Avec la sortie de “Specter at the feast » en 2013, chez Vagrant et quelques dates françaises bien sentie courant février, on n’allait pas passer à côté de l’occasion de parler du combo Black Rebel Motorcycle Club et de leurs homologues américains, Black Keys dont on attend la venue pour les Eurockéennes de Belfort.

L’un comme l’autre ont de la bouteille pourrait-on dire, avec 15 ans d’existence pour Black Rebel Motorcycle Club, le groupe de Peter Hayes (fiston du chanteur de The Call),  est un des plus prolifiques en terme de heavy rock & grungy, à l’ambiance ténébreuse et séduisante. Pour ce match, commençons par  comptabiliser leur productivité. Au total on comptabilise donc 8 albums pour le Black Rebel Motorcycle Club. Tandis que les Black Keys, jeunes et testostéronés, façon redneck, se sont imposés en….8 albums également ! 1 point partout, mais donnons – en un de plus pour les Black Keys qui ont un timing plus resserré que le « gang » de Los Angeles. En effet, Black Rebel Motorcycle Club se rencontre dès 1995 mais sort son premier album sous ce nom seulement en 2001 (un an avant les Black Keys), et s’est donc longtemps cherché, en somme.

Pourtant, aujourd’hui c’est eux dont on parle le plus. Tandis qu’on reste déçu de ne pas avoir un peu de Black Keys à se mettre sous la dent. Le groupe restant sans voix depuis 2011 et l’album « El Camino » aux embruns de poussière du désert américain. Le BRMC lui, nous a resservi un peu de nourriture pop rock moins crado qu’à leurs début et plus shoegaze avec l’album « Specter at the feast ». Ce dernier déroge à la recette pourtant bien rôdée du club de musiciens en perfecto et blue jeans. Rappelons-en les tables de loi : des lignes rock, une voix abrasive, des effluves shoegaze et un son crado façon Stooges (à voir ou plutôt “sentir” toute la sueur qui se dégage « Teenage Disease »). Mais les racines ne sont pas bien loin et reviennent avec les titres « Hate the state » ou « Rival » dans ce dernier opus, plein de feu et d’amour comme un épisode de Dallas. Le groupe a su se construire une carrière dans la lignée de groupes comme les Strokes qu’ils ont suivis jusqu’à intégrer le même label RCA records aux USA, bien loin cependant des Black Keys.

Même si ils ont teinté leurs mélodies d’un shoegaze lancinant quoique toujours aiguisé de riffs abrasifs, il faut rappeler que leur identité rock prend racine chez Marlon Brando, qui a quasi grandit dans leurs veines. Black Rebel Motorcycle Club venant du nom de son gang dans le film « L’équipée Sauvage ». Tandis que Black keys eux, jouent la carte déjantée en reprenant le «  notes noires », gimmick d’un artiste schizophrène qui appelait les parents du duo en utillisant cette métaphore. Une figure de style qui en dit long ?

Smell Like 90’s spirit

Dans une battle, le moindre détail compte. Et pour cause, leur « street crédibility » a grossit elle aussi via des noms (avec un N majuscule) contrairement à un Black Keys bien plus DIY et indépendant jusqu’au bout du médiator. Et pas n’importe lequel puisque ce n’est pas moins que Noël Gallagher d’Oasis qui leur permit de vraiment décoller. En effet il aurait déclaré que le BRMC était son « nouveau groupe favoris». De quoi lancer une ruée médiatique sur les scènes européennes. De plus, le leader Peter Hayes a quelques temps joué de la guitare dans la formation The Brian Jonestown Massacre. Un groupe de légende qui engendre, donc. Même si Black Keys eux se détachent de cette scène pop rock & têtes d’affiches et qu’ils n’ont pas de « potos » qui leur filent un coup de pouce, ils ont tout de même vendu 1 million d’exemplaires de leur album « Brothers » sorti en 2010….Et ça, ça n’a pas de prix.

Le duo Black Keys sont les petits rejetons de ce monde biberonné aux nineties et influencés de The Jesus and Mary Chains My Bloody Valentine, les Doors ou Graveyard. Avec leurs basses lourdes et leurs vapeurs de testostérone sur buvard, Black Keys a posé une bombe dans un milieu rock suranné et fait réaparaître le satanique Bacchus dieu vénérable et vénéré d’une troisième dimension psychédélique. Entre Los Angeles et l’Ohio, le point commun reste la chaleur de leur rythmiques communes. Importantes voire prédominantes, les sensations obtenues forgent les mélodies dans un environnement propre aux deux groupes.

Ohio / Los Angeles

De Akron en Ohio à Los Angeles, à part le désert, ce qui sépare nos deux concurrents sont les grooves infiniment délirants des Black Keys tintés d’une rétromania psychédélique. Une teinte beaucoup plus usité dans le combo de Dan Auerbach. Ce qui en plus ne les dessert absolument pas c’est cette passion a toujours vouloir bosser par eux-même dans leur studio, un son brossé par le live même sur galette. Leur côté fuzz et distordu dans la voix rassure sur le potentiel rock’n’roll pur et dur. Ce qui est d’autant plus attirant, c’est cette façon de simplement inclure dans son sillon toute une flopée de petits génies à la guitare acérée tel un couteau de boucher. N’oublions par que Dan Auerbach est à l’origine de la production du dernier Hanni El Khatib et que le groupe a aussi enregistré le titre sale et hip hop : « The baddest man alive »  en featuring avec RZA. Avec un passif tout aussi bien éloigné des paillettes d’un rock à chemises cintrées et boots pointues à l’hollywoodienne, le groupe respire une vibe hors du commun. De plus ils rendent hommage au blues rock américain de façon farouche. The Black Keys sont influencé par le défunt guitariste Junior Kimbrough dont ils ont réarrangé les morceaux : Do the Rump sur The Big Come Up ou encore Everywhere I Go sur Thickfreakness et le mini album, Chulahoa.

Sur ce, que dire à part que chaque ambiance relance la cadence et que autant l’un comme l’autre, ils nous procurent des sensations qui durent, durent…