à un concept, puis je vais chercher quelques images mais assez peu finalement. J’ai un petit côté philosophe et les livres sont très importants pour moi.

La collection de l’automne-hiver 2017 tisse à nouveau un lien avec la littérature, cette fois-ci par le biais de la dystopie, ce genre littéraire qui imagine un avenir sombre pour l’humanité : “Cette collection a été pensée alors que les attentats du 15 novembre avait eu lieu. Pendant un temps on s’est dit, comme peut-être beaucoup de monde, que tous ces attentats, s’en devenait absurde et que le futur devenait à l’image de 1984 ou 451 Farenheit, car la dystopie c’est avant tout un futur noir, mais très réel et très proche.” ajoute Marion. En réponse à ce futur qui ne s’annonçait déjà pas très rose, la résistance s’organise, et chez Proèmes de Paris, elle passe bien sûr par les livres et les vêtements.

Inscriptions “Knowledge is Sacred”, “Les filles qui lisent sont dangereuses” et poèmes de Rimbaud glissés dans la poche d’un jean transparent, tout nous rappelle que le savoir passe par la littérature et le langage et que rien n’est plus fort que les lettres. On en revient à notre rapport à la littérature et aux livres : dans beaucoup de futurs dystopiens, les autodafés recommencent. On met le feu aux livres au lieu d’éteindre les incendies.” explique Ulysse, “Quand Marion a commencé cette collection, des lieux de cultures était pris pour cible.  On peut brûler des objets de culture mais pas les idée. On ne peut pas empêcher quelqu’un d’écrire, de s’exprimer par la langue, de chanter, d’écrire un mot d’amour. Alors certes cette collection a pour thème la dystopie, mais on reste optimiste, le savoir triomphera toujours.

Pour faire triompher les livres, Proêmes de Paris a organisé le 29 juin dernier une exposition éphémère Les filles qui lisent, réalisée par Romain Kinnoo, mise en scène par Perron et Frères et accompagnée par une œuvre sonore spatialisée créée spécialement par le collectif Alcôme. 150 femmes ont été filmées en train de lire un texte de leur choix. Mimiques, rires ou regards concentrés, leurs lectures deviennent un acte poétique à lui tout seul qui donne vie aux textes qu’elles ont choisi. Si le pouvoir se cache entre les page d’un livre et les syllabes de mots, les mettre entre les mains de femmes montre sûrement la voie à suivre pour accéder à un avenir plus utopique. Ces filles du futur terriblement poétiques seront à retrouver bientôt sur l’Instagram de Proêmes de Paris à la mi-juillet. En attendant, il ne vous reste plus qu’à conquérir le monde avec votre bouquin de plage préféré.