Depuis plusieurs saisons, MADE est l’événement incontournable de la fashion week new-yorkaise pour tous les amoureux de jeune création. Coup d’œil sur cinq créateurs qui se sont fait remarquer lors de cette dernière saison, avec au rendez-vous du gender-bending, une certaine nostalgie des années 2000, des couleurs pastels et des strass en veux-tu en voilà.

 

AREA

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Photos : Devin Doyle pour MADE

À en juger par le défilé AREA et sa pièce maîtresse, une robe au motif croco embossé dans un tissu vert métallique, les reptiliens n’existent pas que dans l’imagination de David Icke et ses amis conspirationnistes. Multipliant les influences, Piotrek Panszczyk et Beckett Fogg – les designers du label new-yorkais finaliste du CFDA Vogue Fashion Fund 2016 – réinventent les années 70 en les passant à la moulinette noughties. Le fameux chemisier à nœud lavallière s’accouple avec le bomber pour une version streetwear satinée, les matières brillent autant que les tenues de scène de Diana Ross et les accessoires (lunettes masque, gros bracelets en plexiglass) nous parlent d’une époque que l’on espérait loin derrière nous, mais qu’on est finalement plutôt heureux de retrouver. Une collection que l’on imagine sans mal sur le dos des actrices d’un éventuel remake de Charlie’s Angels dans l’espace.
MAISON the FAUX

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Photos : Andrew Boyle pour MADE

C’est à des mouvements et des sujets bien réels que Joris Suk et Tessa de Boer, les fondateurs de MAISON the FAUX se sont intéressés pour leur premier show présenté à New York. Inspirés par le mouvement « Free the Nipple » et la vague de body positivity qui n’en finit pas de déferler sur la mode depuis plusieurs saisons, ils proposent une collection disco déstructurée, provocante mais aussi pleine d’humour. Sous le regard bienveillant d’un mannequin tenant dans ses mains le jardin d’Eden (c’est Joris Suk qui le dit) et dans un décor où les seins occupent une place d’honneur, les créations de la marque intriguent, attirent autant qu’elles amusent. Mais ne pas prendre MAISON the FAUX au sérieux serait une grosse erreur tant les vêtements de la marque sont la preuve du talent du duo et de leur faculté à créer des pièces parfois parfaitement oversize , parfois idéalement déconstruites, créatives mais présentant un attrait commercial certain. Les manteaux, en particulier, se sont fait remarquer.
LUAR

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Photos : Andrew Boyle pour MADE

C’est sous un nouveau nom que Luarzepol revient pour sa première collection en deux ans. Aujourd’hui baptisée LUAR, la marque du créateur Raul Lopez (un des fondateurs du label Hood by Air) pousse les limites du genre dans un défilé où le prêt-à-porter féminin se mélange au prêt-à-porter masculin pour ne faire qu’un. L’homme LUAR en est aussi la femme, existant dans un univers ou le système binaire n’a que très peu d’importance. Les vêtements reviennent aux bases de ce que le designer natif de Williamsburg fait de mieux en alliant le streetwear à une esthétique futuriste et utilitaire : shorts et pantalons baggy, trenchs, sweatshirts, longues jupes plissées, ceintures sur lesquelles fixer son iPhone… Les mannequins, parfaitement maquillés, rendent eux hommage à la communauté ballroom et au voguing pour un show aux allures de Paris is Burning du nouveau millénaire.
MISBHV

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Photos : Andy J. Scott pour MADE

Devant la dernière collection du label polonais MISBHV (adoubé par Rihanna, A$AP Rocky et Kylie Jenner entre autres) on se demande si les années 2000 vont bientôt dépasser les années 90 au niveau nostalgie mode. Souvent considérée comme la pire période du style (elle a quand même donné naissance à la casquette Von Dutch, au jogging Juicy Couture et au string qui dépasse du jean…) , Natalia Maczek et Thomas Wirski s’attèlent à lui redonner ses lettres de noblesse. Lorgnant du côté des filles qui passaient plus de temps en discothèque qu’à réviser leurs leçons le soir, le tandem fait la part belle aux jeans patchwork, aux sweatshirts à imprimés, aux talons à bout très pointus et aux strass, que l’on retrouve sur des hauts de bikini, en écharpe ou en fines chaînes. Hormis cela, ce sont aussi des pièces imaginées par Sita Abellan – instababe que l’on a pu apercevoir dans le clip de RiRi « Bitch Better Have My Money » – que MISBHV nous présente, inspirées par le Japon et parfaites pour habiller une bande de bad girls tokyoïtes. Parmi celles-ci, c’est un kimono en soie sur lequel on peut lire le mot « PAIN », là encore en strass, qui s’impose comme l’essentiel de cette collection.
Sandy Liang

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Photos : Andy J. Scott pour MADE

C’est probablement une des collections à l’attrait commercial le plus évident que présentait Sandy Liang lors de cette édition du MADE Fashion Week, ce qui ne veut pas dire que la créativité était mise de côté. S’éloignant des pièces d’extérieur qui ont fait son succès, la créatrice propose des tops à sequins, des robes toutes en transparence et imprimés floraux et du denim à franges. Elle n’oublie pas l’outerwear pour autant avec un imposant manteau en fausse fourrure aux couleurs pastel ou des blousons et manteau léopard (à associer aux robes à fleurs évoquées plus haut, pour un savant mélange d’imprimés !) Un peu disco, un peu ’90s, le tout donne l’impression de se retrouver face au vestiaire idéal d’une petite fille qui a hâte de pouvoir enfin porter les vêtements de sa mère.

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http://ma.de

Photo de couverture : Défilé AREA par Joshua Woods pour MADE