L’une est une blonde explosive, l’autre une brune incandescente. L’une est native de New York, l’autre de Los Angeles. L’une fait dans la pop suave, l’autre dans le rock suant. Pourtant les deux beautés ont en commun d’avoir épousé la double carrière d’actrice-chanteuse. Crêpage de chignon au sommet de l’alliance musique et cinéma.

Le temps a beau couler aussi vite que les gouttes de sueur sur les fronts des garçons qui croisent son regard, la beauté pulpeuse de Scarlett Johansson n’a pas bougé d’une oreille depuis que l’on a découvert ses formes voluptueuses dans Lost In Translation (Sofia Coppola, 2003). Femme fatale dans Match Point, brune au naturel pour le magazine Elle ou égérie italienne pour Dolce & Gabbana, peu importe son look, avec l’Américaine, c’est toujours Fukushima dans les slips. L’actrice peut se targuer d’avoir l’une des filmographies les plus affables de la jeunesse hollywoodienne, avec comme point d’orgue sa collaboration avec Woody Allen. Sa jeune carrière de chanteuse n’est pas en reste. Pour son premier essai, la plantureuse s’est risquée au délicat exercice de l’album de reprises, en s’attaquant au répertoire de Tom Waits (Anywhere I Lay My Head, 2008), le tout sous la houlette de David Sitek (TV On The Radio). Malgré un deuxième LP moins inspiré où la belle s’est acoquinée avec Pete Yorn (Break Up, 2009), difficile de repérer l’once d’une faute de goût dans le parcours de Scarlett, qui rejoignit même The Jesus And Mary Chain sur scène, le temps d’un Just Like Honey.

Découverte en lolita apeurée face à un Robert De Niro plus flippant que jamais (Les Nerfs à vif, 1991), Juliette Lewis est l’une de ces icônes dépouillées des années 1990, avec tout ce que cela implique de charme grunge un brin mal vieilli. Sa célébrité décolle complètement avec le film culte et infâme Tueurs Nés où la brunette dézingue tout ce qui bouge avec son compagnon de route Woody Harrelson. C’est alors que l’apprentie chanteuse commença à gazouiller sur la B.O. du film, entre L7, PJ Harvey et Nine Inch Nails. En 2003, elle fonde Juliette And The Licks. Le groupe de rock sort un EP et deux albums, dont Foor On The Floor (2006), sur lequel l’ex-Nirvana Dave Grohl assure la partie batterie. Tout un programme, donc, pour la Californienne énervée qui, malgré toute la sincérité du monde, ne parvient pas à convaincre. Pas dépitée pour autant, Juju en remet une couche avec sa nouvelle et dernière formation en date, Juliette And The New Romantiques, tout en se montrant plus assagie. Une carrière musicale aussi féminine et novatrice qu’un vieux semi-remorque, quoi.

Par Sébastien Jenvrin