La jeune perle de la pop anglaise, Ellie Goulding, avait déjà brillé dès la sortie de son premier album Lights auréolé d’un joli succès – principalement sur le territoire britannique, mais aussi américain – mais avec son second opus, le lumineux et vibrant Halcyon, elle devrait parvenir à rallier tous les suffrages à sa cause musicale. C’est à la faveur du shooting, non loin du quai de Valmy à Paris, que nous l’avons rencontrée, avec un timing ultra-serré…

Tu as chanté lors d’un fameux mariage, ton premier album a été numéro un de ventes UK, tu as placé un single au Billboard US, et pourtant, tu conserves un certain côté girl next door qu’apprécie ton public, ce qui contraste avec le côté popstar des artistes actuels. Comment expliques-tu cela ?

Je viens d’une petite ville appelée Hereford, dans l’ouest de l’Angleterre, dans le comté d’Herefordshire. Je suis la deuxième de quatre enfants et je voulais tout simplement faire de la musique et chanter. La musique a toujours été ma motivation, et pas le fait de devenir une star. C ‘est toujours la même envie qui me motive aujourd’hui.

Si tu devais décrire ta musique, que dirais-tu ?

Je fais de la pop music, définitivement. Mon nouvel album sonne peut- être plus électronique, mais il y a des guitares aussi. J’aime bien triturer ma voix… Je crois que je mélange aussi bien la pop, la folk, la musique électronique ou même le classique, pour en faire quelque chose qui soit le plus original possible. C’est ma voix qui guide la musique et le reste suit cette direction. Sur le nouvel album, ma voix est beaucoup plus présente que sur le premier, et je crois que c’est ce qui va marquer le plus le public après avoir écouté le disque. J’ai fait des centaines de shows, ma voix s’est affirmée et j’avais envie de m’en servir encore plus.

Quel a été le processus pour cet album ?

Après la période des tournées et des festivals assez dingues, j’ai eu besoin de revenir dans la campagne pour me retrouver et puiser en moi de nouvelles chansons. J’étais au bord de la mer, j’ai lu beaucoup de poésie, je me suis ressourcée et les chansons sont littéralement venues à moi, mais ce n’est jamais facile pour autant, cela peut prendre des jours pour juste une chanson. Il faut dire, aussi, que j’ai beaucoup changé, même si d’une certaine manière je reste la même : j’ai fait pas mal d’expériences, j’ai beaucoup voyagé, rencontré pleins de gens tellement différents. Cela m’a fait évoluer, indiscutablement et de fait, ma musique aussi. Et Jim Eliot (de Kish Mauve), avec qui je travaille, m’a également beaucoup apporté : il m’a aidée à repousser mes limites, comme sur les morceaux « Anything Could Happen » ou « Joy », et je lui en suis extrêmement reconnaissante. S’il n’avait pas été là, je pense que j’aurais fait un album assez triste.

Pourquoi ce titre d’album, Halcyon ?

C’est le nom d’un oiseau qui, durant l’hiver, laisse ses oeufs aux abords de la mer. La plupart des chansons de l’album parlent d’océan et d’eau. Ce disque est pour moi comme un voyage de l’obscurité vers la lumière, de la confusion vers la compréhension.

Dans la pop, aujourd’hui, l’une des grandes tendances est d’inviter d’autres artistes comme guests sur son album, qu’en est-il pour toi ?

Pas en ce qui me concerne : il n’y a aucun featuring sur l’album ! Ce disque devait être complètement personnel, et cela ne serait plus vraiment le cas si j’avais invité tel ou tel artiste à ajouter sa touche à ma musique. Je ne suis pas contre les collaborations, mais il s’est passé pas mal de temps entre mon premier album Lights et celui-ci, et je voulais revenir avec un album qui soit complètement moi, le moi d’aujourd’hui. J’ai quand même travaillé sur le titre « I Need Your Love » avec Calvin Harris – en tant que producteur – qui m’avait demandé de travailler avec lui en m’envoyant un email. Et on l’a fait !

Tu nous parles de musique électronique et, forcément, on pense aux remixes, puisqu’il y a eu beaucoup de remixes de tes morceaux. A ce jour, quel est ton remixeur préféré ?

Bassnectar qui a remixé mon morceau Lights. Nonobstant le fait qu’il soit pour moi comme un grand frère – nous sommes vraiment proches – je trouve qu’il est tout simplement brillant : il a des idées géniales tout en respectant le morceau, mais en l’emmenant ailleurs. J’adore !

Quand on entend des remixes de tes morceaux sur le web, c’est toi ou ta maison de disques qui les approuvent ou vous demande-t-on une autorisation ?

Pas du tout ! C’est assez dingue en fait d’entendre des remixes de Lights, presque tous les jours ! En même temps, j’aime bien cette idée de liberté artistique, même si j’avoue que le résultat n’est pas toujours génial. Mais bon, je trouve quand même cela très cool que des artistes/musiciens souhaitent remixer mes morceaux.

