Si vous avez lu notre dernier numéro, vous connaissez toute l’admiration que l’on porte au duo Honne (toujours disponible en kiosque ou sur le e-shop). Sinon, pas de panique, on reprend tout depuis le début. Honne, c’est Andy Clutterbuck (chant et production) et James Hatcher (production), deux british copains comme cochons basés à Londres et qui, après 3 EPs sortis entre 2014 et 2015 livrent en juillet 2016 Warm on a Cold Night, un premier opus electro-pop aux accents RnB et soul, ce qui n’est pas sans rappeler les canadiens Majid Jordan. Ensemble, ils écoutent Bon Iver, Drake, Rhye, ou Kaytranada et parlent de leur musique comme de celle que l’on souhaiterait écouter en traversant la ville en voiture, par une nuit d’été, les fenêtres baissées. En ces froides nuits hivernales – enfin presque – on préférera les laisser nous bercer, lovés sous une couette chaude (et en charmante compagnie de préférence). De passage au Badaboum le samedi 5 novembre dernier, il fallait le temps d’une soirée troquer le confort du cocon pour celui non moins chaleureux de la salle parisienne qui affichait complet. On y était.

Avant d’attaquer les choses sérieuses, c’est l’américano-autrichien James Hersey qui ouvre les hostilités avec sa pop-folk sympathique mais sans grands éclairs. «Un peu hipster mais pas ringard» entendra-t-on dans le public, on ne peut qu’acquiescer. Il n’hésite cependant pas à inviter le public à reprendre son mega tube Coming Over – dont la version originale réalisée avec Dillon Francis et Kygo culmine à plus de cinq millions de vues sur Youtube – pour finalement se prendre un gentil flop, seule une poignée de fans semblaient être en mesure de répondre à l’appel. Loin de se dégonfler, il décide d’interpréter le titre avant de rééditer l’expérience avec cette fois un large succès. On retiendra également son interprétation habitée de Miss You, comme un clin d’œil appuyé vers les headliners du soir qui avaient remixé le morceau quelques semaines plus tôt.

C’est finalement vers 22h que les stars du soir font leur apparition sur scène devant un parterre majoritairement composé d’étudiants internationaux à forte tendance asiatique. S’ils n’ont qu’un album à leur actif, les anglais semblent déjà avoir conquis le monde entier. Le duo (devenu quintet en live) ouvre avec Treat You Right et répond d’emblée aux interrogations qui hantaient notre esprit, allaient-ils livrer une version intimiste de leur album ou au contraire se tourner vers une interprétation plus grandiloquente ? Finalement un peu des deux et c’est bien dommage, si chacun y trouve son compte, on les aurait préférés moins consensuels. Visiblement à l’aise et en parfaite harmonie avec un public dévoué à leur cause, le groupe déroule sans accrocs leur répertoire de love songs langoureuses, de Coastal Love, Til The Evening à Good Together, sans oublier bien sûr Someone That Loves You qui laisse la part-belle à la délicieuse chanteuse présente ce soir là, et qui n’a (presque) rien à envier à Izzy Bizu et à qui l’on doit originellement le titre. On se pousse un peu, on s’enlace beaucoup. Certains couples un peu trop libidineux frôlent même la limite de la décence mais qu’importe, Honne ne sonne jamais aussi bien qu’aux oreilles de ceux qui s’aiment ou veulent s’aimer. Entre deux titres, la salle entière pousse la chansonnette avec amusement à l’annonce de l’anniversaire du batteur qui fête ses 28 ans : « Happy birthday to you … machiiiiiin », on aura pas mieux. Le duo quitte finalement la scène une première fois sur un goût d’inachevé, pas de doutes, on aura le droit à un rappel. C’est sur les premières notes de Warm On A Cold Night – titre éponyme de l’album (et du premier EP) – qu’ils refont leur apparition, l’ambiance atteint son paroxysme et c’est le Badaboum tout entier qui se surprend à reprendre à l’unisson les paroles du morceau. On quittera finalement James et Andy sur All In The Value, repris à son tour par un public qui ne se décide pas à laisser partir ses héros qu’on sent limite gênés de ne pas avoir plus à offrir. Une partie de nous ne peut s’empêcher de penser que ces mecs sont encore loin d’avoir donner la pleine mesure de leur potentiel. Aucun doute, on les reverra.