Projets solo en dérivé, Jessica 93 et Black Bug sont tous les deux ascendants du label Teenage Menaupose et de sa clique. Avec leur univers post-apocalyptique, mélangeant soleil noir et visions fantomatiques comme synthés new wave et riffs post punk, les deux hommes derrières ces machines ont pourtant de quoi s’opposer sur le ring. En coup de pieds et poings liés d’ “Away”, l’entêtant single de Jessica93 au “You Scream” de Black Bug…

Peut-être plus long à éclore, le projet Jessica 93 est un de ceux qui vous glace le sang. Pas d’effroi, mais plutôt de sensations. A la fois désarmant et enivrant, on s’imagine facilement sur le point de faire un plongeon abrupte, avec le titre « awake » en fond sonore. Mais on est réaliste, c’est surtout dans la tête de son papa qu’est né le projet Jessica 93. Le protagoniste vient de sa banlieue parisienne et remplace une première partie lors du concert d’ un ami en dernière minute. « Ce qui ne devait être qu’un one-shot s’est ensuite petit à petit mis sur pied », assure-t-il. Guitariste, batteur et surtout…Musicien. Celui qui joue souvent dans des groupes rock, son influence première, a toujours fait un peu de tout mais choisi le solo pour l’amour de l’instant. « Quand tu es en groupe tout le monde doit écouter et valider », confirme l’artiste qui joue toujours dans le groupe « Miss Fist » (si, si comme le « fist fucking »), à ses heures perdues…

Scène …

Alors que l’un est plus timide à se mettre en scène et aime ajouter à la simplicité d’un live ses machines car « la musique doit parler d’abord », l’autre du doux nom de Black Bug est Suédois et s’attaque plus facilement à une esthétique torturée pour envelopper sa musique. En live Black Bug traduit ses aversions sur écran et délivre l’essence même de ses titres. Des rythmiques percutantes et une angoisse qui monte comme on propulse son aversion pour le monde contre un mur. Un son Lo-Fi, une voix soit dévastée par la distorsion soit robotique, sont les ingrédients d’un Black Bug. Le tout percute de plein fouet comme une descente de trip ou un suicide de Ian Curtis. Coldwave à 80 % et punk pour le reste, Black Bug hypnotise sur les synthés façon 4 ème dimension, les riffs énervés, en plus.

…O ‘Graphie

Mais Jessica93 n’est pas en reste. En live, le maître à penser de ce projet teste, synthétise et réalise de nouveaux titres à chaque fois. Le live s’inscrit dans le processus de création comme un tremplin ou un siège éjectable pour des titres d’abord ficelés par le rythme puis les loops de guitare et basse. Moins vaporeux que dans un groupe, la mélodie dûe aux machines résume une influence 80’s de l’enfance, un rock’ 90’s et des truc plus « harsh » moderne. Pas étonnant donc que le projet se syncrétise autour d’une unique image : « un charmeur de serpent », raconte le père de Jessica 93 qui veut de sa musique, cette même ambition hypnotique. A l’opposé, Black Bug ne voit rien. Juste des superpositions fragiles, transgressives venues de terres arides et vides. Desespoir.

Au final, le but à atteindre reste le même mais les moyens divergent. Si la culture de Black Bug est plus frontale celle de Jessica93 joue sur une atmosphère shoegaze, cotonneuse et onirique. Un conseil donc pour un diner apocalyptique, prévoyez en entrée une touche de A-Side de Jessica93 puis un entre-met façon « Delta » de Black Bug afin de conclure sur un plat principale à base de « Poison » de Jessica93 qui vous amènera à digérer un superbe « Reflecting the Light » des Black Bug, titre éponyme d’un LP ma foi fort disponible dès à présent, tout comme un prochain split vinyle de Jessica93 à pourvoir dès avril prochain.

Mais à choisir ; nous on préfère se faire hypnotiser par un charmeur de serpent venu d’un no man’s land tout à côté de mars. Bah oui ça marche aussi !