Créée il y a à peine trois ans, House of Base est une marque à la personnalité et aux caractères déjà bien affirmés ! Seba Stolarczyk, le jeune créateur, conjugue ses collections de prêt-à-porter avec l’art du court-métrage pour un résultat inédit entre fiction et documentaire. Le thème tourne toujours autour du non-genre. Les pièces intemporelles de cette nouvelle collection se prennent plus que jamais au jeu de l’ambiguïté androgyne toute en subtilité… Rencontre avec le créateur.

Modzik : Bonjour Seba, pouvez-vous nous présenter votre collection ?

Seba Stolarczyk : La collection s’inspire d’une génération née au cœur des années 90,  de cette génération “tumblr”, graphique et complexe, qui préfère être chez soi et s’afficher en vedette sur Photobooth. Elle s’inspire de leurs codes, piochés dans un lexique visuel démesuré. Les formes sont lâches, les silhouettes déconstruites. Néanmoins, cette collection reste simple et confortable.

– Si vous deviez baptiser cette série , comment l’appelleriez-vous ?

« Bedroom Generation » !

– Plutôt homme, plutôt femme, plutôt… ?

Plutôt hybride.

– L’idée que House of Base est une marque “inclassable” vous satisfait-elle ?

Complètement ! En faisant ce que je fais, je ne cherche pas à rentrer dans une case, mais plutôt en ouvrir une. Je ne veux pas forcément parler à tout le monde mais l’idée que tout le monde puisse se retrouver à travers mon travail m’intéresse beaucoup. Chaque collection exprime un sentiment différent et reflète quelque chose de personnel.

– On ressent beaucoup de sensibilité dans la manière dont les coupes et les détails sont pensés. Quelles parts de vous-même, en tant que créateur, reflètent cette collection ?

Toutes, j’imagine. Bien que mes collections soient colorées ou énergiques, la plupart naît d’un sentiment de tristesse et de solitude. Je pense être une personne qui absorbe et transmet beaucoup, il en est de même avec mon travail.

– Quelle est votre muse ?

Mes proches et mes amis reflètent tous une part de “muse” qui m’inspire et qui me plaît à interpréter.

– Que vous inspire la personnalité de Céline Delaugère ? Pourquoi l’avoir choisie, elle, pour présenter votre collection ?

Cette rencontre est née d’un hasard complet. C’est une complicité qui s’est installée avant même toute projection de collaboration. Notre amitié a commencé par une conversation sur Patti Smith. Sa personnalité m’a touché, sa simplicité m’a séduit. Elle était pour moi, cette jeune femme hybride en pleine croissance, aussi mûre que pleine d’insécurités. Aussi femme, que créature. Je l’admire beaucoup.

– En quoi cette dernière collection est différente des précédentes ?

Je pense avoir affirmé davantage ma façon de penser le vêtement. Il peut être totalement instinctif ou plus technique et maîtrisé. Il en ressort, à mon sens, une meilleure balance. Le vestiaire est plus large et se décline plus aisément.

– Pensez-vous avoir atteint une maturité artistique et stylistique ?

Oui, je pense. Mais il me reste tout de même encore tant à voir, à apprendre et à comprendre…

– Vous utilisez beaucoup le moyen du court-métrage pour présenter vos collections : en quoi cette autre dimension vous paraît essentielle pour mettre en scène vos séries ?

La vidéo est selon moi un art total. Une collection naît d’une idée, de sensations, de fantasmes… et le court-métrage permet de faire exister tout ça. J’aime passer du temps dans l’atelier. Mais mettre en scène, aussi spontanément soit il, cet amas de sentiments est à mon sens la démarche la plus honnête et la plus belle.

– Que signifie “House of Base” ?

Littéralement, la maison de Seba (“base” à l’envers). L’idée de base repose sur le fait que chacun était libre d’apporter sa touche à une collection, un projet, d’inviter des amis, des artistes, des designers… à collaborer ensemble. Le principe est toujours d’actualité bien que je me retrouve davantage seul derrière tout ça, par envie ou par hasard, je ne sais pas.

– N’est-ce pas Paris votre “maison”, votre source d’inspiration ?

Bien sur, étant donné que j’y vis et y ai vécu longtemps ! Mais Paris semble se démystifier énormément et mon cœur tend à vouloir partir ailleurs.

– Avez-vous déjà en tête votre prochaine collection Printemps/Eté 2017 ?

Oui mais sans réussir pour autant à l’imaginer vraiment.

– Quelles sont vos destinations de vacances ? D’autres lieux, d’autres cultures inspirent-elles vos créations ?

J’ai découvert Lisbonne, où je pars depuis deux ans et qui est une ville incroyable. La plage, les amis, la ville… Et le cinéma portugais est à mon sens l’un des plus beaux. La culture underground, ici ou ailleurs m’inspire beaucoup ; les quartiers populaires, la banlieue ; les espaces publiques aussi angoissants que fascinants…

 

Crédits photos @aleijournal.com et @StasKalashnikov