Le fondateur du méconnu mais excellent label Ghostly International nous livre un nouvel album de son cru. Digne successeur de Black City, Beams se révèle être un disque hautement lumineux.

Par Joss Danjean

S’il est des producteurs de musique électronique difficiles à classer, Matthew Dear fait bien partie de ceux-là : de l’abstract-électro de son projet Audion en passant par Jabberjaw ou False jusqu’à la pop électronica iconoclaste sous son nom, il n’a jamais cessé d’évoluer depuis ses débuts jusqu’aux sommets de son précédent album, Black City. Sur Beams, il parvient à développer la même qualité d’écriture et de composition mais avec, cette fois-ci, un ton beaucoup plus personnel. Pour autant, les choses ne sont pas si simples (elles ne le sont jamais avec Matthew). L’intéressé l’énonce haut et fort : « j’aime qu’il y ait une sorte de cryptage, que mes paroles ne soient pas faciles à appréhender. Beams est comme une suite à Black City, comme si on avait pénétré à l’intérieur de ce trou noir pour arriver de l’autre côté. Les chansons rendent compte de mes expériences : mes amours, mes rapports avec mes amis et ma famille. Et à tout cela vient s’ajouter quelque chose de plus inconscient… Ensuite d’autres thèmes plus fondamentaux surgissent comme dans le single « Her Fantasy » où il est question d’interrogations semblables à celles du personnage de Michael Fassbender dans Prometheus à propos de la nature de la conscience et de l’intelligence de la machine. L’Américain s’explique : « la question que je me pose constamment et qui traverse mes morceaux, c’est « qu’est-ce qui est réel ? » C’est un point de départ car je ne prétends pas apporter une réponse à cette interrogation, c’est simplement que le questionnement fait partie intégrante de mon art. » 

En comparant son premier album Asa Breed paru en 2007 et ce déjà cinquième album, on peut se rendre compte du chemin parcouru et l’on ne peut qu’être excité à l’idée d’entendre ce que cet auteur/compositeur/chanteur/producteur sera capable de réaliser dans le futur ! En attendant, à vous d’apprécier Beams à sa juste valeur, à savoir comme un solide pont entre pop pure et électronique de haute volée. 

MATTHEW DEAR

Beams

(Ghostly International)

www.matthewdear.com