A priori M.I.A. et Santigold sont faites du même bois : toutes les deux se sont fait remarquer sur la blogosphère, dans la seconde moitié des années 2000, pour leur propension à marier entre eux des styles musicaux hétéroclites y ajoutant pour faire bonne mesure de petites touches orientalisantes. Néanmoins, question image et politique, les deux donzelles ont un agenda bien différent.

Lorsque l’on évoque le cas M.I.A., difficile de séparer la musique de la controverse. Et pour cause : bien que née à Londres, la jeune Maya Arulpragasam passe une partie de son enfance dans un Sri Lanka en pleine guerre civile, avec un père tout entier gagné à la rébellion tamoule. Guère étonnant donc que son parcours mêle sorties militantistes, esthétique hacktiviste et altercations avec la presse. Sa mixtape de 2004, intitulée ironiquement Piracy Funds Terrorism, Vol.1, annonce parfaitement la couleur tandis que ses deux premiers LP (Arular en 2005 et Kala en 2008) présentent un mix enthousiasmant de dancehall exotique, de collages sonores et de tirages rap mêlant le politique au personnel. En 2010, sa propension à faire la morale finit toutefois par se retourner contre elle puisqu’un portrait paru dans le New York Times la décrit comme une hypocrite – suite à quoi Maya lâche son fameux tweet agacé « Fuck the New York Times ». Manque de chance, cette mauvaise publicité coïncide avec la sortie d’un troisième album en demi-teinte, / \ / \ / \ Y / \. Son prochain album, Matangi, est prévu pour cette année.

Loin de l’image « grande-gueule en colère » de M.I.A., SantiWhite donne plutôt dans l’esthétique pop glossy et l’hédonisme décomplexé – du genre à prendre tranquillement ses vacances à Aspen, station de ski fétiche de la bourgeoisie américaine. Après avoir été directrice artistique chez Epic Records, cette fille d’avocat quitte son job début 2001 pour co-écrire et produire l’album de la chanteuse R’n’B Res. Dans la première moitié des années 2000, elle officie ensuite en tant que chanteuse au sein du groupe postpunk Stiffed, avant d’être repérée par le label Lizard King Records, qui lui propose un contrat solo. Sous le nom de Santogold, elle publie en 2008 un premier album éponyme qui séduit par sa capacité à juxtaposer des styles hétéroclites, passant avec nonchalance de l’indie-pop 80’s au gros ragga-club. Malgré un look empruntant souvent au R’n’B bling-bling, la jeune femme cite en effet Devo comme son « groupe préféré de tous les temps ». Rebaptisée Santigold début 2009, elle dévoile son second album, Master of My Make-Believe, en 2012.

Par Thibault Goehringer.