Depuis son arrivée dans la galaxie pop-folk, Antony Hegarty, leader du groupe Antony and the Johnsons, a su bouleverser son auditoire à grand renfort de phrases choc scandées avec sa voix de falsetto si particulière.

 

D’aucuns se souviennent de son magistral « I Fell in Love with a Dead Boy » qui fit date. Dans ses chansons, toujours à fleur de peau, il nous parle habituellement de ce qu’il souhaite et de ce dont il a besoin : que l’on s’occupe de lui après sa mort et que nos rêves deviennent réalité. Son dernier maxi en date, Thank You for Your Love, recèle des envies moins métaphysiques… Tout y semble plus simple et plus dépouillé, plus direct. Plus joyeux aussi, peut-être.

Car Antony est l’un de ces artistes avec lesquels on entretient une relation privilégiée et d’une rare intensité. Bien sûr les fans – et ils sont nombreux : Antony est l’un des rares artistes dont le maxi a été classé dans le top 100 des singles : « Another World » en octobre 2008 – attendent un disque ou une apparition du chanteur : sa participation au projet Hercules and Love Affair avait fait grand bruit, de même que sa collaboration aux morceaux « Dull Flame of Desire » et « Juvenile » sur l’album Volta de Björk. On retrouvera d’ailleurs cette dernière sur le titre « Flétta », du quatrième album d’Antony and the Johnsons, intitulé Swanlights, qui paraîtra courant octobre.

Sur le EP Thank You for Your Love, on retrouve Antony dans un exercice qu’il affectionne particulièrement, celui de la reprise. On l’avait déjà apprécié sur la BO de I’m Not There avec celle de « Knocking on Heaven’s Door » de Bob Dylan ou encore avec l’audacieux « Crazy in Love » de Beyoncé. Cette fois, il s’attaque à forte partie avec « Imagine » de John Lennon, déjà effectuée mainte fois par de nombreux artistes. Une fois de plus, Antony s’en tire haut la main, avec la simplicité d’une guitare acoustique et sa voix sans pareille. C’est la même maestria qui est à l’œuvre dans « Pressing On » de Bob Dylan.

Sur Swanlights, on ressent plus que jamais la proximité d’Antony : il n’a plus besoin d’un « Another World », il est tout simplement là, avec nous, généreux et joyeux, davantage qu’il ne semble l’avoir été auparavant. Même les arrangements nous apparaissent plus dépouillés, comme pour nous permettre de l’approcher d’encore plus près.

Antony and the Johnsons, Thank You for Your Love EP / Swanlights (Rough Trade/Beggars/Naïve)
www.antonyandthejohnsons.com 

 

Par Joss Danjean