Alors que Chanel s’envolera pour l’île de Cuba et que Louis Vuitton partira à Rio, Gucci embarque pour une destination moins exotique. Le 2 juin 2016, l’abbaye royale de Westminster à Londres accueillera pour la première fois le défilé Gucci croisière 2017. Et pourtant, l’austérité apparente du lieu a séduit Alessandro Michele qui semble avoir trouvé là un challenge à relever. 

Comme un écho à la reconnaissance des Anglais que lui avait décerné le prix du meilleur designer international aux British Fashion Awards 2015, Alessandro Michele honorera l’image purement traditionnelle et ultra-classique de la culture britannique. Choisir un tel lieu aussi emblématique de la royauté que l’abbaye de Westminster cache sûrement une signification et une symbolique forte. Ce lieu unique, bâti au XIIIe siècle, n’a jamais accueilli un défilé de mode de cette ampleur. A cette occasion, son cloître se transformera en podium pour les mannequins.

Hier, il était difficilement imaginable que le styliste italien « le plus excitant et le plus éclectique esthétiquement parlant », d’après les dires du jury du BFA, présente un jour son défilé croisière dans l’antre d’une bâtisse vieille de plusieurs siècles. De plus, on aurait eu peine à croire le Télégraph qui assurait qu’Alessandro était « obsédé par la culture britannique, passé et présente » ! Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, « Gucci à Westminster » sonne comme une évidence !

En effet, il est à se demander pourquoi les génies de la mode (tels que Karl Lagarfeld ou Raf Simons) n’aient pas pensé plus tôt à présenter leurs collections croisières à l’Abbaye de Westminster, faisant remonter les mannequins jusqu’à la nef majestueuse… On rêve déjà de costumes traditionnels de la royauté britannique revisités par le maître de “la haute-coutume”.

Alessandro aurait-il pris la grosse tête ? Pas du tout ! En s’inscrivant dans les pas de ceux de bien des époux royaux dont la reine Elizabeth (rien que ça!), le directeur artistique de Gucci élève l’univers de sa marque – et de la mode en général – au rang d’une certaine noblesse et au panthéon d’un art de vivre qui sied particulièrement bien à Gucci. Car, si l’atmosphère pompeuse et gothique de cette abbaye est indéniable, il est à parier qu’Alessandro saura contourner les codes officiels très stricts de ce « Royal peculiar » en créant un spectacle tout à fait hors normes. Après sa prestation à la fondation DIA-Art à New York  l’année dernière qui avait mis la barre très haut, Gucci promet un défilé exceptionnel.