Dans la langueur des premières chaudes journées de l’été, on s’étend et l’on se délasse au soleil, les pieds en palmes. L’heure est à l’aventure. On prend la voiture, on ouvre les fenêtres et on ne donne pas le choix à l’autoradio, on lui donne du son chaud, sexy, fulgureux. Quoi de plus idéal pour chiller en paix sur des routes de falaises, de montagnes, de déserts humains, que de pousser le vice en écoutant les plus que charmants Pharrel Williams et Justin Timberlake ? Et parce qu’il n’y a justement rien de mieux en ces temps chauds, on a décidé de faire monter le pression, de confronter les deux garçons.

Honneur à l’aîné, Pharrel Williams,  mec aux multiples casquettes (rappeur, auteur, compositeur, interprète, producteur…), il met très tôt les doigts dans les prises et s’attelle très jeune à la musique. Mais c’est surtout sa rencontre avec son compère Chad Hugo qui lance la mécanique et provoque la formation des The Neptunes, duo de producteurs qui en a sous la semelle. Repérés et signés sur le label de Teddy Riley, officiellement formés en 1994, leur classe claque sur des productions pour Kelis, Clipse, Britney Spears, ou Jay-Z. La belle bande ! Autre marqueur phare de son identité musicale, le projet N.E.R.D, toujours avec Chad Hugo et accompagnés de Shay Haley. Avec quatre albums étalés entre 2001 et 2010, ils ont habilement distillé un mélange de rap et de rock qui fait swinguer et claquer des doigts : des bons souvenirs de Lapdance, à l’addictive  Nothing On You. Néanmoins, l’ami Pharrel ne s’oubliera pas lui-même et prendra le temps de sortir l’album solo In My Mind en 2006. Dans ce labyrinthe humain de collaborations, il ne perd pas le fil et choisit la méthode des multiples détours pour finalement atteindre… un but intime/ultime? Dernièrement, il participera au dernier album des Daft Punk sur deux morceaux dont Lose Yourself to Dance, mais aussi à celui de Mayer Hawthorne avec Reach Out Richard. Tueries sur tueries. Ce qui est drôle c’est qu’il n’est finalement jamais très loin des pérégrinations de Justin Timberlake, jouant lui aussi au chat et à la souris. 

Justin Timberlake débutera plus jeune que Pharrel puisque c’est le Mickey Mouse Club qui, à l’âge de13 ans, lui sert de tremplin et lui fait rencontrer sa future petite-amie, la bien nommée Britney Spears. Il enchaîne ensuite avec les NSYNC, ce groupe de boys-band lui donnant d’emblée l’allure du mec séduisant qu’il saura retravailler, fuyant, dieu merci, la ringardise. Fissa dès la fin de l’épopée boys-band, il rempile en sortant son propre album, Justified, produit par Pharrel Williams avec les entêtantes Señorita, Rock Your Body, ou Cry Me A River. À partir de là, il rentre dans la logique du succès, vogue dessus d’album en album, et devient à son tour le roi de la collab’ et des projets divers. Pharrel se la jouera acteur ; mais jamais aussi bien que Justin qui excellera dans The Social Network de David Fincher, et promet dans le prochain Coen ; Pharrel cofondera des marques, Justin créera la sienne. Et le cumul de récompenses deviendra légion pour les deux lurons_ des Grammy Awards aux American Music Awards. Outrancier ? Pas le moins du monde. Si les deux se targuent de jolis featuring (Pharrel Williams et Jay Z sur le dernier album de Justin Timberlake ; Pharrel Williams sur ATM Jam d’Azealia Banks ), ils ne semblent pas pour autant perdre la tête. En effet, ils ont de l’humour, à vendre, et à revendre. Rappelez-vous le fameux Dick in A box de Justin Timberlake, ou le swing rieur de Pharrel  Williams dans le dernier clip de Robin Thicke pour Blurred Lines. Avec une tendance à la voix de fausset, Justin tend vers une pop r’n’b tandis que Pharrel est plus rap bien que ses collaborations lui donne une complexité musicale des plus déroutantes. Toujours est-il que leur sex-appeal est bien là, brûlant comme le dancefloor qu’ils cherchent à faire fondre de leurs pas de danse prédateurs (Justin Timberlake dans le clip de Suit & Tie).

Un JustinTimberlake faussement ostentatoire et clinquant ; un Pharrel Williams à la discrétion qui n’a d’égal que son talent. Qu’importe le pot-de-vin, aucune envie de choisir !