Au sujet de Lescop et de Yan Wagner, on nous avait promis beaucoup de choses fin 2011 : qu’ils étaient tous deux héritiers des « Jeunes gens modernes », et qu’ils allaient cartonner en 2012. À présent que leurs albums respectifs sont sortis et que nous avons miraculeusement échappé à l’apocalypse maya, le temps est venu de faire un petit bilan…

Qui s’en souvient encore ? Dans une autre vie (1995-2011), Mathieu Peudupin a été le chanteur du groupe garage-punk, Asyl, qui aura tout de même sorti quatre albums avant de dépérir peu à peu. Mais laissons le passé être le passé : en 2012, les médias n’auront eu d’yeux que pour Lescop, sa nouvelle incarnation cold-wave. Propulsé par « La Forêt » – que vous avez probablement déjà entendue si vous disposez d’un poste radio, d’un téléviseur, ou de tout autre moyen de communication moderne – Lescop conserve son goût pour les textes chiadés à visée poétique (à la Daniel Darc, envers qui il ne cache pas son admiration), tout en remettant en branle la mécanique glacée des années 80. Un mélange et un timing parfaits, à l’heure où la France hype redécouvre une prestigieuse étape de son passé musical : les comparaisons avec Daho ou Taxi Girl fusent, les couvertures de magazines et les plateaux télé s’ouvrent à lui. Et pendant ce temps-là, son premier album homonyme se voit dérouler le tapis rouge par une presse unanime. Bien joué, mec !

Si du côté de Lescop, la comparaison avec les « Jeunes gens modernes » nous semble amplement justifiée, en ce qui concerne Yan Wagner, il convient de mettre le holà : il y a quiproquo. Si le garçon a le bon goût d’être né sous le signe de l’Hexagone, et présente une affinité évidente avec les synthétiseurs analogiques, la ressemblance ne va guère plus loin. Chez Wagner, le chant se fait dans un anglais distingué de crooner, tandis que la musique emprunte plutôt à la techno des débuts, à la disco (coucou New Order), ou même à la pop élégiaque des néo-romantiques (The Human League). Bref, le bon-homme a plutôt le profil d’un érudit des musiques électroniques, ce que confirme son parcours : fan des Chemical Brothers dès le collège, abonné aux soirées techno/jungle à 20 ans, il commence sa carrière à New York, parallèlement à une thèse d’Histoire entreprise à la Columbia University. Et pourtant, malgré tout ce bon goût, on ne peut pas dire que l’on nous bassine autant avec Yan Wagner qu’avec Lescop. Son album Forty Eight Hours prouve pourtant qu’il le mérite. Bonne chance pour la suite, mec !

 

Par Thibault Goehringer