La semaine doit être chargée pour le nouveau rastafarian qui continue sa prêche marketing à grand coups de morceaux improbables (No Guns Allowed et Ashtrays And Heartbeats) et surtout ce nouveau docu de Vice qui l’a suivi en terre sacrée. Portrait d’un chien qui voulait se prendre pour un lion, de Dogg à Lion, l’opération chirur-sicale a (un peu) merdé.

L’année dernière, Calvin a eu 42 ans. C’est aussi l’année où il a ressenti le besoin mystique de prendre une nouvelle identité : Snoop Lion. Avec “La, La, La“, Snoop Lion enterrait ce qu’il restait de chien en lui. Crise de la quarantaine, Snoop ? En tout cas, de Dogg à Lion, le changement animalier semblait mieux correspondre à sa nouvelle âme de Jah. Car oui, Snoop rêve de Zion et combat désormais l’infâme Babylone. Il n’hésite pas à s’aligner politiquement sur des positions méga polémiques et subversives, la lutte contre le port d’armes aux Etats-Unis … Mais les chiens ne font pas des chats. Le Lion a la mémoire courte car en 2007 il était condamné à 160 heures de TIG pour port d’arme illégal …

Volte-face. il encourage maintenant à lever son briquet plutôt que son tout nouveau AK-47 pécho sur le net. Après quelques apparitions dans des poubelles télévisées (Beverly Hills, Snoop Dog Father’s Hood) et des featuring compliqués (David Ghetta), Snoop revient avec son dernier coup de magie, un son qui voudrait être du reggae made in Jamaica. Même s’il s’entoure des meilleurs (Diplo, Major Lazer), même s’il se rend dans le temple du reggae (la Jamaïque), on ne croit pas vraiment à cette transformation opportuniste et calculée commercialement. Dès les débuts, on émettait quelques réserves, sentant le retournage de veste avec “La, La, La”. Le reggae du Lion sentait le plastique et la mise en scène cliché. “Here Comes The King“, “No Guns Allowed”, “Ashtrays And Heartbeats” ou “Lighters Up” confirment cette impression, en plus de nous écraser sous ce bulldozer de com’.

Mais, Snoop Dogg a surtout l’air perdu dans le nouvel échiquier du rap-game américain depuis la fin de Death Row Records. De West contre East , on est passé à de multiples collectifs éparpillés bien au-delà de la guerre bi-polaire d’autrefois (même BOOBA et La Fouine vont se battre là-bas). Snoop renoue des collaborations du passé puisque c’est là que se font les meilleures lyrics (Eminem, Dr.Dre, Teddy Riley, Rafael Saadiq) et des featuring plus contemporains (John Legend, Kanye West, Wizz Khalifa). Mais Snoop ne retrouve pas sa place. Le reggae semble être le bon compromis, porte de sortie / tiroir-caisse. Ca reste fun (2 minutes) de le voir faire le rasta mais on a surtout hâte de le voir chiller avec les vrais dans le ghetto-youth à Kingston. La suite au prochain tour de manche de l’animal.

Par Maxime Coeur