Des passerelles parisiennes aux tapis rouges de Cannes et des Oscars, les créateurs libanais font un tabac dans le monde de la haute-couture, offrant une image plus glamour de leur pays longtemps associée à des préjugés faussés. Pendant des décennies, le Liban a été la vitrine de la mode du monde arabe, mais c’est au début du XXIème siècle qu’ont commencé à briller les noms de Goerges Chakra, Zuhair Murad, Dany Atrache, Rabih Kayrouz, Elie Saab… Rencontre avec l’un d’eux, Dany Atrache, l’un des créateurs chef de file de la “vague libanaise“.

Présentez-nous votre collection 2016-2017.

Cette collection était une sorte de voyage au temps de l’âge d’or des régions orientales à travers les contrées marocaines jusqu’en Asie. Autour de cette expérience, nous avons choisi les couleurs, les épices, les savoir-faire artisanaux de la soie caractéristiques de chaque civilisation.

Quand avez-vous créé votre première robe ?

Pour cette collection, nous avons commencé environ trois mois avant le défilé. Nous avons choisi les textiles puis nous avons assemblé des échantillons de broderies. Un mois après, nous avons initié le processus de création des premières robes.

Cela fût-il concluant dès le début ?

En réalité, je me suis très vite confronté à de nombreuses difficultés. Et je commençais à avoir la boule au ventre rien qu’à l’idée d’être au cœur de la Fashion Week de Paris ! Finalement, j’étais très fier de participer à cet événement prestigieux.

Quand avez-vous décidé d’être créateur de mode ?

Quand j’avais 14 ans, je passais mes étés dans l’atelier de mon père qui était lui-même un créateur de mode. J’aimais tellement cette atmosphère colorée et tactile. C’est ainsi que ma passion pour le travail manuel est née.

Quels sont pour vous les standards de la beauté ?

Selon moi, la Beauté est un mélange de glamour, de sexy et de naturel – avec une prévalence pour le glamour !

Pensez-vous que la situation du Liban a un impact sur votre créativité ?

Bien sûr que oui ! Ce n’est pas si facile de travailler dans ces conditions…

Comment expliquez-vous votre préférence pour les robes de mariées ?

Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, les robes de mariées représentent un marché important au Moyen-Orient. Puis, personnellement, j’aime travailler avec les mariées parce que tout le monde aura le regard tourné sur elle et sur sa robe !

D’où vient votre inspiration ?

Dans chaque lieu où je me rends, les rencontres que je fais m’aident à appréhender les attentes des gens. Mais, je me sens bien plus à l’aise dans les grandes villes. J’y trouve toujours une part de moi. Les gratte-ciels, les musées et même les choses les plus insignifiantes comme les portes, les jardins, … m’inspirent !

A quel point présenter sa collection à Paris fut magique pour vous ?

C’est comme un de mes rêves les plus fous qui s’est réalisé ! J’aspirai tant y parvenir quand j’étudiais à Paris. J’en parlais tout le temps à mon père qui me répondait avec son sourire « C’est seulement un rêve ». Je suis sincèrement heureux d’avoir pu rendre possible ce qui nous paraissait impossible !

En quoi le Liban est différent des pays occidentaux ?

Beyrouth n’est pas comme Paris ni New-York. C’est une ville où vous pouvez trouvez l’inspiration grâce à ce mélange unique de villes antiques et modernes. Nous pouvons voir une grande tour à côté d’une petite maison construite il y a plus de 100 ans ! Je suis persuadé que cette atmosphère hétéroclite se reflète dans la manière dont j’appréhende l’art de la mode.

Les Libanaises sont-elles des fashion victim ?

Le Liban est un cas à part car les gens sortent très souvent. Ils vivent beaucoup dehors. La ville ne semble jamais dormir car les jeunes sont des noctambules. Je pense que les jeunes filles aiment beaucoup la mode et sont très attentives aux évolutions des tendances. Même pour un simple dîner entre amis ou pour aller au cinéma, elles vont prendre le temps de choisir une belle tenue comme si elles se rendaient à une soirée importante !

Comment vos racines se retrouvent-elles dans vos collections ?

Je suis très fier de mes origines libanaises et j’ai encore un long chemin avant de réaliser mes rêves. J’ai grandi à Paris et j’ai conscience que mon style artistique est très révélateur de mes deux influences culturelles et civilisationnelles. Nous oublions souvent que le Liban a aussi une histoire de plus de 6 000 ans !

Votre marque de haute-couture est un équilibre entre votre expérience chez Dior et votre double culture. Pouvez-vous expliquer concrètement la signature de Dany Atrache ?

Chic et simplicité !

Selon vous, Beyrouth sera bientôt la prochaine capitale de la mode ?

Beyrouth est déjà la capitale de la mode au Moyen-Orient ! Et nous sommes très honorés de voir que nous comptons de plus en plus sur le marché de la mode.

Avec quelle matière préférez-vous travailler ?

Beaucoup aurait dit la soie, la guipure ou l’organza, … Mais, moi j’aime la dentelle et le chiffon, tout ce qui relève de la transparence dans le textile.

Quelle est la plus belle marque de reconnaissance que vous avez reçue ?

La plus belle reconnaissance est simplement quand on me dit « merci » après avoir vu mes créations.