Du 9 au 11 novembre, 82 films en compétition, 7 hors compétition et une dizaine de documentaires de mode ont été présenté devant un jury composé dartistes et de personnalités du monde entier (Maria Luisa Tim Blanks, Emanuel Levy, Rossy De Palma en maîtresse de cérémonie et bien dautres).

Véritable lien entre la mode et le cinéma, la vidéo permet de révéler tout lesthétisme et la sensibilité de la mode. Chaque court-métrage présenté offrait son originalité (scénario, maquillage et tenue, choix du montage, bande-son, film danimation, film publicitaire, etc.). On retiendra par exemple le court métrage Morphé de Lucy McRae pour Aesop, un mélange entre le cinquième élément et Frankenstein tout en délicatesse et sensibilité, Into The Abyss de Nathaniel Brown, une réalisation très mode et sensuelle avec une touche de mélancolie, ou encore Lil Buck de Jacob Sutton, résolument moderne et rythmé par une danse hip-hop.

Le palmarès de la 5ème édition du festival ASVOFF a été dévoilée :

– Grand Prix ASVOFF 5 : Headpieces for peace de Jessica Mitrani

– Catégorie “Best Art Director : Hors d’oeuvre de Monica Menez

– Catégorie “Best Acting” : Brett Guitar Hofer pour le film A Private Conversation With Brett Guitar Hofer, Talent Scout ! de Haans Nicholas

– Catégorie “Best Styling” : Uniform d’Alexa Karolinski

– Catégorie “Best Sound” : Visiting Hour de Marie Schuller

– Catégorie “Best Advertising Film” : Watermarked de Marco Rosso (pour Kenzo) et Morphé de Lucy McRae (pour Aesop)

– Catégorie “Emergent Talent” : Danny de Goran Grahovac

– Catégorie “Beauté” : A mon seul désir de Ioulex et Mogollon

– Catégorie “Best Documentary” : To be honest de Jason Last

A loccasion du festival, Modzik a interviewé la grande dame à l’initiative du festival ASVOFF. Vêtue de noir comme à son habitude, la mystérieuse Diane Pernet répond à nos questions. Son portrait, son projet.

Quel a été le déclic qui vous a poussée à créer le festival ?

En réalité, ça a commencé en 2006, lorsque jai été commissionnée par Eley Kishimoto pour faire un road movie sur la collection masculine. Jai réalisé un film de 18 minutes qui est sur mon blog. Cela faisait longtemps que j’avais en tête de faire un festival, mais il ny avait pas assez de matière pour cela.  Et quand jai montré mon film à mes collaborateurs à Los Angeles, ils lont aimé et mont proposé de le projeter à Los Angeles. Le jour daprès, Enrique Gonzales ma également envoyé un film. Il tombait bien, car je ne voulais pas projeter que mon film, donc jai décidé de créer un festival de films consacrés à la mode. D’où la naissance de « You wear it well », mini-festival qui a duré deux ans. Puis en 2008, David Herman, qui avait lu un article sur « You wear it wel » ma contactée. Il ma proposé de montrer ce festival au Jeu de Paume et cest ainsi quon a commencé à travailler ensemble.

Parlez-nous de ce côté « international » du festival…

Cest le premier festival de mode international annuel, il y a plus de 80 courts-métrages de 50 pays différents, on a vraiment des productions venant des quatre coins du monde. Il existe un autre festival qui a également commencé en 2006 (pour lequel j’ai un film qui participe d’ailleurs). Mais il est complètement différent, rien à voir avec le contemporain, cela tient plutôt des archives.

Quels sont les critères pour quun film figure au festival ?

Lidée est de faire un choix très diversifié et le critère principal est loriginalité, un film qui a la possibilité de « transporter » le spectateur. Il ne faut pas tomber dans la simple prise de vue, pour moi il ne sagit pas dun film lorsque lon marche juste en face dun appareil. La mode a besoin d’être le protagoniste. Les critères sont ceux du film en général, à savoir : travailler la direction artistique, le scénario, la bande-son

Quels sont les éléments qui vous touchent davantage ? Et vos coups de cœur du festival ?

Jaime quil y ait un mélange entre la mode, le social,  et lintellectuel, le tout avec une bonne dose dhumain. Parce que je pense que la mode a vraiment besoin dun peu dhumain (rire).

Comme jai fait la sélection, jai plusieurs préférences tandis que le jury délibère pour le prix. Mais je peux dire que je suis vraiment contente avec tous les gagnants. Jai eu un coup de cœur pour Headpieces for peace (Jessica Mintrani) et Hors doeuvre (Monica Menez) mais jaime tous les films et jadore les documentaires. Cest la première fois quil y a des documentaires au festival.

Lan dernier c’était la première fois que lon introduisait les films danimation, cette année ce sont les documentaires. Il y a 10 documentaires qui sont en compétition pour un prix.

En tant que bloggeuse, que pensez-vous de limportance et de linfluence actuelle des blogs dans le milieu de la mode ?

Cest tellement important. Jai commencé mon blog en février 2005. A cette époque j’étais lune des premières avec une autre fille, Anina.net, une mannequin qui connaît peu de la mode mais qui est incroyable pour la technologie. Avant je n’aurais pas pu, car j’écrivais pour Elle.com, vogue.fr, etc. Mais on ne peut pas écrire comme on veut. Je nai pas répondu à la question (rire).

Les blogs de mode amateurs témoignent d’une ouverture dans le milieu de la mode. La trouvez-vous légitime et appréciable ?

Oui, je trouve que louverture est une bonne chose parce que je pense que la plupart des blogs sont tenus par des consommateurs qui parlent des choses quils aiment. Il y a des gens comme Bryanboy qui aiment les vêtements et sont parfois en « extase » pour un vêtement et je trouve cela intéressant. De plus, ça marche parce quil y a de la demande. Certains sont payés pour faire des articles, ils gagnent 10 000 euros pour boire un coca-cola et en parler, cestdingue (rire) personne ne me demande ça à moi !

Vous avez été créatrice, styliste, costumière, photographe, journaliste… En dehors du festival, avez-vous un nouveau projet ? Une nouvelle manière daborder la mode ?

Je ne sais pas si cest une nouvelle manière daborder la mode mais je suis en train d’écrire ma biographie. Un agent littéraire de Los Angeles tombé du ciel, une personne que je ne connaissais pas du tout, ma envoyé un e-mail en me demandant si je pouvais écrire une biographie. Donc ça cest un nouveau projet oui, assez difficile à faire (rire).

Par Mélanie Cayrol