Si tu devais choisir un nouveau remixeur, dans l’idéal, aujourd’hui, qui choisirais-tu ?

C’est très difficile, car j’ai déjà eu tellement de remixes signés par des artistes talentueux : Lupe Fiasco avec son « LightWork » qui utilise mon morceau, Chiddy Bang qui s’approprie « Under The Sheets », et même Skrillex !

Tiens en parlant de Skrillex, lui et toi êtes assez proches…

Oui, c’est vrai, nous sommes ensemble. On ne s’est pas cachés par rapport aux médias. On vit notre histoire, sans trop se soucier de ce qu’on peut en dire, en bien ou en mal.

Vous êtes, tous les deux, des artistes qui ont du succès avec un emploi du temps assez chargé. Comment faites-vous pour que cela fonctionne ?

Je pense qu’il faut surtout le vouloir vraiment et se garder aussi un peu de temps pour soi et, de ce fait, pour son couple. On essaie vraiment de faire en sorte que nos chemins se croisent le plus souvent possible !

Sans parler du fait que lui aussi est un artiste et que vous avez travaillé ensemble sur ce disque…

Je suis vraiment fan de sa musique, et il a toujours des idées vraiment géniales. Pour cela et tout son talent, je lui en suis reconnaissante.

Et quand Tinie Tempah clame à ton propos : « Elle va être énorme ! »…

[Rires] Lui, je l’adore, il est génial ! C’était super de collaborer sur une version de « Hanging On ».

Tu as eu aussi la chance de te faire connaître non seulement en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, ce qui n’est pas si évident. Tu es partie en tournée avec Katy Perry, je crois ?

Tout à fait. Elle est vraiment drôle et spontanée. Et même lorsqu’elle blague, elle reste dans le truc et tout se passe bien. Elle a le meilleur maquillage pour le personnage qu’elle souhaite être. C’est quelqu’un d’étonnant !

Si tu devais citer trois artistes avec lesquels tu rêverais de collaborer, quels seraient-ils ?

Alors, je dirais Drake, Björk et Justin Vernon de Bon Iver. Et j’avoue que c’est prévu, enfin, je fais tout faire pour que cela arrive ! [Rires]

La vidéo du single « Anything Could Happen » est magnifique et a fait beau- coup parler d’elle : tu y as un style époustouflant et complètement nouveau !

Merci ! Je voulais faire quelque chose de différent, où j’apparaîtrais de manière un peu fantomatique ! Par exemple, on ne voit pas mes sourcils, et avec mon teint pâle, cela donne un effet très particulier, assez étrange. J’ai beaucoup aimé ce côté énigmatique et aérien. Jouer aussi en bordure de mer était important, car c’est dans un endroit comme celui-ci que les morceaux sont nés.

Tu as un look très affirmé avec ta coupe de cheveux, ta mèche rose, tes hauts talons. Qu’aimes-tu dans la mode, aujourd’hui ?

J’aime les tenues ou les looks qui me font me sentir aux commandes. J’aime l’idée d’apparaître comme une femme forte, mais jolie aussi, bien sûr. En ce moment, j’aime Burberry, Jeremy Scott… J’affectionne aussi les matières particulières, comme le PVC…

Quant à ton style de vie, tu as une réputation de joggeuse, comment en es-tu venue à courir comme cela ?

Je ne sais pas trop. Je me suis mise à courir vers l’âge de 18 ans, et je ne me suis plus arrêtée depuis. C’est mon côté Forrest Gump ! J’enfile mes Nike Elite+ dès que je le peux. Cela me permet de rester en forme, de travailler et de réguler ma respiration : c’est important lorsque tu chantes, que tu voyages beaucoup, que tu supportes les décalages horaires. Etre en bonne forme physique me permet de supporter tout cela plus facilement. Mais je ne suis pas une forcenée non plus. D’ailleurs, je suis aussi très branchée nourriture ! [Rires]

Alors, quelle est ta cuisine favorite ?

J’adore la cuisine japonaise ! C’est l’une de mes préférées.

Quant à ton prochain challenge ?

Je voudrais sauter en parachute !

Chronique

Halcyon repousse les limites d’Ellie Goulding dès les premières mesures, avec des vocalises assez surprenantes, mais envoûtantes. il en va de même sur « Explosions ». elle n’oublie pas quelques pop songs qui rappellent son premier album, comme « It’s Gonna Be Better » assez énergique et emphatique ; par- semées d’accalmies, comme le magnifique « I Know You Care », l’un des plus jolis moments du disque. sans oublier le fédérateur « My Blood », bien sûr. seul bémol : la collaboration avec Calvin Harris que l’on pense dispensable, même s’il a la midas touch. on pardonnera cet écart, car l’ensemble est un diablement joli album de pop girly, mais de haute volée, servi par une voix assez fascinante.

Ellie Goulding, Halcyon (Mercury/Universal) www.elliegoulding.com

Propos recueillis par Joss DanJean
Photos Boris ovini
Réalisation Rich Aybar