David Bowie nous a une fois de plus surpris et pris de court : à peine publié son 25ème album, il nous quitte pour mieux briller à tout jamais au dessus de nos têtes. Egon Kragel retraçait dans un article de Modzik #3 l’itinéraire de cet artiste incroyable :

Un jour d’enfance, il y eut pour beaucoup d’entre nous, une pochette posée là, sur l’étagère poussiéreuse d’un disquaire de province et tout bascula dans un ordre nouveau. Il y eut ce regard dont l’asymétrie préfigurait une rupture d’équilibre, un chaos salutaire, Il y eut cette extravagante grâce, ce baroque flamboyant, entre affectation cruelle et mythologie de bazar. Greffeur de rêves, ce vaurien magnifique chantait. Et sa voix d’une diction faubourienne égrenait d’adéquates prophéties. Sa jeunesse insolente, son rock théâtral, son glam rock devinrent les antidotes d’une génération face au désenchantement de leur monde. Qu’on se rassure : les adultes de ce temps s’effarouchèrent le temps d’un succès ou deux. Mais qui est David Bowie? Et pourquoi raconte-t-on des choses effroyables à son sujet? interrogeait un magazine raturé d’encre et de lipstick. Près de cinq décennies plus tard, nous sommes toujours sous le charme alors qu’il s’en est allé. Gageons qu’il sera toujours néanmoins à nos cotés.

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YOU BELONG TO ROCK’N’ROLL
David Bowie est né David Robert Jones le 8 janvier 1947 à Brixton, Angleterre. Son demi-frère, Terrence Burn dit « Terry » l’initie très jeune au rock. David s’exerce au sein de plusieurs formations amateurs avant d’envisager quelque chose de plus ‘professionnel’. Le 16 septembre 1965 – afin d’éviter toute confusion avec Davy Jones, le chanteur et leader de The Monkees- il adopte le pseudo de « Bowie ». En février 1974, l’interessé confiait à l’écrivain William Burroughs : j’ai choisi le nom de Bowie lorsque j’étais plus jeune. A 16 ans, traversant une période philosophique intense je cherchais un symbole évident, quelque chose qui puisse trancher les mensonges, lacérer tout ça. » Trancher les modes, lacérer les styles vont devenir ses spécialités. Rockstar éruptive avec Ziggy Stardust, soulman chic avec Young Americans ou bidouiller sonique avec moi. Bowie n’a jamais cessé de repousser les limites, d’expérimenter, de pétrir rôles et matières. Bowie n’est jamais là où on l’attend. Il se rêve, se travestit pour mieux se livrer, se pare d’onanistes prothèses. ce face-à-face au miroir va influencer des générations de rockers. Le punk lui doit beaucoup, crêtes oranges oblige ! La new-wave s’inspire massivement de ses pantomimes glacées. Pêle-mêle, ils sont légion à le citer : Joy Division, Simple Minds, Kate Bush, David Sylvian, Echo And The Bunnymen, The Sex Pistols, Madonna, Culture Club, Marilyn Manson, The Cure, Marc Almond, Suede, Placebo, Trent Reznor, Siouxie Sioux, radiohead, Morrissey, Bauhaus, Annie Lennox, The Human League, Dépêche Mode, Gary Numan, Nirvana, The Smashing Pumpkins, The PIxies, Psychelic Furs, Nina Hagen, Moby, Pulp, Blur, The KIllers, Scissor Sisters, Franz Ferdinand, The Last Shadow Pupes, Bloc Party, Arcade Fire… La liste est sans fin ! En décembre 2000, le très respecté magazine NME lance une longue enquête, demandant aux solistes et groupes contemporains de choisir l’artiste qui exercé sur eux le plus d’influence. La réponse est sans appel : David Bowie arrive en tête, maître en attraction et icône rock absolue. D’un rictus reptilien, le roi David accepte l’adoubement, remercie ses pairs et révèle un peu son secret : “ne vous limitez pas au communisme. Ne vous limitez pas au capitalisme. Prenez ce qu’il y a de mieux chez l’un et chez l’autre, créez votre propre dynamique, votre propre mouvement qui n’a pas encore de nom. Je pense que c’est ce que je fais lorsque je travaille. Je créée les petits monstres de notre époque.”

BOWIE