De son vrai nom Nanna Øland Fabricius, cette ancienne danseuse classique reconvertie en jeune auteur-compositeur au charme électro-pop indéniable déboule comme un boulet de canon avec un premier album à la fois dense et frais, à la manière des flocons de neige de son Danemark natal.

Comment décrirais-tu ton style musical ?

Je dirais un mélange entre un côté urbain, des rythmes électros puissants, des basses généreuses et quelque chose de plus proche de la nature avec les violons et les chœurs. Cela me paraît assez juste. en fait, je suis tiraillé entre ces deux atmosphères, comme au milieu d’une tempête. Je voudrais que ma musique sonne comme la rencontre entre une création de 2050 et quelque chose de très classique aussi, un peu comme un étranger qui aurait tout d’un vieil ami.

Comment as-tu débuté le chant ?

Petite, j’ai pris des cours pour devenir danseuse classique, mais, suite à un problème de dos, j’ai dû arrêter de danser à l’âge de 18 ans. Mais j’ai toujours chanté et joué de quelques instruments. Ma mère est chanteuse d’opéra et mon père compositeur : j’ai donc toujours eu un environnement musical autour de moi. Par contre, je ne songeais pas à devenir musicienne moi-même. Je crois qu’il s’agissait aussi d’une petite rébellion vis-à-vis de mes parents : ils pensaient que j’allais embrasser la même direction qu’eux et, bien sûr, l’idée de suivre leurs traces ne me plaisait pas.

Qu’est-ce qui t’inspire lorsque tu composes ?

Si je me sens forte et bien dans mes chaussures, alors je ne me sens pas vraiment inspirée et cela ne vient pas, alors que si je me sens vulnérable et prise dans des situations que je ne parviens pas à gérer, je deviens créative. De ce fait, j’ai tendance à me mettre en danger assez souvent (rires). Lorsque j’écris une chanson, je me demande toujours si elle sonne comme (ou ressemble à) autre chose, et quel genre d’émotion elle suscite. Je m’efforce de donner une infinité de possibilités et de faire en sorte que toutes les sensations se conjuguent pour créer leur propre langage.

Ton nom d’artiste est assez étonnant ! D’où provient-il ?

C’est mon second prénom. Le Ho s’écrit avec le o suédois barré, donc en anglais classique cela donne ce nom un peu spécial.

Autant sur les séries photo où l’on t’a vue que sur scène, tu sembles assez portée sur les effets lumineux…

Oui, c’est vrai. D’ailleurs dès le départ je voulais que la musique électronique puisse être personnifiée physiquement, et pas seulement du son qui sort d’un laptop. J’ai donc travaillé avec un ingénieur et nous avons développé cette idée de boîte – un écran LeD – activée par les mouvements. La musique demeure la partie la plus importante, bien sûr. Mais j’ai grandi avec une maman chanteuse d’opéra, et j’ai baigné dans cela toute ma jeunesse en allant à l’opéra chaque soir, donc la musique a forcément pour moi un côté assez théâtral. Tout cela est finalement assez naturel.

As-tu envie de collaborer avec d’autres artistes ?

J’adorerais faire un trio avec Dolly Parton et James Blake. on composerait de nouvelles choses tous les trois, ou alors on pourrait faire Redemption Song ou Imagination sur scène : petite, j’étais obsédée par John Lennon et The Beatles. Notamment dans I Am the Walrus (face B du single Hello Goodbye, 1967) il y a une colère et un tempérament qui me touchent beaucoup. Étant habituée à écouter beaucoup de musique classique, j’étais fascinée par ce côté brut.

Ton look semble assez étudié. Comment décides-tu de ce que tu vas porter sur scène ?

Je veux que cela participe toujours de ma musique : c’est donc la musique qui influe sur mon look de scène, selon l’atmosphère et le style des chansons, sans oublier la scène elle-même, bien sûr. Par exemple, dans le cas d’un show assez uptempo dans un club je vais plutôt choisir des vêtements plus « flous » qui autorisent les mouvements et la danse, des vêtements qui me laissent de l’espace et de la liberté de déplacement. Par contre, lors d’un concert plus classique, plus intimiste, ou même acoustique, je vais opter pour des vêtements plus près du corps, car je ne vais pas danser.

La scène, c’est magique pour toi ?

Même lorsque j’étais très en colère quand j’étais petite, je me taisais dès que j’arrivais en coulisse. Le simple fait de monter sur scène avait quelque chose de sacré. Lorsque j’ai dû arrêter la danse, je suis devenue un trou noir. La musique a alors été la seule chose à laquelle j’ai pu me raccrocher, car elle me donnait la sensation que je pouvais danser encore. Lorsque je m’allongeais et que je fermais les yeux, je pouvais inventer des mélodies sans bouger.

OH Land (Sony Music) myspace.com/ohlandmusic

Propos recueillis par Joss Danjean