Aujourd’hui, parlons rock psychédélique, avec deux groupes qui s’apprécient tout particulièrement et se sont grandement inspirés l’un l’autre.

Venus pourtant d’horizons différents, les New-Yorkais de MGMT et les Australiens de Tame Impala se sont, en effet, côtoyés à de nombreuses reprises. Le groupe du pays des kangourous a en effet assuré la première partie du duo américain lors de leur tournée US en juin 2010, les rejoignant même sur scène pour un final explosif sur le tube Kids. Chapeautées par le gourou Dave Fridmann qui a aussi officié entre autres pour The Flaming Lips ou Neon Indian, leurs productions respectives se ressemblent jusque dans leurs visuels complètement barrés. Repris chacun récemment dans des spots publicitaires en France (Orange pour le premier, Blackberry pour le second), les deux groupes entrent dans nos têtes. On ne les lâchera plus. Leurs avenirs, tout comme leur musique, semblent d’ailleurs se moquer des limites.

Le duo MGMT sortira son troisième et nouvel album (éponyme) le 17 septembre. Les deux titres déjà parus Alien Days et Your Life Is a Lie ont d’ores et déjà prouvé que Ben Goldwasser et Andrew VanWyngarden n’ont rien perdu de leur superbe, ni de leur bizarrerie.  Cet album fait suite à leur premier disque Oracular Spectacular sorti en 2007, machine de guerre bourrée de tubes qui les placera en maîtres d’un genre nouveau sur la scène pop internationale. Le tortueux Congratulations sorti en 2010, tout aussi excellent bien qu’au contraire n’en possédant volontairement aucun. Le groupe semble se permettre de plus en plus de libertés dans ses choix artistiques, quitte à prendre des risques (une des pires pochettes de 2010 pour leur deuxième album selon Pitchfork, dont le morceau central fait non moins de 12 minutes). Passé furtivement en promo au bar Carmen en juin dernier pour un DJ Set au comble du cool, le duo se produira à l’Olympia (comme leurs confrères Tame Impala récemment) pour un concert déjà archi complet le 8 octobre dans le but de défendre leur fournée à venir. Signé chez le mastodonte Columbia Records (Daft Punk, David Bowie, Beyoncé…), MGMT s’apprête à chambouler les codes mi-septembre avec un album résolument plus indé, faisant preuve à nouveau d’une grande habileté pour imposer des sons nouveaux, là où on ne les attendait pas.

Tame Impala est mené par la tête pensante Kevin Parker, à l’origine de Dee Dee Dums renommé suite au changement du batteur à deux reprises. Le groupe qualifie sa musique de « rock mélodique hypno-groove psychédélique », c’est dire si on part loin. Fort de son succès en Australie, s’octroyant même la 1ère place de l’Australian Independent Record Labels (AIR) en 2008 pour leur premier EP éponyme, Tame Impala signe chez Modular Records. Deux ans plus tard sort le premier album Innerspeaker, véritable trip hallucinogène. S’en suit alors une tournée internationale en tête d’affiche qui les mènera notamment en Europe. Le groupe semble d’ailleurs très attaché à la France, qui le lui rend plutôt bien. En témoigne leur dernier album Lonerism sorti en 2012, dont la pochette est le Jardin du Luxembourg à Paris (photo prise par Kevin Parker himself) et dont la tracklist fait apparaître le titre Endors toi. Le disque a d’ailleurs été en majeure partie enregistré dans notre beau pays. Kevin Parker a aussi grandement collaboré sur le premier album de sa compagne parisienne Melody Prochet, ils se sont rencontrés au bar très indie le Motel de la capitale, pour son groupe Melody’s Echo Chamber signé chez le grandiose label indépendant Fat Possum (Temples, Frankie Rose, Youth Lagoon, Christopher Owens…). La jeune demoiselle a tout naturellement fait leur première partie en juin dernier dans la prestigieuse salle de l’Olympia. Tame Impala vient d’ailleurs de terminer sa tournée estivale française, s’appuyant sur des projections visuelles psyché type screensavers, avec des passages très remarqués notamment à la Route du Rock et à Rock en Seine. Les mecs de Tame Impala imposent leur rock psyché romantique de manière plus classique mais en s’ouvrant sur le monde. On leur souhaite de devenir aussi populaires que MGMT, puisque c’est peut-être là que réside la grande différence entre les deux groupes.

 

Par Benjamin-William Mauries