Plébiscités par tous les clubbers pour leurs remixe de choc, Crookers, alias Phra et Bot, nous livrent aujourd’hui leur premier album, Tons of Friends. Un disque qui vient asseoir la popularité des deux DJ italiens grâce à une liste de featurings des plus prestigieux, de Soulwax à Will I Am en passant par Kelis ou Roisin Murphy. Rencontre.

Propos recueillis par Hélène Pouzet
Photos : Thomas Paquet

Comment vous êtes-vous rencontrés?
Phra : On a tous les deux commencé à faire de la musique très jeune. Avant de découvrir l’électro, on jouait du piano et de la guitare. On s’est rencontrés à l’âge de 23 ans, chez le disquaire du coin de la rue qui s’appelait Alternative House. On était des habitués de la maison, on écoutait des tonnes de disques. Puis, un jour, on s’est dit : «pourquoi ne pas essayer de faire de la musique ensemble?»

D’où vient votre nom de scène?
Phra : C’est grâce à notre rencontre avec Switch (aka Dave Taylor) en Italie. On est des grands fans de son travail. On l’avait suivi jusqu’à l’aéroport parce qu’on voulait parler avec lui. On lui a fait écouter un de nos morceaux. Il a tout de suite aimé notre style. Il nous a demandé comment on s’appelait. À l’époque, notre nom de scène n’était pas génial et Switch nous a conseillé d’en changer. On s’est donc mis à chercher un nom qui sonnait plus britannique et qui représentait bien notre musique. Crookers fait ainsi référence à notre style, à nos sons un peu biscornus et de travers.

Vous bénéficiez d’un gros buzz actuellement. Ressentez-vous une certaine pression?
Phra : Non, nous sommes satisfaits de notre album donc on n’est pas du tout anxieux. Au contraire, on est plutôt excités. Désormais, on laisse simplement faire les choses.

Votre album s’intitule Tons of Friends en référence aux nombreux featurings qu’il contient. Quel est votre secret pour avoir autant d’amis?
Phra : Rester naturels, honnêtes, et ne pas se prendre trop au sérieux. Nous n’avions aucune ligne directrice pour l’album. On a fait évoluer notre projet au rythme de nos envies. On a eu la chance d’avoir suscité l’intérêt des gens grâce à nos remixes. C’est aussi une véritable aubaine que les artistes avec lesquels on souhaitait collaborer acceptent de travailler avec nous.

Parmi toutes vos collaborations, quel est votre meilleur souvenir?
Phra : Chaque morceau a son histoire et ses anecdotes, mais s’il faut choisir une, ce serait Roisin Murphy ! Parce qu’on l’aime ! On suit sa carrière depuis plus de dix ans.
Bot : C’est la meilleure ! Une fois en studio, elle nous a demandé des conseils sur la façon dont elle devait chanter et poser sa voix sur le mix. On était tellement impressionnés qu’on ne savait pas quoi lui répondre. Elle a été super et très professionnelle.
Phra : Nous sommes vraiment heureux de cette collaboration car Roisin souhaite suivre notre carrière de très près. Lorsque l’on mixera en Angleterre, elle nous a promis de venir chanter en live ses morceaux à chacune de nos dates.

Idéalement parlant, quel artiste manque à l’appel sur l’album?
Phra : Sans hésiter Madlib ! Travailler avec lui serait un privilège. On ne demande pas forcément d’enregistrer un morceau avec lui, mais le simple fait de le rencontrer et de lui parler serait un honneur !
Bot : Un featuring avec Snoop Dog était initialement prévu, mais la deadline pour l’enregistrement était trop courte. On espère avoir une nouvelle occasion de travailler avec lui un jour.

Le disque a un côté très urbain, mais il s’ouvre sur un titre très électro. Pourquoi ?
Phra : C’est une sorte de blague. On voulait surprendre l’auditeur.
Bot : Ça reflète tous les styles de musiques qu’on écoute et qu’on aime. On avait besoin de se sentir libres, de ne pas être mis dans des cases. 

Vous êtes italiens. Est-ce que cela vous a influencés ?
Bot : Non, pas du tout. Au début, personne ne nous croyait quand on disait qu’on était italiens. On avait droit à des remarques du genre : « C’est bizarre, je ne savais pas qu’il existait de la bonne électro italienne ! » Pourtant, la scène électro italienne évolue, grâce notamment à Congorock, Nic Sarno ou The Bloody Beetroots. D’ailleurs on va bientôt se concentrer sur la production d’albums pour d’autres artistes. On aimerait dénicher de nouveaux talents. 
Phra : Nos racines se ressentent dans notre façon de travailler : on a tendance à voir les choses en grand, à toujours en vouloir plus. On y va crescendo !

Dolce & Gabbana a utilisé votre remix de U2 pour un de ses défilés. Est- ce que vous aimez la mode?
Phra : Ça dépend. On a un côté assez old school donc quand la mode devient trop extravagante, ça ne nous parle pas vraiment, mais on affectionne tout particulièrement Marc Jacobs et la marque Mishka.

Un dernier mot ?
Phra et Bot : Ne touchez pas à la drogue, c’est très dangereux ! Ne buvez pas trop ! Ne passez pas trop de temps devant la télévision, c’est mauvais pour les yeux et brossez-vous les dents trois fois pas jour !

Crookers, Tons of Friends (Wagram/3ème Bureau) www.crookers.net