Malgré l’arrivé en fanfare de Raf Simons à New York, l’atmosphère légèrement tendue des États Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump a déteint sur les envies des créateurs américains. Tandis que le designer belge faisait décoller la marque dans la planète mode, une bonne partie des collections cumulaient les références au voyage spatiale, misant sur un nouvel eldorado face à cette Amérique troublée.

Calvin Klein FW17

Quand Raf Simons quittait la maison Dior pour rejoindre la direction de la création chez Calvin Klein, le mystère restait entier sur le possible résultat de cette alliance. Il faut bien avouer que le potentiel cool de cette hybridation était énorme. Calvin Klein était en état de grâce commercial et mode grâce à ses publicités misant sur la nouvelle génération d’influenceurs musique, mode et art, de Justin Biebers à Kendall Jenner en passant par FKA Twigs, ou Ryan McKingley et Harley Weir derrière la caméra. Sauf que la marque américaine comptait viser plus haut et briller à nouveau dans le haut de gamme. Avec Raf Simons, Calvin Klein est désormais fin prêt à assumer son nouveau statut mode. Parmi les premiers avant-goûts de sa patte créative, une nouvelle ligne baptisée Calvin Klein by Appointment, une annexe sur-mesure en hommage aux ateliers du designer originel. Raf donne le nouveau ton de Calvin Klein avec des créations rattachées à la culture américaine, de la robe du soir au costume de pom-pom girl, le tout côte à côte du slip blanc. Une première approche rapidement suivie par la campagne printemps-été 2017 signée Willy Vanderperre, où des modèles en slip et en jean contemplent des œuvres d’art contemporain.

Quand l’heure du défilé a sonné, tous ceux qui rongeaient leur frein ont fini comblé après ces soixante passages de prêt-à-porter signés Raf Simons pour Calvin Klein. Pour son premier round, le designer n’a pas oublié les codes sportswears de la maison, toujours avec des références à l’Amérique, des boots de cowboy aux housses plastiques de canapé venues se greffer sur les manteaux. Sous ses références made in America, le style Simons se décèle dans les silhouettes élégantes très affutées. Une révolution où le déjà-vu devient insolite, à tel point que Vogue US en a nettoyé la section défilé de la marque, éliminant au passage plusieurs années de catwalk. Une nouvelle ère a sonné pour Calvin Klein et celle-ci mérite bien une page blanche.

Space Age New York Modzik
Alors que Raf Simons projette au travers de Calvin Klein son hommage teinté d’humour aux U.S.A avec des clins d‘œil très mode, la tendance est à l’ailleurs chez les créateurs new-yorkais, qui misent désormais avec force sur l’espace. Une nouvelle ère Space Age qui prend le parti d’une esthétique post-apocalyptique, témoin à la fois créatif et navrant d’une envie de partir loin, très loin de cette Amérique tourmentée, saturée des bourdes de leur nouveau chef d’État. Lacoste rêve de s’envoler direction l’espace avec sa prochaine collection, misant sur une ambiance spatiale 90’s, à la fois grunge et sombre. Une ambiance tout aussi chaotique et folle agite les créations de Rio Uribe pour Gypsy Sport. La planète Saturne, symbole de la marque et brodée sur les habits de la collection, devenait la nouvelle destination de l’automne-hiver 2017 pour des modèles qui semblaient tout droit sortis d’une rave guerrière. Message de service : faites la fête comme si vous deviez partir demain à plus d’un milliard de kilomètres de la Terre, mettez le bordel car demain une nouvelle vie vous attend.
Chez Collina Strada, la tendance de l’espace dégage une atmosphère plus apaisé puisqu’elle semble avoir déjà atterri depuis longtemps sur la planète Mars. Avec des accessoires futuristes et des coupes simplifiées, la collection explorait par le vêtement le mode de vie d’une population déjà établie sur la planète rouge.

Cet entêtement pour l’au-delà dépasse le Space Age des année soixante. La tendance n’est plus à la dynamique futuriste des années 60 qui, où les créateurs, poussés par la curiosité et le progrès, souhaitaient explorer un autre monde. Bien évidemment, un tel départ anticipé de la Terre va aujourd’hui de paire avec un message politique un brin inquiétant. Cette envie d’horizon très lointain peut se lire comme le constat d’un pays désespérant, à fuir. Et tandis que certains rêvent de s’envoler vers l’inifini, d’autres préfèrent simplement changer de continent. Lacoste fera son prochain défilé à Paris à l’occasion de son 85ème anniversaire, accompagné de Proenza Schouler qui s’installe désormais dans la capitale française.

Collina Strada