THE CRACKED ACTOR
« Certains films ont été fondamentaux pour moi, ils m’ont appris ce qu’il est possible de créer, d’évoquer avec la lumière, les éclairages. Le Cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene, le Metropolis de Fritz Lang ou encore Le Nosferatu de Murnau : le jeu d’une silhouette et de l’ombre et comment un mouvement devient graphiquement extraordinaire lorsqu’il n’est qu’en partie éclairé. Ce n’est qu’à la fin des années 70 avec mon personnage de Thin White Duke que j’ai pleinement utilisé les ingrédients du cinéma expressionniste allemand. A cette époque, on projetait en ouverture de mes concerts le film de Luis Bunuel et Salvador Dali Un Chien Andalou. Bowie a joué dans plus de 20 films : L’Homme qui venait d’ailleurs de Nicolas Roerg, Furyo de Nagisa Oshima, Les Prédateurs de Tony Scott ou Basquais de Julian Schnabel.. Premiers rôles ou figurations, Bowie a su imposer sa silhouette atypique sur le grand écran. « Les caméras sont folles de lui » confiait Roerg en 1976. Il apparaît dans le Prestige de Christopher Nolan (2007) et livre une étrange performance dans le Will de Todd Graff aux cotés de Lisa Kudrow.

Nous venons de passer cinq décennies à suivre médusés, intrigués voire bouleversés, les aventures et expérimentations musicales et visuelles de ce caméléon hors du commun. En 2014 l’exposition itinérante David Bowie Is célèbre le génie de ce roi de la reinvention. Son 25ème album Blackstar est une nouvelle pierre à l’édifice érigé à sa gloire. Et c’est pourtant un astre aux notes claires qui embrasent nos ciels de son habituelle apesanteur. Gageons que son rayonnement n’est pas prêt de s’éteindre.