Wekafore, c’est le renouveau de l’art Africain. Un homme qui ne manque pas d’inspiration, autodidacte et véritable touche à tout qui avance avec une seule et même ligne directrice qui guide ses travaux: la spiritualité. On l’a retrouve tant dans ses collections mode que dans sa musique avec son groupe, Egosex, mais aussi avec Voodoo Club, le concept de soirée qu’il a mis en place dont le caractère principale est l’inclusivité. Gros plan sur l’univers de Wekafore.

Texte & interview : Oriane Houdayer

Ta musique mélange la funk, la pop alternative, une vibe spirituelle même. Avec quel genre de musique as-tu grandi? Qu’est-ce que tes parents t’ont fait découvrir, quand tu étais plus jeune?
Mes parents sont très chrétiens, j’ai grandi en allant beaucoup à l’église, en écoutant beaucoup de gospel traditionnel nigérian. Dans la rue, on écoutait de tout, ça passait d’Akon à Yinka Ayefele.
Pendant des mois, j’ai écouté la pop radio, c’était horrible, mais en rétrospective, ça a été un bon exercice pour écrire mes chanson par la suite.

Pourquoi as-tu décidé d’appeler ton EP Spirit Disco? D’ou tires-tu ta spiritualité?
J’ai décidé d’appeler cet EP Spirit Disco parce que c’est le meilleur moyen de nommer la direction artistique et musicale vers laquelle nous nous dirigeons. C’est de la pop blues électronique spirituelle introspective. Cette spiritualité, elle me vient inéluctablement de ma mère.

Dans ton art, tu mélanges le vintage et l’ultra moderne, le « primitif » et le futurisme… Comment définis-tu ton style, pouvons nous te définir comme un vieux-jeune homme?
Les gens disent de moi que j’ai une âme de vieillard, peut-être parce que j’ai toujours l’air fatigué? Je ne sais pas, je pense que je suis juste moi même. Mon style est une association de références Africaines des années 70s, il est doté d’une empreinte primitive, il doit être fonctionnel et être flamboyant. J’ai envie de me sentir comme une rockstar tous les jours.

Tu es un véritable touche-à-tout, tu as fondé le Voodoo Club, tu fais ta propre musique avec ton groupe Egosex et tu désignes tes vêtements. Si tu devais faire d’un seul domaine ta spécialité, lequel serait-il?
Si je choisis d’être égoïste et de ne me concentrer que sur moi, ce serait la musique. C’est très libérateur, j’adore monter sur scène et être une diva !

Pourquoi le concept d’art primitif africain que tu nommes ainsi pour évoquer Spirit 003, ta collection homme printemps/été 2020 guide-t-il ton travail?
L’art primitif africain est pour moi une obsession visuelle et philosophique. Je trouve ce concept pur et libérant.

Le corps a l’air d’être vraiment important pour toi, tu crée des vêtements « seconde peau ». Pourquoi la nudité noire est si importante pour toi?
Le corps noir dénudé est une partie essentielle du processus d’une perception romantique du passé de la noirceur et de la négritude. Mon objectif est de trouver de nouveaux moyens de montrer l’étendue du pouvoir de la peau noire. Plus la peau est noire, plus j’ai de contenu.

Quel est ton premier souvenir de mode?
Je me souviens d’avoir acheté la tenue de Noël de ma mère dans un marché de seconde main.

Quel est la pièce phare de ton dressing?
Mes bottes Saint Laurent.

Tu as vécu dans beaucoup de villes à travers le monde, quelles influences gardes-tu de ces aventures?
Tellement! L’influence la plus importante dont j’ai hérité est la possibilité d’être capable de comprendre les gens de tellement de façons différentes. Ce qu’ils trouvent drôle, offensant, comment communiquer avec un language universel.

Selon toi, pourquoi aujourd’hui l’Afrique connait-elle un essor si signifiant dans le monde de la mode, de la musique et de l’art en général?
C’est juste naturel que les choses reviennent là où elles ont commencées, puis les gens en ont assez de régurgiter les mêmes vieilles valeurs depuis plus de 1000 ans. ‘Le monde du Western’ a toujours su que l’Afrique était une mine d’or, ils ne savaient juste pas à quel point elle était profonde.