Alors que le phénomène des mini-miss connaît un véritable succès aux Etats-Unis, le Sénat français vient de voter une loi interdisant les concours de beauté pour les jeunes filles de moins de 16 ans. Lancé par Chantal Jouano, cet amendement avait pour but de mettre en garde contre l’hyper sexualisation des petites filles, confrontées de plus en plus tôt à des pressions sociales souvent liées à l’apparence.

Importés des Etats-Unis, les concours de beauté pour enfants (filles et garçons confondus) font depuis quelques années un véritable tabac en France. “Miss Princesse”, “Graine de miss” ou encore “Mini Star” sont cependant aujourd’hui interdits, les organisateurs de ces concours risquant jusqu’à 30 000 euros d’amende et deux ans de prison. Une victoire pour la sénatrice parisienne Chantal Jouanno, qui a fait de l’hyper sexualisation des petites filles son cheval de bataille.

Outre-atlantique, le phénomène ne faiblit pas, bien au contraire. Sorti en 2006, le film indépendant Little Miss Sunshine jetait un regard critique sur ces concours de beauté hors-norme, en suivant les aventures de la famille Hoover, et en particulier celles d’Olive, 7 ans, un peu boulotte, dont le rêve est de devenir reine de beauté. Un rêve partagé par de nombreuses petites filles, ainsi que leurs parents, souvent plus motivés que leur progéniture à l’idée de gagner une petite poignée de billets.  

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Une aubaine pour la chaîne de télévision américaine TLC, spécialisée dans les émissions de télé-réalité racoleuses au possible, qui s’est ainsi mise en tête de filmer les participant(e)s et leur famille de concours en représentations. Sobrement intitulé Toddler & Tiaras, le programme regorge de fillettes gorgées d’UV, de costumes kitschs à souhait et autre maquillage appuyé les faisant passer pour de véritables poupées de cire. Le bon goût à son paroxysme.

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Devenu depuis un programme incontournable, Toddlers & Tiaras a même sa star en la personne de Honey Boo Boo, parfaite incarnation en chair et en os de la petite Olive de Little Miss Sunshine. La jeune fille, qui a aujourd’hui sa propre émission sous le nom Here comes Honey Boo Boo, a su séduire l’Amérique entière grâce à son franc parler et à son physique un poil ingrat loin des canons de beauté requis pour ce genre de concours. Il faut dire qu’Alana Thompson (le vrai nom d’Honey Boo Boo) et sa famille sont issus d’un coin paumé de la Géorgie et sont l’illustration vivante du redneck américain.

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Un engouement populaire qui dépasse l’entendement; le premier épisode de la série ayant rassemblé plus de deux millions de spectateurs lors de sa diffusion. Il faut dire que l’on oscille entre horreur et fascination devant cette petite fille nourrie au Red Bull et à la limonade et dont la passion pour les chips nous laisse perplexe.

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Finalement, la famille Thompson n’est qu’un ersatz américain de la famille Groseille de La vie est un long fleuve tranquille, et ne fait que refléter l’Amérique d’aujourd’hui, tiraillée entre problèmes de société et besoin de se divertir.

Alors déclin de la télévision ou véritable phénomène de société ? Le débat reste ouvert. Mais nul doute qu’Honey Boo Boo a encore de beaux jours devant elle.

Par Margaux Krehl