Récemment, Modzik s’est entretenu avec Bastien Laurent, l’un des fondateurs du label français AVOC afin de discuter de l’importance d’évoluer à plusieurs à la tête d’une marque de mode. AVOC est né de l’union entre lui et Laura Do (son acolyte, depuis 2013) et présente une mode intrinsèquement liée à la ville de Paris, en hommage à sa richesse et à sa diversité. Rencontre.

AVOC FW18

Comment est né Avoc et la fusion avec Laura Do, la co-fondatrice ? 

Bastien Laurent : Avoc est né de conversations et de beaucoup d’échanges entre deux personnes aux héritages et aux histoires différentes. Avoc est né de mon envie d’apprendre des choses auprès de Laura car elle avait beaucoup de références dans la mode. Plus tôt, elle avait travaillé en tant que scénographe pendant longtemps et avait déjà un univers bien à elle que je ne connaissais pas. Nous avons commencé à dessiner ensemble des pièces, des scénographies et des silhouettes et elle m’a appris la dimension technique du vêtement, notamment le modélisme. En tout, il y a eu 8 mois de transmission de savoir.

Et quelles sont les références qui t’appartiennent ? 

BL : Mes références sont plus “bruts” et intrinsèquement liées à mon quotidien et à ma vie. Elles répondent bien à celles de Laura car nous nous complétons.

AVOC FW18

Quand vous êtes-vous rencontrés ? 

BL : Nous nous sommes rencontrés à Paris mais à l’époque, j’habitais à Amsterdam tandis qu’elle naviguait entre ces deux villes.

Pour beaucoup de jeunes designers et de labels indépendants, il est difficile de se lancer seul. Selon toi, est-ce qu’il est plus simple de lancer sa marque avec un partenaire créatif et est-ce le bon moment pour le faire ?  

BL :  Très franchement, se lancer tout seul me paraît quasi impossible car ingérable et créativement parlant, le fait d’être deux fait que notre mode est plus riche et permet également de tenir sur la durée. Car finalement, l’enjeu principal est de tenir surtout.

AVOC FW18

D’ailleurs, tu me parles de créativité mais quels sont les autres avantages de travailler à plusieurs ?

BL : Cela permet plus de créativité comme je te disais car ton propos devient plus riche. Ce que j’aime dans ce qu’on fait et que je veux défendre c’est que nous ne sommes pas uniquement une marque de “streetwear”, ni une mode déconnectée de nos origines et de la rue. Nous sommes tous sur la même longueur d’onde avec le reste de l’équipe. Nous avons des personnalités différentes et nous nous complétons sur beaucoup de choses. Par exemple, Laura est une très bonne négociatrice mais si je t’explique notre mode de fonctionnement, ça va être extrêmement long.

Comment peut-on définir vos rôles, dans quel secteur auras-tu plus d’impact que ta partenaire et vice versa ? 

BL : Par exemple, je décide des mauvaises nouvelles et c’est elle qui les annonce. Créativement, je suis plus dans le détail du vêtement et dans la dimension conceptuelle. Quant à Laura, elle a un regard plus posé et “référencé”, ce qui nous aide inévitablement à garder une mode consistante, cohérente et logique par rapport à notre environnement global d’expression.

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Est-ce qu’il y a des inconvénients à travailler en équipe ? 

BL : Personnellement, je ne les vois pas et je sais que je ne pourrais pas travailler seul car je sais pertinemment que je m’amuserais moins, comme beaucoup de choses dans la vie finalement. Ce n’est pas trop une option d’être une seule tête pensante car j’aime le fait que l’on partage les responsabilités.

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Est-ce qu’on peut parler d’inspirations différentes chez AVOC pour vos défilés et collections ? 

BL : Chez AVOC, on ne parle pas vraiment d’inspirations pour nos collections. Si je dois résumer, je dirais qu’il n’y a qu’un seul thème depuis le début et que l’on travaille dessus d’une collection à une autre en le nourrissant différemment grâce à de nouvelles idées. En l’occurence, pour notre dernier défilé AH18-19, nous avons rendu le thème très clair, celui du “Grand Paris” (Paris et sa “banlieue”) en l’inscrivant partout sur les vêtements cependant, il a toujours été le même depuis le commencement de la marque. AVOC est avant tout monothématique et cette collection est une synthèse de ce qu’on fait depuis nos débuts ainsi qu’un tournant important dans la mesure où nous avons simplifié et assumé certaines choses. Par exemple, le fait d’écrire “Grand Paris” sur des pulls représente l’idée de se localiser sur un territoire qui est le nôtre. Il faut du temps et plusieurs années avant d’affirmer et d’assumer cela.

L’une des grosses références de la dernière collection est le livre “La ville poreuse” de deux urbanistes italiens. Il s’agit de la cartologie et de la Data sur le Grand Paris. Il y a plusieurs pièces avec des cartes imprimées ou peintes à la main avec leurs légendes dans la collection. La chose principale à retenir sur AVOC est que nous sommes monothématique. Nous parlons de nous, de notre territoire et nous développons notre esthétique en fonction de nos humeurs.

Bastien Laurent et Laura Do d’AVOC ©Studio Fables

“La chose principale à retenir sur AVOC est que nous sommes monothématique. Nous parlons de nous, de notre territoire et nous développons notre esthétique en fonction de nos humeurs.” Bastien Laurent, AVOC