Avec un titre et un vidéo clip sortis aujourd’hui, sous le signe d’une fin du monde assortie au whisky et au détergeant injecté façon héroïne, il n’était pas question de passer la journée sans écouter  une bonne dizaine de fois le titre “Boys in the wood” des Black Lips et sans en parler. Comment passer à côté  de ce phénomène dont on attend les morceaux courts, simples et naïfs depuis Arabia Mountain qui emprunte la saleté rock des premiers Kinks. Mais c’est là que le bas blesse, alors qu’on attend avec impatience un album sur Vice Records à paraître le 18 mars prochain, certains bons à rien ont devancé musicalement cette intention passer l’énergie punk en version 78 tours avec une touche 60’s, garage et psyché en plus. Ils sont plutôt dérangés aussi, nihilistes et pourraient voir se définir leur univers entre les Seigneurs de Dogtown et le “Bad Taste” de Peter Jackson. Nous, on s’est demandé si, en vrai, ces bad boys,seraient près à laver leur linge sale ensemble.

Peut-être plus lancinant et moins dirty, les Growlers sont eux aussi dans le rock qui sent mauvais.Nos deux concurrents ont une belle carrière derrière eux et des clips décadents à souhait. Côté Black Lips on se souvient par exemple de “Modern Art” montrant le groupe prenant de l’acide avec des calamars géants nageant autour d’eux…Tandis que les Growlers se baladent en chariot de supermarché jusque dans les bois. Sur le point imagination on peut leur donner à chacun : 5/5. Comme un jury de patinage artistique on s’est aussi penché sur la production pour les départager. Côté  Black Lips est resté à un niveau punk aux mélodies aux trois accords, efficaces et sans fioritures, les Growlers sont connus pour leur son heavy, lègerement 60’s et psychédélique aux effets de voix travaillés et au grain façon Bob Dylan déchiré H24.  Si les Growlers niveau productivité ne dépassent pas les Black Lips, doyen du genre avec depuis 1999, 7 albums, The Growlers est plus rapide que leur musique et  nous a consacré une année 2013 riche et généreuse. Leur troisième album “Hung at Heart” n’était paru qu’en janvier 2013 quand en décembre ils nous reproposaient un Ep délicatement ficelé et intitulé “Not. Psych!”. Alors que de l’autre côté du ring, Black Lips eux ne nous lâchent que quelques bribes, comme on donne une friandise à son chien avec de la compassion au rendez-vous. Sur le nombre donc, Black Lips gagne au vu de la montagne de 7″ et d’Ep parus dont les géniaux “Bad Kids”, “Modern Art”, “Drugs”…mais côté qualité, on ne se lasse jamais de la touche qualitative que fournit ces chevelus en skate avec leurs mélodies rétro, et leur tendance pop nonchalante. Bref ! De l’effort et de la diversité musicales sur des titres plus catchy comme sur leurs ballades souvent heavy nostalgique, tendres et défaillantes à la fois comme dans “Hiding under covers”. Et pour  vous dire que ces deux groupes sont vraiment au coude à coude c’est qu’aprés le “Flower punk” de Black Lips, Growlers eux crééent le “Beach Goth”, deux mouvements musicaux auxquels ont ne comprend pas grand chose si ce n’est que cela justifie leur inventivité dont on reste friand. Même si leur nom a ce côté de sexyness en moins, les Growlers poussent du pied leurs aînés avec leur côté psychédélique et leurs histoires narrées à la guitare  qui nous font l’effet d’un carton rose bonbon, en mélangeant country, pop, rock, surf qu’on en a presque envie de réécouter un titre de Jacques Dutronc, pour le coup. Un artiste cité par les Black Lips comme une de leur principales influences. Du coup on se demande même alors si les deux groupes ne seraient pas copains comme cochons,vu leurs intérêts en communs, ils devraient, car si ils ont un publique peut-être un poil différents (ls uns ont la moustache les autres ont le blouson en jean?), leurs amis influent se rejoignent. Ainsi  Patrick Carney de The Black Keys a enregistré avec les Black Lips sur le prochain album, et  succède à …Mark Ronson (en 2011) tandis que Growlers eux ont souvent fait leur première partie, façon “succession”.

Si les Growlers n’ont pas de si prestigieux friends et qu’ils sortent sur des labels indé tel que Burger Records et le dernier Fat Cat Records, ils ont au moins vu et de près les Black Keys, en faisant leur première partie, entre autres. Sur scène ces derniers déversent leur monde de skate californien, ensoleillé et déjanté, où la coolitude consiste toujours en un jean troué du rock garage plein les oreilles et du skate, skate, skate! Comme le chante si mal Rebecca Black : “fun, fun, fun ,fun” un vendredi soir, quoi.  Des potes un peu loser, un peu dérangés et surtout complètement barrés, c’est un peu comme cela que l’on peut les décrire. Mais il faudrait pourtant rajouter que niveau coolitude, ces potes-là en font profiter aux autres. Chaque année le groupe organise a Santa  Ana (Los Angeles, The Observatory) un festival intitulé “Beach Goth Party”, avec des groupes neo-psychedellic comme Methadone Kitty, Pangea ou Cosmonauts entre autres et concours de costumes pour le moins surprenant du lot. Là où les Black Lips sont outrageants, pissent, se droguent et balancent du sexe à tout va (en radin, on partage pas?), comme s’ils n’avaient que ça a faire. L’étiquette Vice n’est pas créditée pour rien sur ces vauriens. Mais cela n’en deviendrait-il pas un peu lassant…en y pensant? Et la mon deuxième “moi” me réplique : “oui MAIS comme la longueur critiquée du dernier et dense album des Growlers?”, certes. Retour à la case départ.

The Good ,The Bad and…The music ! C’est un peu toute l’histoire de ce battle car au fond, un véritable match nul façon Mohammed Ali et Joe Frazier. La légende ne se refait pas. Autant pour leur cynisme, leur provoc’ corrosive et leurs titres plus punk sous acide qu’autre chose, les Black Lips gagnent la street crédibility punk avec le clip de “Bad kids” par exemple, qui mèle smiley 2.0 et images de révoltes et de manifestations embrumées par les bombes au poivre. Un titre qui nous relie dans cette prédominance d’un seul et unique sentiment commun : celui qui nous rappelle à quel point l’adolescence, c’est la meilleure partie de la vie. La faire perdurer serait comme un film de Larry Clark sans fin dont la B.O commencerait avec une ballade rock’n’surf au vibrato relaxant du titre “Pet shop Eyes” de The Growlers et terminerait avec  “Drugs”de Black Lips, entre eux deux? L’apocalypse, une histoire d’addiction, non?