Avec des collections qui racontent des histoires, toutes simples, truffées de références à la culture populaire et boostées à l’humour belge, Jean-Paul Lespagnard est de ces personnages qui injectent une bonne dose de dérision dans leurs créations. Lauréat en 2008 du célèbre festival de la mode, le styliste liégeois foutraque et fantaisiste, 32 printemps à son actif, revient sur son après-Hyères !

Petit retour en arrière. Festival de Hyères, en 2008. Jean-Paul Lespagnard, 30 ans, à la créativité débridée, présente une collection intitulée « Ich Will ‘nen Cowboy Als Mann ». Styliste aux talents de conteur, il nous y fait suivre les péripéties de Jacqueline, vendeuse de Friktot qui rêve de faire du rodéo aux États-Unis. Il y présente des tenues colorées, portées par des mannequins aux perruques peroxydées et aux sourires ravageurs. Un anticonformisme doublement salué, puisque le jeune belge remporte le prix du public et le prix 1.2.3 qui lui apportera une visibilité grand public.

Consacrant les meilleurs espoirs de la couture de demain, le festival s’est révélé comme un tremplin pour le styliste liégeois : « Lorsqu’on me demande ce que Hyères a changé dans ma vie, je réponds TOUT, sans exagérer ! Avant de montrer mes créations au festival de Hyères, j’étais styliste photo et costumier. Mais je voulais vraiment créer ma propre marque. Désormais des grands noms de la couture comme Riccardo Tisci, président du jury en 2008 et directeur artistique de Givenchy, suivent mon travail. C’est une chance ! »

Depuis trois ans, le créateur ne cesse d’enchaîner les projets. Pour la collection 1.2.3, il continue de nous conter les aventures de Jacqueline, à la manière de la série Martine, après « Jacqueline fait du rodéo en Amérique », on suit la virée de l’égérie belge de JPL à la montagne avec Sylvester Stallone. Cette approche très théâtrale de la mode est sans doute ce qui lui a valu les lauriers du jury et du public en 2008 : « À chaque collection, je crée une histoire, comme un scénario de film. Je ne conçois pas la mode sans une certaine mise en scène. » En 2010, il investit la cour des Pieds Carrés de la villa Noailles avec l’exposition « Dig On For Victory ». Il y fabrique une cabane, inspirée par une sorcière, d’après ses dires, et habitée par des hommes-arbres pour une exploration des pensées Lespagnardes. Et ce printemps, on suivait les péripéties d’une bourgeoise amoureuse d’un dekatora japonais. Jamais à court d’idées !

Le joyeux Belge vit à 200 à l’heure et n’est pas prêt de s’arrêter. Créateur des tenues de scène de la délurée Yelle et des costumes des spectacles des chorégraphes américains Jeremy Wade et Meg Stuart, il est de ceux qui se jouent des codes avec humour, un humour qu’il caractérise volontiers de « tarte à la crème » et qui n’est pas sans rappeler les créations pop et amusantes d’un certain Jean-Charles de Castelbajac.

www.jeanpaullespagnard.com
Par Charlène Salomé