Femmes et girlfriends des cholos, les cholas sont comme leurs mecs : mexicaines, et fières de l’être.   Alors que le terme désignait autrefois les métis, Indiens et autres peaux basanées au Mexique, il est désormais synonyme d’affranchissement féminin.Topo. 

Membres des gangs masculins, les cholas s’imposent comme de réels dures à cuir respectées par les hommes, dans les  villes les plus dangereuses du monde. Épouses de, filles de : elles gravissent les échelons et dans un milieu particulièrement machistes, certaines parviennent même à reprendre les rennes d’un gang.  La culture cholo dans l’Amérique d’aujourd’hui est très associée au mouvement lowrider ainsi qu’à la culture Hip-hop. Composante de la culture urbaine de la jeunesse américaine en général, le lowriding a été inventé par les chicanos mais a aussi intéressé les jeunes afros. Immédiatement identifié comme un symbole de luxe et de liberté, il ne pouvait échapper à la curiosité féminine. Si on a en tête les très discrètes et presque invisibles femmes de Mafieux, il est en autrement pour les cholas. Clairement actives, elles sont loin de se mettre en retrait et n’hésitent pas à se mesurer aux hommes, notamment lors de manifestations lowrider. 

 

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Le moins qu’on puisse dire, c’est que les cholas ont du style. Autour d’une personnalité exacerbée, elles se sont construit une identité esthétique très marquée respectant une régularité profonde : le maquillage, comme les tenues ne varient que très rarement. Une constance qui évoque pleinement le quotidien invariable et l’attache inaltérable que ces femmes portent aux valeurs. Ces valeurs, ce sont celles d’un gang dans lequel il est de mise de savoir se faire entendre. Pour ça, les cholas misent sur l’éternel regard charbonneux,qu’elles soulignent d’un sévère trait de sourcil. Rasés, ils évoquent la rigueur; tatoués, ils deviennent synonyme de cette irréversibilité ambiante qui pèse sur la vie des cholas. La coiffure est lourde également. Appelée “rare-do“, elle regroupe en choucroute une chevelure très brune.

Sur un visage très féminisé, pantalons chinos, baggy retroussés, et tee shirt académiques sur des soutiens gorges apparents sont de rigueur. Elles piquent les chemises XXL de leurs maris mais ne s’interdisent pas pour autant la robe 50’s qu’elles portent avec des Nike Cortes. Dickies, Ben Davies, Lowrider, JokerBighouse sont les marques qui ont construit l’identité visuelle des cholas. Un paradoxe masculin/féminin qui révèle des personnalités contradictoires. Car si ces femmes sont dingues de voitures, elles ont aussi des enfants qu’elles vont chercher à l’école, et des maris jamais insensibles à leurs charmes complexes.  De cette albiguité, est née une véritable mode aux Etats-Unis.

 

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Immédiatement identifiables par leur style, qui sautait aux yeux dans les années 80 et 90, l’esthétisme des cholas s’est dilué depuis qu’il s’est répandu dans différentes classes sociales. Aujourd’hui, les femmes adoptent ‘l’attitude cholas‘ sans pour autant en adopter le style de vie. Plutôt télé-réalité que lowriding, ces femmes s’inspirent des cholas et puisent leur force immuable. Plus que l’ultra violence ou la misère sociale qui entoure les gangs, c’est la fierté, la force du regard,la beauté et l’iconographie des cholas qui tend à voir naitre une nouvelle porosité entre les sphères sociales. Mais si on retrouve des semi-cholas au delà des bleds californiens, c’est qu’elles apparaissent désormais sur papier glacé. En effet, car au lieu de continuer à s’adresser à une élite mondaine, le luxe tente de renouer avec sa clientèle en s’inspirant des modes et des subcultures de la rue. Dans une quête de nouvelles identités et d’appartenances, les maisons de mode analysent ” les mouvements dotés d’une énergie particulière, qui transcendent les classes sociales et les couleurs”, comme l’exprime Olivier Rousteing, directeur artistique de la maison Balmain. Quand Alexander Wang insuffle un vent de rébellion néobiker chez Balenciaga; Yojhi Yamamoto imagine un raveur drapé de teintes fluo. Parce que depuis Dior, on ne s’adresse plus seulement à la comtesse et à la riche héritière, la mode s’affranchit de son “bon gout” et recherche avec ferveur la profondeur d’une femme qui va au delà de sa féminité vestimentaire. Et bien malgré elles, ces cholas sont la représentation attentive de cette androgynie.