Les plus grandes métropoles du monde saisies par des photographes connus et moins connus : voici le projet ambitieux développé par les éditions be-pôles, depuis 2007, avec Portraits de Villes. qu’ils soient autochtones ou visiteurs du soir, tous posent un regard singulier, loin des idées reçues et autres clichés sur ces cités rêvées.

Tokyo, Paris, Los Angeles, Athènes, New York, Reykjavik, Pékin, Mos- cou… Non, ce n’est pas le début d’une chanson des Brazilian Girls, mais le nom des villes passées sous l’objectif des photographes gravitant autour du projet Portraits de Villes. Lancé par le studio de création graphique be-pôles, Portraits de Villes est une collection de livres photographiques, véritables carnets de voyage, qui constituent autant de manières de concevoir la ville, autant de regards portés sur une métropole, qu’ils soient intimistes, décalés, conceptuels ou encore acérés. Pour Antoine Ricardou, directeur de création du studio : « Portraits de Villes est une émotion avant d’être un livre. C’est vivre une ville à travers les yeux d’un artiste. On pourrait les définir comme des anti-guides de la ville ». Le graphisme de chaque livre est minimaliste, épuré au maximum, sans grandes descriptions de la ville. Les espaces et les blancs sont exploités tels quels, utilisés sciemment et au service des photographies. « L’idée était de mettre en valeur la puissance du graphisme au service de la photo. C’est de l’anti-design. C’est un outil de partage, dans lequel vous pouvez dessiner, compléter, coller ». Chacun doit pouvoir y annoter ce qu’il souhaite, comme il le ferait dans les marges d’un roman. Une ville, un artiste, une carte blanche. « L’idée de la ville nous vient toujours en même temps que celle du photographe », précise-t-il. Il s’agit d’une rencontre entre la ville et celui qui pose son regard sur elle. Comme Manhattan, Barcelone ou Paris chez Woody Allen, ces métropoles deviennent des personnages à part entière avec leur lot de merveilles et de curiosités, de forces et de faiblesses, de paradoxes aussi.

Fred Lebain s’est lancé sur les traces du photographe japonais Sugimoto, qui avait initié, en 1978, une série sur les vieux cinémas et drive-in américains, focalisée sur des projecteurs qui laissent apparaître sur ses images d’intenses halos de lumière blanche. Le Français s’en inspire pour livrer la vision d’un Japon en noir et blanc, colonisée par les distributeurs automatiques dégageant une luminosité aveuglante. Sous l’œil de Martin Bruno, Reyjavik apparaît familière, ses habitants se dévoi- lent dans des postures intimistes, alors que Vincent Mercier souligne le caractère dissolu de Los Angeles, entre panneaux clinquants et voitures rétro. Certains photographes ayant participé au projet n’ont pas été de simples visiteurs d’un jour, d’une semaine ou d’un mois, mais ont posé durablement leurs bagages dans la ville qu’ils dépeignent. Artus de Lavilléon est de ceux-là et décrit un Pékin en demi-teinte à l’heure des J.O. de 2008. Autant de photographes, autant d’histoires sur une ville. Déjà Athènes, Rome, Naples, Paris ou encore New York, bientôt Marseille, Buenos Aires, Honolulu ou encore Montréal et la Riviera méditerranéenne.

Le projet Portraits de Villes ne s’arrête pas là, et se décline en autant d’ambiances dans les 168 chambres de l’Hôtel Nomad, à New York. Plus qu’une invitation à l’évasion, Portraits de Villes révèle la poésie qui se dissimule (trop bien !) dans ces mégalopoles hyperactives…

www.be-poles.com

Par Charlène Salomé