Dernier adepte du porno chic, protégé de Carine Roitfeld et chouchou des stars et magazines, Terry Richardson est le premier nom qui vient à la bouche d’une jeunesse qui a grandi sous son objectif sulfureux. Mais dernièrement, celui qu’on prenait pour l’héritier d’Helmut Newton est l’objet d’accusions graves. Apès avoir photographie Barak Obama, Kim Kardashian et Jared Leto, c’est désormais abus de pouvoir et agression sexuelle que Richardson ajoute, malgré lui, à son palmarès. Retour sur une polémique qui n’en finit pas d’agiter l’industrie.

Des faits accablants
C’est sans langue de bois que Charlotte Waters est revenue sur son shooting avec Terry Richardson le 3 mars 2014 dernier. Le modèle, alors étudiante âgée de 19 ans, a racontée sur Reddit de manière anonyme cet épisode traumatisant qu’elle a vécu en 2010. « Pendant la séance photo, il a mis son doigt dans ma bouche, j’ai pensé que c’était bizarre mais j’ai laissé faire. A partir de là, il m’a demandé de me déshabiller (…) Son assistante et lui me complimentaient beaucoup, ce qui était un peu différent des shootings auxquels j’étais habituée (…) Après, il s’est rapproché de moi et m’a demandé de déboutonner son pantalon. Il a sorti son pénis de son pantalon et a commencé à prendre des photos de moi en train de le tenir (…). Ensuite on est allé sur un canapé et il a commencé à me lécher les fesses. Dans ma tête je me disais ‘Mon Dieu, qu’est ce qu’il se passe ?’ Son assistante est arrivée et a commencé à prendre des photos. (…).Puis il m’a ordonné de lui faire une fellation. (…) Il s’est branlé sur mon visage. Il m’a dit de garder les yeux ouverts. Et son sperme a giclé dedans. Puis il est parti et son assistante m’a donné une serviette pour m’essuyer. J’étais paralysée. Elle [son assistante] m’a dit que j’étais une fille très forte, que j’étais vraiment cool de faire ce genre de choses. Avec le recul, je crois qu’elle voulait me faire croire que ce qui venait de se passer était tout à fait normal. Je n’ai pas été payée, ce qui m’a encore plus dégoutée. Je me sentais stupide, mais comme c’était un photographe connu, je me suis dit que ça allait être bon pour ma carrière d’avoir posé pour lui.A-t-elle confié sur le forum américain.

Devant le nombre de réponses et de messages de soutient, la jeune femme a finalement révélé son identité. Face à ses déclarations, de nombreux modèles ont ensuite émergé pour raconter leur rencontre, souvent sordide avec le photographe à la bonhomie pourtant contagieuse. Un témoignage qui fait écho à celui du Top Model Coco Rocha qui en 2010 déclarait ne plus vouloir travailler avec le photographe. Des propos qu’elle a de nouveau affirmé en 2013 et aujourd’hui encore, suite à la reprise de la polémique.

Charlotte Waters n’est pourtant pas le premier modèle à parler des méthodes de travail particulières de celui qui aime se faire appeler l’Oncle Terry. Après Face Fawn, c’est un modèle souhaitant  garder son anonymat qui a révélé via le site Vocativ une conversation Skype qu’elle a eu avec Richardson en 2011. Un dialogue qui ne laisse aucun doute quant à la manière dont Terry Richardson choisit les modèles qu’il photographie. « not a secret what most models do to get it » lui glisse-t-il. Devant le refus du modèle de coucher avec lui, le photographe ne peut s’empêcher de dire qu’il connaît bien l’industrie et qu’elle ne réussira jamais.

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L’appel au boycott
Alors qu’en 2010, les voix de Coco Rocha, de Rie Rasmussen, de Jamie Peck et de Sarah Hilker avaient du mal à se faire entendre, il semble que le témoignage de Charlotte Waters ait véritablement bouleversé l’industrie. Depuis, les accusations de personnes en vues ne cessent de s’abattre sur Terry Richardson, Lena Dunham et Miranda Kerr incluses. Devant la recrudescence de témoignages, depuis 2013 une pétition dénonçant le comportement pervers du photographe circule sur le site change.org et appelle pour la première fois les marques et magazines de mode à boycotter Richardson. Jusqu’à présent la pétition intitulée Vogue, H&M, Mango, Supreme, et toutes les autres marques : Cessez de faire appel au délinquant sexuel présumé Terry Richardson comme photographe bénéficie de plus de 30 000 signatures, dont celles de nombreux modèles avec lesquels il a travaillé au cours de sa carrière.

Il faut dire que ces accusations arrivent à un moment où les modèles semblent regagner du pouvoir. L’industrie s’échine désormais à présenter au public des mannequins de caractères dont le mannequinat n’est souvent qu’une activité parmi d’autres : études, musique et même humour sont désormais de nouvelles cordes aux arcs de ces tops que rien ne semble pouvoir arrêter. Il est donc plus difficile aujourd’hui de contraindre ces nouveaux visages au silence, sous peine de perdre un job.

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La réponse de Terry Richardson
Richardson s’est plutôt fait discret depuis le début de cette polémique, les accusations d’agressions sexuelles sont une rengaine qu’il arrive généralement à esquiver depuis ces quinze dernières années. Mais la rumeur continuant à enfler, il s’est finalement décidé à écrire une lettre ouverte publiée sur le Huffington Post Us. Malgré le nombre affligeant de preuves qui s’accumulent, c’est avec Correcting Rumors pour titre que Terry Richardson a décidé de donner sa version des faits. Pourtant dans cette courte réponse, s’il stipule que toutes les accusations qui ont été faites contre lui sont des mensonges, le reste du texte ne fait que brosser son pedigree avant de conclure : « Les gens auront toujours une forte opinion concernant des images dérangeantes, et sur le rapport au sexe qui est à la fois la chose la plus naturelle et la plus universelle concernant les comportements humain mais aussi la plus sensible et la plus divisé. Tout au long de ma carrière, j’en suis venu à accepter que mes œuvres les plus provocantes deviennent des objets de controverses, et en tant qu’artiste, je valorise le discours qui en émane. Je peux seulement espérer que ce discours soit alimenter par des faits, de cette façon que vous aimiez mon travail ou le détestiez, vous lui donnerez, ainsi qu’à moi-même, le bénéfice du doute ».