Féminisme, un terme sur lequel personne ne s’accorde vraiment mais dont tout le monde parle ces temps ci. Lagerfeld est certainement l’un des derniers en date avec le défilé Chanel SS15 reconstituant une manifestation féministe, mais on peut également citer le discours d’Emma Watson à l’ONU, ou encore le positionnement – parfois critiqué – de Beyonce qui scande ”Who run the world ? Girls !”
L’image de la femme a toujours été indissociable de la mode : certains la malmènent et d’autre la chouchoutent, elle reste cependant au centre des préoccupations. Le féminisme lui, est un combat relativement récent, que la mode a toujours plus ou moins accompagné. Décryptage.

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S’il a beaucoup été critiqué pour ce dernier défilé qui a pu être considéré comme choquant, on peut tout de même affirmer que Karl a une certaine légitimité quand à l’adoption d’un point de vue féministe. En effet, Gabrielle Chanel fut l’une des première à s’intéresser au ressenti des femmes dans leurs tenues, on lui doit beaucoup dans la transformation du vêtements féminin au XXe siècle. Elle s’est battue contre la dictature du corset et a prouvé à tous que confort pouvait rimer avec élégance en élaborant des tenues souples dans lesquelles on pouvait se mouvoir avec aisance.

Toutefois, si Coco a considérablement raccourci la jupe elle n’aurait pas supporté que celle-ci arrive plus haut que le genou. À chacun son époque.
Les années soixante sont arrivées avec des créateurs comme Courrèges ou Mary Quant, et avec une jeunesse pleine de revendications. La jeunesse justement, est devenue à la mode, l’image de la femme-enfant aussi – on pense à Twiggy, mannequin phare du moment – et Chanel s’est probablement insurgée contre l’adoption massive de la mini-jupe par les jeunes filles.

Les femmes réclamaient la liberté de leur corps, mais aussi le droit de travailler comme un homme : en 1966, Saint Laurent leur crée un smoking, véritable parure de la femme moderne, chic et élégante, à l’assaut du marché du travail.
Quelques années plus tard c’est Jill Sander qui prendra le relai avec des vêtements modernes et minimalistes, mais surtout élégants et pratiques. Dans la même période – les années 90 – une japonaise nommée Rei Kawakubo créera pour les femmes des vêtements androgynes et loin des critères établis, afin qu’elles puissent affronter la vie Comme des Garçons.

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Parallèlement pendant des années, le corps féminin s’est montré de plus en plus libre et de plus en plus dénudé, de plus en plus séduisant. Minijupe, bikini, robe décolletée dans le dos presque jusqu’aux fesses, une femme sexy n’est plus choquante mais glamour.
Jusqu’à ce que l’on franchisse certaines limites et que cela devienne carrément pornographique (on se rappelle de l’époque porno-chic de Tom Ford et Carine Roitfield).
Les féministes qui s’étaient tant battues pour qu’on laisse les femmes se balader en pantalon, en minijupe ou en bas résille si bon leur semblait sont donc monté au créneau puisque la femme était, une fois de plus, devenue un objet.

Un temps regardé comme quelque chose qui dégrade le corps féminin, les vêtements sexy sont aujourd’hui réappropriés par toute une armée de filles qui maîtrisent et contrôlent leur corps et leur attirance : Girl Power ! Avec pour ambassadrices du mouvement des personnalités telles que Rihanna ou Beyonce, elles comptent bien faire comprendre qu’être une femme, c’est aussi pouvoir être ultra glamour sans être vulgaire.

Le féminisme dans la mode est un chapitre large, ici à peine effleuré. Mais si bien des créateurs n’en ont eu que faire de l’image de la femme en préférant concevoir la femme à leur image, il ne faut pas oublier que nombreux sont ceux – ou celles – qui par leur créations ont accompagné et accompagnent toujours les femmes dans leurs revendications.

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