Les deux cibles musicales que nous allons dévorer toutes crues seront primo, Au Revoir Simone ; deuzio, Daughter. Le premier trio est celui de demoiselles new-yorkaises faisant fureur depuis le début des années 2000 avec une dream synth pop qui sonne. Elles reprennent du service car elles viennent de nous offrir Somebody New, avant la sortie de l’album Move In Spectrums le 23 septembre prochain. Le second trio est londonien et mène la danse d’une douce voix féminine à la chimérique noirceur. Après une impressionnante effervescence autour de leur projet fin 2012, ces derniers écument fougueusement les festivals estivaux …  Deux adorables tribus qui cajolent la mélodie autant que le texte.

Au Revoir Simone tient sa naissance d’une rencontre fortuite entre Erika Forster et Annie Hart lors d’un voyage en train. En discutant, elles se rendent compte de leur entente autour du projet de monter un groupe uniquement composé de claviers. Sur cette lancée, elles seront ensuite rejointes par Heather D’Angelo et Sung Bin Park, qui a d’ailleurs quitté le groupe en 2005. Ensemble, elles choisissent en guise de nom une jolie formule tirée du film Pee-Wee Big Adventure de Tim Burton. Puis, elles se retrouvent à composer et donner forme à leurs idées pour finalement se retrouver signées chez Moshi Moshi en zone européenne. Au fil des albums, presque tous les ans, elles se démarquent. On les remarque à plusieurs reprises comme sur Still Night, Still Light au titre Shadows qu’on a longtemps siffloté ces soirs d’été, lorsqu’on rentrait à pied légèrement enivré. Ou avec un morceau comme Another Likely Story, plus électrisant et grisant. Ces réminiscences du fumet de légèreté que les demoiselles savaient distiller fait trépigner, à quand du neuf ? Eh bien, figurez-vous qu’elles nous promettent un album pour le 23 septembre, Move In Spectrums. La production du nouveau venu entre les mains de Jorge Elbrecht, leader famélique des Violens, le renouveau est annoncé, l’innocence passée aurait-elle trépassée ? Somebody Who, titre échappé, en porte fièrement l’empreinte. Le son est plus construit, les voix mieux posées, leur côté effilé mis en valeur par une instrumentalisation enrobante et plus réfléchie.

La tenue de la mélodie est aussi de rigueur avec les Daughter, ce trio londonien aux sonorités folks qui, d’autoproduction en autoproduction, a finalement ravi la foule humaine. Foule qui semble trouver dans la délicate diction, dans les mots d’Elena Tonra, réponses à quantité de questions existentielles, à ces espèces de névroses dont on nous parle dans les bouquins et qui savent aussi exister en vrai. La jeune femme, chanteuse et guitariste, débuta sous forme de divers EPs sortis autour de 2010 puis, elle rencontra son copain, Igor Haefeli, à l’école de musique. Ensemble, ils purent envisager de construire le projet qu’ils avaient toujours imaginé. Vint ensuite se joindre à eux le batteur Remi Aguilella. En 2012, ils se retrouvent à signer chez 4AD qui a su les apprivoiser dans la longueur et les recueillir dans leur giron de qualité musicale. Après l’EP Smother qui a retourné les larmes et touché l’âme avec Youth, pour n’en citer qu’un, ils ont finalement sorti leur album If You Leave au début de l’année 2013. Ces derniers se délectent et excellent dans la prise d’ampleur spirituelle, portée par une voix qui ne force pas et laisse l’esprit de l’auditoire s’élever sans effort. Tandis que les filles d’Au Revoir Simone ne jouent pas sur les envolées et gardent dans leur poésie un sourire en coin, une fraîcheur printanière. Candeurs mélancoliques à l’ambiance sucrée, à l’ambiance exaltée, leurs sonorités respectives peuvent finalement entremêler harmonieusement votre journée.