Aujourd’hui, Schiaparelli a présenté son défilé Automne/Hiver 2016 au sous-sol de l’hôtel particulier parisien Place Vendôme de la légendaire créatrice italienne. Sur le thème du festin, ce show « Dîner de Gala ou les plaisirs du goût » très audacieux a marqué les esprits pour le meilleur et pour le pire. Si les somptueuses robes volumineuses en taffetas en guise d’amuse-gueules étaient juste magnifiques, la suite des « plats » a été moins savoureuse … Décryptage du grand retour de Schiaparelli sur les catwalks :

On a aimé :

Le clin d’œil à l’héritage d’Elsa Schiaparelli. La maison mythique de la Place Vendôme est l’une des rares à cultiver encore autant l’héritage de leurs couturiers fondateurs. A nouveau pour ce défilé, Bertrand Guyon réussit à produire de la Haute-Couture « allégé 0% MG» sans détruire l’essence même des pièces créées.

La magie de l’ordinaire extraordinaire. Pour ce défilé Automne/Hiver 2016, Bertrand Guyon, à la tête de la maison depuis avril 2015, a réussi à allier son énergie créative et son expertise de la Haute-Couture pour signer une collection à l’expression résolument moderne et contemporaine. Comme elle l’a toujours été, la maison Schiaparelli fait figure de magicienne dans l’univers de la mode. Malgré la complexité des finitions et les détails à l’infini, chaque pièce apparaît dans toute sa beauté et nous est familière.

L’acte de résistance qui en émane. Ce défilé Schiaparelli marque les esprits par l’univers joyeux et poétique de l’ensemble des pièces. La créativité débordante et la fascination pour tout ce qui touche au chic extrême rend ce show exceptionnel. Si -comme nous le verrons ensuite- l’excès frôle le mauvais goût, il est remarquable de souligner que cette collection hivernale rappelle l’audace et le courage d’Elsa Schiaparelli, la femme forte et aventureuse par excellence !

On a moins aimé :

Le too-much. Inévitable, le « trop, c’est trop » a très vite parasité le défilé Schiaparelli. L’opulence des imprimés « nourriture » se retrouve partout : autant sur les robes -bien sûr- que sur le tapis où marchent les mannequins. Cet univers nous enferme dans une atmosphère presque étouffante. La générosité innocente des motifs étouffe les coupes très travaillées des robes.

Le teaser. Sous la forme d’un menu, l’invitation met l’eau à la bouche … ou pas ! En effet, il paraissait difficilement imaginable de présager un défilé comme si on se rendait à un gala dînatoire. Etrange expérience ! Comment concevoir un tel moment fashion -où le principe de manger est tabou- comme un instant convivial d’art de vivre ? La Fashion Week n’est-elle pas une semaine de défilé de haute-couture où se succèdent sous nos yeux de belles pièces uniques ? N’est-on pas venu pour en avoir plein les yeux – et non plein la bouche ?

Le rococo. Certes, ce style pop régressif est un peu comme la signature de Schiaparelli depuis son retour en 2007. Certes, Bertrand Guyon a une personnalité davantage délicate et réservée, ce qui s’en ressent inévitablement dans ses créations. Certes, les homards, les oignons et les assiettes en porcelaine qui peuplent les robes sont amusantes -une fois. Certes, les pièces rappellent une époque oubliée depuis longtemps, celle de Salavador Dali. Mais, soyons réalistes : la mode n’est-elle pas bien plus belle que quand elle ne se prend pas au sérieux ?!

@ Imaxtree